La mobilisation agricole enfle dans le Sud-Ouest malgré l'appel à "l'apaisement" de Genevard
Une semaine après les premières protestations devant une ferme ariégeoise, la mobilisation contre la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue d'enfler mercredi, avec le blocage d'un nouvel axe majeur dans le Sud-Ouest, malgré l'appel à...
Une semaine après les premières protestations devant une ferme ariégeoise, la mobilisation contre la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue d'enfler mercredi, avec le blocage d'un nouvel axe majeur dans le Sud-Ouest, malgré l'appel à "l'apaisement" de la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard.
Dans l'Aude, plusieurs dizaines d'agriculteurs se sont rejoints à bord d'une soixantaine de tracteurs à hauteur de Carcassonne sur l'autoroute A61, après avoir convergé depuis Narbonne et Castelnaudary sous escorte de gendarmerie. Vers 13H, ils ont bloqué cet axe reliant Toulouse à la Méditerranée et à l'Espagne, a constaté une équipe de l'AFP.
Equipés de drapeaux de la Coordination rurale, de la Confédération paysanne et des Jeunes agriculteurs, les engins agricoles empêchent toute circulation dans les deux sens. Les agriculteurs ont également lancé des actions devant des bâtiments de l'Etat, tout en continuant de bloquer l'autoroute "pour plusieurs jours si on peut", a annoncé Alexandre Garcia, membre des JA de l'Aude.
Une benne arborant des drapeaux de la FNSEA a déchargé des déchets agricoles a proximité de la préfecture de Carcassonne, devant un barrage de CRS et une centaine d'agriculteurs, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Tant qu'on n'a pas une réponse de l'État, une réponse concrète, on ne bougera pas", a poursuivi Alexandre Garcia, avant qu'un représentant de la coordination paysanne ne scande "stop à l'abattage et non au Mercosur".
L'A61 était déjà bloquée dans un sens depuis mardi par les JA au niveau de Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne), où ils empêchent également, au même endroit, la circulation des trains entre Toulouse et Narbonne, sur l'axe Bordeaux-Marseille. "Aucune prévision de reprise des circulations n'est envisagée", selon SNCF Voyageurs.
Générations de sélection
Une centaine d'agriculteurs se sont également rassemblés mercredi devant le siège du Parlement européen à Strasbourg pour protester contre les abattages et le traité de libre-échange UE-Mercosur dont l'adoption est prévue samedi.
"Imaginez-vous l'état d'esprit de ces gens-là, à qui on a abattu le troupeau, fruit de générations de sélection", a déclaré le président de la Coordination rurale du Bas-Rhin, Paul Fritsch.
Depuis l'apparition de la maladie en juin en Savoie, l'État tente de contenir la propagation du virus en se basant sur "trois piliers": l'abattage systématique dès la détection d'un cas, la vaccination dans la zone concernée et la restriction de mouvements des bovins.
L'annonce d'Annie Genevard mardi que 750.000 bovins seraient vaccinés "dans les semaines qui viennent" dans le Sud-Ouest n'a pas convaincu.
"Ce qu'on veut, c'est l'arrêt de l'abattage systématique, mais le gouvernement n'est pas décidé à le faire, donc nous, on n'est pas décidés à partir", a déclaré Stanislas Chedru, un agriculteur landais, sur un rond-point de Mont-de-Marsan.
Mme Genevard a appelé mercredi matin à "l'apaisement à l'approche de Noël", alors que les agriculteurs ont dit leur intention de continuer de manifester et bloquer des axes routiers au-delà des fêtes "s'il le faut".
Actions coup de poing
Dans le centre de Limoges, un mur de paille pourrie a été érigé devant la porte de la préfecture "pour mettre la pression car la ministre n'a pas pris en compte ce qu'on proposait", a déclaré à l'AFP Thomas Hegarty, qui préside la CR en Haute-Vienne.
A Carbonne, des agriculteurs ont passé une cinquième nuit sur l'autoroute A64, tandis que l'A20, l'A63 et l'A89 sont bloquées par endroits. Le ministère de l'Intérieur a relevé mardi 75 actions sur le territoire, contre 45 la veille et 27 dimanche.
"J'ai demandé aux préfets de gérer ce mouvement avec souplesse et tact. On encadre et on évite les dégradations", a souligné le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez sur France Info.
Mardi, Annie Genevard a annoncé une extension de la zone vaccinale, qui concernait jusqu'ici huit départements du Sud-Ouest, à l'Hérault et au Tarn. Elle a également promis la création d'un fonds de soutien de plus de 10 millions d'euros destiné aux petits éleveurs.
Au total, 114 foyers de DNC ont été recensés en France depuis juin, dont 26 en Occitanie. Plus de 3.300 bêtes ont été euthanasiées sur un cheptel de quelque 16 millions de bovins.
88DR9ZR