Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

La ligne ferroviaire Paris-Milan en souffrance face aux conséquences du changement climatique

Symbole de la difficile adaptation des infrastructures au changement climatique, la ligne ferroviaire Paris-Milan est coupée depuis lundi en raison d'une coulée de boue dans les Alpes françaises, tout juste trois mois après sa réouverture...

Le trafic ferroviaire entre Paris et Milan est interrompu au moins plusieurs jours, en raison d'une coulée de boue consécutive à de violents orages © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
Le trafic ferroviaire entre Paris et Milan est interrompu au moins plusieurs jours, en raison d'une coulée de boue consécutive à de violents orages © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

Symbole de la difficile adaptation des infrastructures au changement climatique, la ligne ferroviaire Paris-Milan est coupée depuis lundi en raison d'une coulée de boue dans les Alpes françaises, tout juste trois mois après sa réouverture en grande pompe, après 19 mois d'interruption.

Cette fois-ci, c'est un orage violent provoqué par les fortes chaleurs qui est responsable du sinistre. Les pluies ont provoqué une coulée de boue recouvrant les voies en gare de Modane (Savoie), dernière ville desservie avant la frontière italienne, ainsi qu'une crue historique d'un torrent de la vallée de la Maurienne.

"Sous réserve de la survenue de nouvelles intempéries et de nouveaux éléments issus des investigations, une reprise des circulations des trains de voyageurs pourrait être envisagée en mode dégradé, à partir du samedi 5 juillet au matin", a avancé SNCF Réseau.

Des travaux seront cependant nécessaires jusqu'à mi-juillet "au moins" pour permettre une reprise normale du trafic.

Fin août 2023, un autre épisode d'intenses précipitations après une période de sécheresse avait provoqué un éboulement gigantesque, le plus important depuis 1978 pour le réseau SNCF, coupant la ligne dans cette vallée savoyarde pendant plus d'un an et demi.

La zone, identifiée depuis longtemps par SNCF Réseau comme géologiquement fragile, devient le symbole du défi de l'adaptation au changement climatique auquel est confronté le gestionnaire d'infrastructures ferroviaires.

Plus aucun train ne peut rouler entre les gares de Saint-Michel-Valloire (Savoie) et Modane, coupant ainsi la seule liaison pour les trains à grande vitesse entre la France et l'Italie. 

Végétation et pluie

SNCF Voyageurs et Trenitalia, qui exploitent à eux deux cinq allers-retours par jour entre Paris et Milan, ont été contraints d'interrompre leur service.

Le sujet de l'adaptation au changement climatique a été élevé au rang de priorité il y a environ trois ans chez SNCF Réseau.

L'entreprise publique travaille avec des scientifiques pour appliquer des modèles climatiques et évaluer les vulnérabilités de l'infrastructure. 

Le but est de se projeter dans une France réchauffée de 2,7 degrés d'ici 2050 et même 4 degrés en 2100, en s'appuyant sur la trajectoire de référence adoptée par le gouvernement français.

A l'heure actuelle, deux grandes menaces ont été identifiées: la végétation, qui pousse davantage avec un climat plus chaud, et les précipitations, qui entraînent inondations et retrait-gonflement d'argile dans les sols, endommageant les rails.

La végétation nécessite une taille plus régulière - d'autant plus avec l'abandon du glyphosate - et attire en plus du gibier, parfois percuté par les trains. 

Dégâts considérables

Les crues et pluies diluviennes provoquent des dégâts considérables, comme en octobre lors du passage de la tempête Leslie qui a entrainé l'interruption des trains entre Lyon et Saint-Etienne (centre-est de la France) empruntés par 20.000 passagers par jour pendant près de trois semaines.

Le problème est mondial. Début novembre, les trains à grande vitesse entre Madrid et Valence n'ont pas pu rouler pendant 15 jours après les inondations catastrophiques qui ont touché Valence le 29 octobre. 

La chaleur peut aussi engendrer des perturbations en raison de la dilatation des rails et des caténaires, ce qui conduit à réduire la vitesse des trains, ou parfois même à des ruptures caténaires avec à la clef de longues interruptions de circulation.

Mardi, SNCF Réseau a toutefois indiqué ne pas avoir mis en place de mesure de réduction de vitesse.

L'orage en vallée de Maurienne a également endommagé plusieurs habitations, commerces et bâtiments publics, et une centaine de caves ont été inondées. 

Côté axes routiers, après plusieurs fermetures en soirée, seule une départementale restait fermée mardi.

Dans les Hautes-Alpes, la commune de Val-des-Prés, dans le Briançonnais, a été touchée: sept habitations et une partie du camping ont été inondés, selon les pompiers, et une route nationale coupée par des coulées de boue.

64ED2ZQ