Le gouvernement dévoile sans convaincre ses propositions pour les quartiers populaires
Le gouvernement a dévoilé vendredi à Montpellier quarante-deux propositions visant à renforcer l'égalité des chances pour les enfants et adolescents des quartiers populaires, et à mieux les accompagner psychologiquement, mais sans annonce forte et...

Le gouvernement a dévoilé vendredi à Montpellier quarante-deux propositions visant à renforcer l'égalité des chances pour les enfants et adolescents des quartiers populaires, et à mieux les accompagner psychologiquement, mais sans annonce forte et sans parvenir à convaincre les élus.
Plus de la moitié des annonces correspondent à des programmes existants, plébiscités par les élus.
Près de deux ans après les émeutes qui ont en partie enflammé les quartiers populaires, le chef du gouvernement et huit de ses ministres ont détaillé leurs propositions à l'occasion d'un comité interministériel des villes (CIV) placé sous le signe de "l'enfant dans la ville".
"Tout le monde voit qu'il y a des difficultés qui sont énormes et en même temps ces difficultés, on peut arriver à les surmonter au moins en partie", a déclaré François Bayrou devant la presse à l'issue du comité.
Trois axes ont été retenus: le soutien à l'enfance et à l'émancipation de la jeunesse, l'amélioration du cadre de vie des habitants et le développement économique, notamment en faveur de l'entrepreneuriat féminin.
Sur l'enfance, les objectifs de scolarisation des moins de trois ans seront ainsi "doublés dès la rentrée 2026" dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) -- la France en compte 1.600, soit six millions d'habitants.
Cela correspond à 100 nouvelles classes de très petite section de maternelle par an pour favoriser la socialisation précoce et lutter contre les inégalités scolaires "à la racine".
Cent nouvelles crèches seront également créées d'ici 2029.
Pour renforcer la prise en charge psychologique des jeunes, un accueil psychologique sera mis en place là où existent déjà des programmes de lutte contre le décrochage scolaire, en mobilisant le dispositif Mon soutien psy. Rien n'a été précisé en revanche sur la façon dont seraient mobilisés ces spécialistes dans un contexte de forte pénurie dans les quartiers.
Dispositifs évaluables
D'autres programmes seront par ailleurs amplifiés, telles les cités éducatives, aujourd'hui au nombre de 250 dans 600 QPV. De source gouvernementale, 60% des mesures présentées sont "reconduites, parce qu'elles marchent".
Des formations de l'enseignement supérieur "d'excellence" seront également fléchées pour des lycéens, et les jeunes pourront être préparés dès le lycée à des concours de catégorie A et B de la fonction publique.
"Nous nous sommes efforcés de constituer un socle de dispositifs crédibles (...) évaluables, avec des objectifs qui ont une échéance", a précisé une source gouvernementale, ajoutant que les crédits votés en 2025 "seront exécutés" et les nouvelles actions "financées".
Environ 70% des mesures du dernier CIV sont "réalisées ou en cours de déploiement" et 30% ont été "retravaillées" ou abandonnées faute de budget.
Deuxième grand axe: l'amélioration du cadre de vie des habitants, avec le doublement à près de 500 du nombre de "délégués à la cohésion police/population", souvent d'anciens policiers ou gendarmes qui assurent une présence sur le terrain.
Le gouvernement entend également résoudre, d'ici janvier 2026, "l'ensemble des difficultés d'entretien des parties communes" des immeubles sociaux, en privant certains bailleurs défaillants de l'abattement fiscal dont ils bénéficient aujourd'hui.
Mesure innovante, mille offres de stage d'internat dans les QPV seront proposées aux jeunes médecins.
Enfin une batterie de mesures pour favoriser le développement économique, notamment au bénéfice des femmes, prévoient la création d'un fonds d’investissement de 60 millions d’euros en 2025 et une enveloppe de 150 millions d’euros de microcrédit.
Pour attirer les investisseurs privés et dynamiser l'économie des quartiers, des incitations fiscales remplaceront le dispositif des zones franches urbaines-territoire entrepreneur (ZFU-TE).
"Nous allons cibler les entreprises et les secteurs sous-représentés", a expliqué à l'AFP Juliette Méadel, qui souhaite notamment faire revenir dans les quartiers du "commerce artisanal de qualité comme un salon de thé, une librairie ou un marchand de légumes".
Ce rendez-vous se tient dans un contexte budgétaire particulièrement tendu, alors que le gouvernement cherche 40 milliards d'économies pour 2026.
"Les mesures ne sont pas au niveau des souffrances vécues par les habitants", a taclé Gilles Leproust, président de l'association Ville et Banlieue, qui regrette l'absence de propositions "pour les associations, qui sont en train de crever".
"Des outils parfois intéressants, parfois insuffisants et certains insignifiants" a réagi Philippe Rio, maire PCF de Grigny (Essonne), alors que Driss Ettazaoui, vice-président de la communauté d'agglomération d’Évreux (MoDem), estime qu'il n'y a "rien de nouveau ou d'innovant".
"Le CIV a mis en avant l’enfance et l’éducation comme priorités. Pourtant, des centaines de fermetures de classes sont programmées pour la rentrée prochaine, y compris dans les quartiers populaires", a relevé Mélody Tonolli, adjointe à la maire de Paris à la politique de la Ville.
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