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Le maire de Saint-Etienne nie tout chantage à la sextape, son ex-directeur de cabinet l'accable

Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, ex-LR, a nié mardi, au deuxième jour de son procès, tout complot pour piéger un rival avec une sextape, malgré le témoignage accablant de son ancien directeur de cabinet...

Le maire de Saint-Etienne, Gael Perdriau, arrive au tribunal de Lyon le 22 septembre 2025 © OLIVIER CHASSIGNOLE
Le maire de Saint-Etienne, Gael Perdriau, arrive au tribunal de Lyon le 22 septembre 2025 © OLIVIER CHASSIGNOLE

Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, ex-LR, a nié mardi, au deuxième jour de son procès, tout complot pour piéger un rival avec une sextape, malgré le témoignage accablant de son ancien directeur de cabinet et l'interrogatoire serré de la présidente du tribunal.

"Jamais, je n'ai pratiqué des méthodes hors-la-loi pour faire de la politique," a assuré sur un ton très combatif l'édile de 53 ans qui encourt dix ans de prison et une peine d'inéligibilité.

Depuis lundi il est jugé à Lyon pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics avec trois anciens membres de son entourage. 

Entendus un par un, ils ont tous reconnus avoir comploté pour filmer l'ancien Premier adjoint Gilles Artigues - un catholique qui s'était opposé au mariage homosexuel - avec un prostitué, afin de le "tenir" politiquement. Surtout, ils ont assuré que le maire avaient joué un rôle dans ce "kompromat".

"C'est totalement faux, ça s'est fait sans moi", s'est étranglé Gaël Perdriau, interrogé mardi soir. "Chacun d'eux avait des raisons personnelles d'organiser cette vidéo", ambition, appât du gain ou rancunes, soutient-il.

Depuis que Médiapart a révélé le scandale en août 2022, "j'ai eu l'impression que l'on ne m'écoutait pas", "dès le premier instant, il fallait que je sois coupable", regrette-t-il encore en se présentant comme victime d'une instruction à charge, de fuites "partielles" dans les médias et d'accusations mensongères.

Je m'en occupe

Juste avant lui, Pierre Gauttieri qui fut pendant dix ans son plus proche et son plus fidèle collaborateur, a pourtant porté un coup dur à sa défense.

Dès son élection au printemps 2014, "Monsieur le maire m'a demandé une solution pour tenir en respect Gilles Artigues, parce que nous avions (...) un doute sur sa capacité à ne pas comploter", assure l'ancien directeur de cabinet. 

Et quand l'idée d'une sextape a émergé lors d'échanges avec l'adjoint à l'Education Samy Kéfi-Jérôme et son compagnon Gilles Rossary-Lenglet, "Monsieur le maire a pris la décision d'y aller", poursuit Pierre Gauttieri.

Sur le volet financier, qui impliquait de trouver 40.000 euros pour rémunérer Gilles Rossary-Lenglet, Gaël Perdriau "m'a dit: je m'en occupe", assène-t-il encore.

Des "mensonges", balaie le maire quand son tour à la barre arrive.

"Je pense que Pierre Gauttieri avait des ressentiments très forts contre Gilles Artigues", qu'il accuse d'avoir fait circuler des rumeurs à son sujet, avance Gaël Perdriau en l'accusant d'avoir agi dans son dos.

Blagues

De même, Gaël Perdriau a réponse à tout, quand la présidente du tribunal Brigitte Vernay soulève les points troublants du dossier:

- "Je ne sais pas si c'est un gang bang ou une partouze", avait-il lâché devant la presse juste après la publication de l'enquête de Médiapart. Pourquoi un tel vocabulaire, s'il ne savait rien du complot?, lui demande la magistrate.

- "Je suis assailli, je n'ai pas la bonne réaction, parce que je ne sais pas si Gilles Artigues subit ou est à l'origine de l'article."

- En 2017, il menace son Premier adjoint dans un échange enregistré par ce dernier de diffuser la vidéo "en petit cercle", rappelle-t-elle.

- C'était juste un coup de "colère" à cause d'un désaccord politique, par une menace, rétorque-t-il.

- Et les SMS blagueurs qui évoquent Théo, l'escort-boy, échangés en 2018 avec Samy Kéfi-Jérôme ? Comment peut-il avoir compris la référence ?

- Parce que le nom lui a été donné la seule fois, fin 2015 ou début 2016, où on lui a dit qu'une vidéo de Gilles Artigues avec un homme existait, assure-t-il. Il avait alors pensé que le film avait été réalisé avec le consentement de son Premier adjoint et n'en avait pas fait plus de cas, poursuit Gaël Perdriau.

Toutes ces réponses "n'empêcheront pas le tribunal de s'interroger", conclut la juge, avant d'ajourner l’interrogatoire qui reprendra mercredi.

Dm-chp/epe/dsa

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