Labeuvrière : un nouveau centre transformera les déchets en énergie verte

«C'est l'un de nos plus grands projets», affirme Olivier Gacquerre, président de la Communauté d’agglomération Béthune-Bruay Artois Lys Romane (CABBALR), en présentant le futur centre de valorisation énergétique (CVE) de Labeuvrière. Cet outil industriel, qui doit entrer en service progressivement en 2027, a pour objectif de transformer les déchets ménagers en énergie verte, tout en réduisant drastiquement l’enfouissement.

Doté d’un budget de 152 millions d’euros, le chantier remplacera l’incinérateur actuel, en service depuis 1978 et aujourd'hui obsolète. «Plutôt que de rénover un équipement vieillissant, nous avons choisi de repartir sur un outil neuf, capable de fonctionner 30 à 40 ans. Rénover l’ancien aurait coûté encore plus cher», explique le président de la CABBALR.

Une infrastructure de pointe

Le futur centre occupera 4 200 m² au sol et culminera à 40 mètres. Il sera équipé de deux lignes de combustion capables de traiter chacune plus de six tonnes de déchets par heure. La capacité annuelle atteindra 100 000 tonnes, dont environ 80% proviendront du territoire. Le reste sera apporté par des acteurs privés, dans un rayon limité à 100 kilomètres.

Le projet s’appuie sur le groupe Idex, responsable de la conception et de l’exploitation pour vingt ans. Idex lèvera près de 100 M€, tandis que l’agglomération investit 50 M€. Le chantier a débuté à l’été 2025, avec les terrassements, les installations principales sont prévues en 2026 et la mise en service progressive en 2027.

Un producteur d’énergie verte

Si les déchets utilisés par le centre proviendront d’un rayon de 100 kilomètres, l’énergie produite (141 000 MWh d'électricité renouvelable chaque année), sera, elle aussi, distribuée localement. Le CVE fournira 41 000 MWh par an à l’usine Croda de Chocques, qui emploie 150 salariés, permettant à l’entreprise de maintenir une production totalement décarbonée.

Le réseau de chaleur urbain de Béthune sera également alimenté par le centre. Aujourd’hui ,10 000 MWh sont envoyées dans le réseau, un chiffre qui grimpera à 38 000 MWh avec le nouveau centre de valorisation, ce qui permettra de raccorder d’autres communes. «C'est un outil qui sécurise les entreprises et les collectivités, tout en garantissant des prix stables sur le long terme», souligne le président de la communauté d'agglomération.

Des performances environnementales renforcées

Les ambitions environnementales sont élevées : réduction de 77% des oxydes d’azote, 40% des métaux et 60% des poussières. La consommation d’eau sera divisée par dix, passant de 110 000 à 10 000 m³ par an. L’installation sera entourée d’un îlot boisé de 5 300 m² et respectera les distances de sécurité : 150 mètres des premières habitations et 650 mètres des établissements publics. «L’ensemble des techniques déployées limite l'impact écologique du chantier et garantit un fonctionnement conforme aux normes les plus strictes», assure Olivier Gacquerre.

L’agglomération souhaite que le chantier devienne un levier économique. «Nous avons demandé à Idex de réserver des lots aux entreprises locales, afin de donner du travail à des TPE, PME du BTP et de l’artisanat», précise le président de la collectivité. Le site de l’ancien incinérateur sera déconstruit une fois la nouvelle unité opérationnelle, symbolisant la transition vers un outil industriel moderne et performant.

Un projet inscrit dans une stratégie globale

Une fois le centre de valorisation énergétique pleinement opérationnel, la communauté d’agglomération envisagera des investissements pour innover davantage. Parmi les pistes étudiées : la captation du dioxyde de carbone pour produire des carburants de synthèse ou l’utilisation de la gazéification pour chauffer des serres agricoles. «Pendant longtemps, nous avons enfoui nos déchets. Ce temps est révolu. Nous construisons désormais un modèle circulaire, au service des habitants et des entreprises», conclut Olivier Gacquerre.

Le CVE s’inscrit dans un projet plus large, «l’Agglo 100% durable», adopté fin 2022 par les 100 communes de la CABBALR. L’objectif est de réduire de 15% les déchets sur dix ans et de les valoriser efficacement. Pour y parvenir, la collectivité agit à la source, en luttant contre le gaspillage alimentaire, en développant le compostage, et en optimisant la valorisation des déchets. À ce jour, plus de 10% de réduction a déjà été atteint, illustrant l’efficacité de cette démarche globale.