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Le CD2E muscle sa gouvernance pour massifier la transition écologique

Lors de son assemblée générale, le 5 juin à Loos-en-Gohelle, le CD2E a acté le renforcement de sa gouvernance et l'élargissement de son champ d’action. Le centre d’expertise régional veut ainsi accélérer la transformation écologique de l’économie des Hauts-de-France.

Réemploi des matériaux, chantiers exemplaires, accompagnement des collectivités : le CD2E déploie des solutions pour ancrer l’économie circulaire dans les territoires.  © Pexels
Réemploi des matériaux, chantiers exemplaires, accompagnement des collectivités : le CD2E déploie des solutions pour ancrer l’économie circulaire dans les territoires. © Pexels

Créé en 2001, le CD2E, pôle d'excellence régional, accompagne les acteurs économiques et les collectivités dans la transition écologique. Historiquement centré sur l’éco-construction et l’éco-rénovation, il intervient désormais sur des champs aussi variés que l’énergie solaire, le réemploi de matières, la construction hors-site ou encore l’économie circulaire. Pour répondre à l’ampleur des défis actuels et s’aligner sur les attentes de ses partenaires, le CD2E a engagé une refonte de sa gouvernance.

Lors de l’assemblée générale, le 5 juin à Loos-en-Gohelle, les membres ont validé le passage de 24 à 32 administrateurs, ainsi que l’abandon des collèges thématiques au profit d’une structuration en six collèges métiers plus opérationnels. «Il nous fallait une gouvernance plus agile, connectée aux métiers et aux territoires, explique Benoît Loison, président du CD2E. C’est une condition indispensable pour passer à l’échelle».

Cap sur l’action et l’adaptation

L’année 2024 a été marquée par une forte intensification de l’activité. Le centre a accompagné plus de 300 entreprises, animé 84 ateliers, dispensé 51 formations et déployé ses outils dans tous les territoires des Hauts-de-France. Le partenariat engagé avec le groupe Rabot Dutilleul illustre cette montée en puissance. L’entreprise a bénéficié d’un parcours sur-mesure alliant formations internes, diagnostics et accompagnement stratégique. Un exemple parmi d’autres de la capacité du CD2E à aider les structures à intégrer les enjeux environnementaux à tous les niveaux, de la direction à l’opérationnel. «Nous ne sommes pas là pour donner des leçons, mais pour co-construire des trajectoires réalistes et efficaces avec nos partenaires», insiste Frédérique Seels, directrice du CD2E.

L’autre tournant majeur concerne la prise en compte de l’adaptation au changement climatique. Jusqu’à présent centré sur l’atténuation – c’est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre –, le CD2E fait désormais de l’adaptation une priorité stratégique. Cette évolution s’appuie sur un référentiel commun co-produit avec le Cerema et l’Ademe, sur des outils d’aide à la décision à destination des maîtres d’ouvrage, ainsi que sur des modules de formation dédiés. «L’adaptation n’est plus une option : les effets du dérèglement sont déjà là, et les territoires doivent s’y préparer, affirme Frédérique Seels. Nous voulons donner aux collectivités et aux entreprises les moyens de penser le long terme, sans renoncer à l’action immédiate».

Transformer les filières, pas seulement les matériaux

La structuration des filières reste au cœur des priorités. Dans le domaine des matériaux biosourcés, le pacte bois-biosourcés continue de faire école. En 2024, les objectifs ont été doublés, avec plus de 200 000 m² de chantiers mobilisant des matériaux naturels. L’approche hors site - qui consiste à concevoir et à préfabriquer des éléments de bâtiment en atelier - connaît également une forte dynamique. Vingt-et-une rencontres professionnelles ont été organisées pour fédérer les acteurs régionaux autour de cette méthode, qui offre à la fois des gains en qualité, en délais et en bilan carbone. «Ces changements de méthode, quand ils sont bien accompagnés, créent de la valeur locale et de l’emploi durable, souligne Benoît Loison. Il ne s’agit pas de verdir à la marge, mais de transformer nos façons de construire, de produire et de penser».

Sur le volet solaire, le CD2E a animé le comité régional de l’énergie et piloté l’observatoire régional des installations. Les chiffres sont en nette hausse, avec plus de 50 000 installations recensées au total dans les Hauts-de-France, en novembre 2024. La journée Coresol, événement phare du secteur, a rassemblé, en 2024, plus de 220 participants. «Le solaire progresse, mais il reste encore beaucoup de freins à lever, notamment du côté de la formation et de l’accès à l’information, note Frédérique Seels. Notre rôle est aussi d’animer les filières pour qu’elles montent collectivement en compétence».

Faire de l’économie circulaire la norme

L’économie circulaire fait également l’objet d’une attention particulière. Les projets SediMEL, qui vise à réutiliser les sédiments dans les travaux publics, ou Cogebloc, qui valorise les granulats de béton recyclé, montrent la capacité du CD2E à créer des ponts entre innovation technique, filières industrielles et territoires. Ces initiatives ne sont pas des démonstrateurs isolés, mais des modèles duplicables à plus large échelle. «Il ne s’agit pas seulement d’expérimenter, mais d’industrialiser, insiste Benoît Loison. Nous devons franchir un cap pour que l’économie circulaire ne soit plus l’exception, mais la norme».

Le rôle du CD2E auprès des collectivités monte également en puissance. En lien avec la Région et l’Ademe, deux appels à manifestation d’intérêt ont été lancés pour soutenir les territoires dans la mise en œuvre de leurs stratégies environnementales. Le centre participe aussi à la diffusion d’outils comme le «budget vert», qui évalue l’impact environnemental d’un investissement public. Des guides méthodologiques, comme celui consacré à la solarisation des bâtiments, et des dispositifs de formation complètent cet appui technique.

«Nous sommes dans une logique d’outillage des territoires : il faut leur donner les bons leviers pour agir», résume Frédérique Seels. Avec plus de 280 adhérents, un chiffre d’affaires en hausse, une reconnaissance nationale et des partenariats solides, le CD2E entend faire de la région un territoire pilote en matière de décarbonation.

Un congrès national pour accélérer la transition écologique

En 2025, les traditionnelles Rencontres de l’éco-transition laissent place à un événement d’envergure nationale : le congrès national du bâtiment durable, organisé au nom du réseau de l’Ademe. Pour sa 11ᵉ édition, le congrès aura lieu sur 5 000 m² d’exposition, autour du thème «changement climatique : changeons nos pratiques». Près de 3 000 visiteurs sont attendus : maîtres d’ouvrage, architectes, collectivités, bailleurs et entreprises. Le programme s’annonce dense : trois tables rondes, quatre plénières, six ateliers participatifs, 44 pitches, trois visites de sites et plus de 90 intervenants. Les grands enjeux de demain seront au cœur des débats : énergies renouvelables, recyclage, réemploi, CAP 2030, IA et numérique. Plusieurs figures de premier plan prendront la parole, dont la ministre du Logement Valérie Létard. La billetterie est ouverte.