Le CFA de Mâcon se dote d’un poids lourd électrique
Ce 10 octobre, le centre de formation automobile de Mâcon s'est équipé d'un camion 100% électrique. Un investissement permis par l’ANFA, association nationale pour la formation automobile, pour qui la transition vers l'électrique est incontournable.

Ce 10 octobre, le centre de formation automobile de Mâcon, l’un des plus importants dans la filière avec ses 675 alternants, a reçu un poids lourd électrique. Ce véhicule a été financé par l’ANFA, l’association nationale pour la formation automobile, qui a débloqué six millions d’euros pour équiper 22 CFA et lycées professionnels, soit un investissement par établissement compris entre 250 000 et 300 000 euros. Plus de 2 000 jeunes par an profiteront de cet outil pédagogique grandeur nature.
"Aujourd’hui, il y a peu de demandes car le besoin n’est pas encore marqué, mais il va grandir. On ne peut pas laisser entrer des jeunes sur le marché du travail sans leur donner cette coloration électrique. On anticipe le futur besoin plus qu’on ne répond à un besoin actuel", explique Patrice Mouly responsable de l’accompagnement des établissements de formation et de la mobilité européenne au sein de l’ANFA. En effet à peine 2 % des ventes de poids lourds en France concernaient des véhicules électriques au premier semestre 2025. Bien qu’en hausse, le chiffre ne représente qu’une infime part du parc sur les routes.
Un véritable enjeu
D'un point de vue pratique, "Nous avons sélectionné les CFA et lycées professionnels avec une formation BTS", rebondit Patrice Mouly. Les établissements ont choisi leur modèle et travaillé localement avec les concessionnaires pour trouver le poids lourd à leur pied. Le CFA de Mâcon a été le dernier à accueillir sa livraison. "Il y a un enjeu à faire aimer cette transition vers l’électrique à des jeunes qui sont entrés dans cette voie par passion de la mécanique et des moteurs thermiques. Il faut aussi les rassurer, ils répareront toujours des moteurs thermiques dans leur carrière", tient à préciser le responsable. Pour travailler sur la formation associée à l’arrivée des poids lourds électriques, l’ANFA collabore par ailleurs avec d’autres organismes semblables à l’échelle européenne.
Répondre à l’obligation
À l’avenir, les deux types de moteurs seront amenés à cohabiter. "Même si les moteurs sont plus performants, la part d’émission de gaz à effet de serre du transport, 40 % en France, continue d’augmenter car le parc augmente. La seule façon d’avoir une véritable rupture passe par une transition vers l’électrique" observe Patrice Mouly. Cette démarche s’impose d’ailleurs de plus en plus à toute la filière. En effet, la norme européenne CAFE qui concernait d’abord la filière automobile, n’épargne désormais plus les poids lourds dans sa version 2025.
Concrètement, entre 2025 et 2029, les constructeurs de camions devront diminuer de 15 % la limite moyenne de grammes de dioxyde de carbone par kilomètre par rapport à la période de référence 2019-2020. En 2030, le seuil devra diminuer de 45 %, 65 % en 2035 et 90 % en 2040. "Certains ne croient pas à la mise en place de ces échéances car cela implique des changements drastiques des pratiques. Mais même si c’est repoussé, cela arrivera", estime Patrice Mouly. Pour obtenir de tels résultats, un véhicule sur deux devra être électrique d’ici 2030.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert