La Chine rallie la Colombie à ses "Routes de la soie" et progresse en Amérique latine

La Colombie s'est engagée mercredi à rejoindre le grand projet chinois d'infrastructures des "Nouvelles routes de la soie", un signe de l'ancrage croissant du géant asiatique en Amérique latine...

Le président chinois Xi Jinping lors de la cérémonie d'ouverture de la 4e réunion ministérielle du Forum Chine-Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) à Pékin, le 13 mai 2025 © Pedro PARDO
Le président chinois Xi Jinping lors de la cérémonie d'ouverture de la 4e réunion ministérielle du Forum Chine-Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) à Pékin, le 13 mai 2025 © Pedro PARDO

La Colombie s'est engagée mercredi à rejoindre le grand projet chinois d'infrastructures des "Nouvelles routes de la soie", un signe de l'ancrage croissant du géant asiatique en Amérique latine, où il espère contrebalancer l'influence américaine.

La région est devenue ces dernières années un champ de bataille diplomatique entre Pékin et Washington et les nations latino-américaines subissent régulièrement les pressions de la Maison Blanche pour choisir leur camp.

Symbole de l'influence croissante de la Chine en Amérique latine: elle a dépassé les États-Unis en tant que premier partenaire commercial du Brésil, du Pérou, du Chili et les deux tiers des pays y ont adhéré aux "Nouvelles routes de la soie".

La Colombie, en marge d'un grand rendez-vous diplomatique réunissant à Pékin plusieurs dirigeants latino-américains et des Caraïbes, est devenue mercredi le dernier pays en date à rejoindre cette vaste initiative - portée depuis une décennie par le président chinois Xi Jinping.

Le ministère colombien des Affaires étrangères a salué une "étape historique qui ouvre de nouvelles opportunités pour l'investissement, la coopération technologique et le développement durable pour les deux pays".

Durant une rencontre mercredi dans la capitale chinoise avec son homologue Gustavo Petro, Xi Jinping a appelé Pékin et Bogota à saisir cette "opportunité" pour "faire passer la collaboration bilatérale à un niveau encore supérieur", selon l'agence officielle Chine nouvelle.

Axe central de la stratégie de Pékin depuis 2013 pour accroître son influence à l'étranger, l'initiative des "Nouvelles routes de la soie" (de son nom officiel "La Ceinture et la Route) vise notamment à construire des infrastructures maritimes, routières et ferroviaires - en particulier dans les pays en développement.

Plus d'une centaine de pays y ont adhéré.

Égales et libres

"L'histoire de nos relations extérieures est en train de changer", s'est félicité mercredi Gustavo Petro sur son compte X (ex-Twitter).

"Désormais, la Colombie entretient des relations égales et libres avec le monde entier", a-t-il souligné.

Les "Nouvelles routes de la soie" permettent de financer la construction d'infrastructures et d'autres chantiers afin notamment d'améliorer la connectivité et de stimuler les échanges commerciaux. Des projets qui donnent à la Chine, de fait, davantage d'influence dans les pays bénéficiaires.

Xi Jinping avait inauguré l'an passé au Pérou, à Chancay, le premier port d'Amérique latine financé par la Chine.

Lors de la grande réunion cette semaine entre la Chine et des dizaines de pays membres de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), il a promis mardi que Pékin débloquerait un crédit de 66 milliards de yuans (8,3 milliards d'euros) en faveur du "développement" de la région.

La Chine collaborera aussi davantage avec l'Amérique latine dans les infrastructures, l'énergie propre, ou encore la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational, tout en renforçant les échanges humains via des bourses d'études et des programmes de formation, a souligné Xi Jinping.

Canal de Panama

Le dirigeant chinois entend également fédérer contre la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump.

Lors d'un entretien mercredi avec le président chilien Gabriel Boric, Xi Jinping a ainsi déclaré que "la résurgence de l'unilatéralisme et du protectionnisme portait gravement atteinte à l'ordre économique et commercial international", selon Chine nouvelle.

"En tant que défenseurs résolus du multilatéralisme et du libre-échange, la Chine et le Chili se doivent de renforcer leur coordination multilatérale et défendre conjointement les intérêts communs du Sud global", a-t-il affirmé.

Parmi les principaux dirigeants latino-américains présents à la réunion Chine-Celac figuraient le président brésilien Lula. Arrivé samedi pour une visite d'État de cinq jours, il a déclaré que l'Amérique latine ne voulait pas "répéter l'histoire et entamer une nouvelle Guerre froide".

Lors de son entretien mardi avec le président brésilien, Xi Jinping lui a affirmé que les deux pays devaient "s'opposer ensemble à l'unilatéralisme".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a annoncé sa volonté de "reprendre" le canal de Panama, construit par les États-Unis, arguant qu'il était sous "l'influence" de la Chine.

Dans ce contexte, le président panaméen José Raul Mulino avait annoncé en février le retrait de son pays des "Nouvelles routes de la soie", à la suite de pressions américaines.

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