La lutte contre les violences faites aux femmes, une cause "mal dotée", selon le Sénat
"Une grande cause encore mal dotée" : cinq mois après un bilan au vitriol de la Cour des comptes sur la politique d'égalité femmes-hommes, un rapport du Sénat épingle les montants "dérisoires" alloués à la lutte...

"Une grande cause encore mal dotée" : cinq mois après un bilan au vitriol de la Cour des comptes sur la politique d'égalité femmes-hommes, un rapport du Sénat épingle les montants "dérisoires" alloués à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Les crédits du programme alloué à l'égalité entre les femmes et les hommes ont certes "presque triplé entre 2020 et 2024 mais ils ne représentent qu'un peu plus de 100 millions d'euros", a souligné jeudi le sénateur LR Arnaud Bazin lors de la présentation à la presse du rapport de la commission des finances.
"Il s'agit d'un montant, disons-le, dérisoire, a fortiori lorsqu'on le rapporte au coût des violences pour la société, que plusieurs études ont chiffré à au moins 3,6 milliards d'euros par an", a-t-il ajouté aux côtés du co-rapporteur et sénateur communiste Pierre Barros. Les financements en provenance des collectivités territoriales et des fonds européens "pourraient eux être davantage mobilisés" tout comme les fonds privés.
Au-delà de la question des financements, la politique de lutte contre les violences faites aux femmes "semble manquer de boussole stratégique", peut-on lire dans le rapport, qui déplore une "superposition de divers plans" et l'absence d'évaluation des dispositifs actuels.
Dans un contexte budgétaire contraint, les sénateurs suggèrent "en priorité" d'élargir la lutte contre les violences faites aux femmes aux violences hors du couple, de développer la prévention, de faciliter la sortie de prostitution ou encore de renforcer l'accompagnement des femmes qui quittent leur conjoint violent.
Ce rapport parlementaire survient après la publication fin janvier d'un rapport de la Cour des comptes qui ne mâchait pas ses mots contre la politique de l’État en faveur de l'égalité femmes-hommes. Les magistrats financiers avaient épinglé un portage politique "en trompe-l'oeil", un pilotage "défaillant" ainsi que des "actions redondantes".
Selon les derniers chiffres officiels publiés fin novembre, quelque 271.000 victimes de violences conjugales, à 85% des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023 et 96 féminicides conjugaux ont été recensés. Plus de 110.000 victimes de violences sexuelles (viols, agressions sexuelles, atteintes sexuelles, harcèlement sexuel, voyeurisme, exhibition sexuelle, exploitation sexuelle...) ont été enregistrées la même année. Dans 85% des cas, la victime était une femme.
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