La Région bâtit un budget 2026 prudent
Faute de visibilité sur les finances nationales, l’exécutif régional mise sur la stabilité pour son budget 2026, avec des économies ciblées, un recentrage sur les compétences clés et des investissements préservés dans les grands services publics.
Face au brouillard qui entoure toujours le budget de l’État, la Région Bourgogne–Franche-Comté revendique une posture de "stabilité". Mercredi 10 décembre à Dijon, le président Jérôme Durain a dévoilé un budget primitif 2026 qu’il souhaite avant tout lisible et responsable. "Nous devons avancer sans attendre le cadrage national et montrer que la Région reste un pôle de stabilité dans un moment de forte incertitude", affirme-t-il. Ce premier exercice budgétaire de son mandat, qui atteint 1,967 milliard d’euros, repose sur une hypothèse prudente : celle d’une perte possible de 55 millions d’euros de recettes en provenance de l’État. "Nous cherchons des économies partout où cela est possible, sans renoncer à nos politiques publiques", insiste le président, qui met en avant une méthode fondée sur le pragmatisme plutôt que sur les effets d’annonce.
"Nous n’avons véritablement la main que sur 10 % de nos recettes"
Cette prudence est d’autant plus nécessaire que la Région dépend massivement des décisions nationales. "Nous n’avons véritablement la main que sur 10 % de nos recettes : le reste provient de dotations ou de compensations de l’État", rappelle Nicolas Soret, vice-président en charge des finances. Pour la seule section de fonctionnement, les recettes atteignent 1,495 milliard d’euros, en progression contenue de 2,1 %. Une hausse vite absorbée par l’augmentation des dépenses structurelles : +5 millions pour la masse salariale liée aux progressions de carrière, +20 millions pour la convention TER, renchérie par l’ouverture à la concurrence du lot Bourgogne Ouest–Nivernais, laquelle impose par ailleurs près de 15 millions d’euros d’investissements.
"Il y a des crève-cœur à toutes les lignes"
Pour maintenir l’équilibre, l’exécutif a engagé un travail minutieux de réduction des dépenses. Les grands opérateurs régionaux – AER BFC, Comité régional du tourisme (CRT), ARNia – voient leurs dotations ajustées. Le recentrage sur les compétences strictement régionales conduit également à revoir certaines politiques : baisse des engagements sur les associations d’aide à la personne, diminution des financements dédiés à la formation continue des salariés, ajustée à la baisse après l’arrêt progressif des PRIC portés par l’État. "Il y a des crève-cœur à toutes les lignes. Réduire les dotations de nos satellites, c’est réduire leur capacité d’action. Mais nous devons préserver notre trajectoire", assume Nicolas Soret, qui cite par exemple la suspension de la revue de presse quotidienne produite par l’AER pour les intercommunalités.
Malgré ces contraintes, la Région maintient un niveau d’investissement élevé. Les mobilités demeurent le premier poste, suivi des lycées et de la formation professionnelle. La culture, fidèle à la promesse du président, reste "sanctuarisée". Pour équilibrer l’ensemble, un emprunt d’équilibre de 316 millions d’euros est prévu, même si l’exécutif rappelle que "le taux d’exécution réel tourne autour de 90 %", ce qui devrait limiter le recours effectif à l’endettement. Avec ces choix, les indicateurs financiers se dégradent légèrement : l’épargne nette recule et la capacité de désendettement passe de 6,2 à 6,6 années.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel