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Entreprises

Le MIF, un combat d'avenir

Les 15 ans de l'association OFG, Origine France Garantie, ont montré qu'un petit écosystème très volontariste s'est constitué en faveur du Made in France, force vive dans une bataille loin d'être gagnée.


© Adobe Stock.
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Froid et chaud, deux réalités... Le 19 juin, à Paris, Origine France Garantie célébrait ses 15 ans. Engagée pour le MIF, Made in France, l'association porte la certification OFG « Origine France Garantie » qui atteste qu'au moins 50 % du coût de revient du produit a été généré en France. A date, une centaine d'entreprises ont fait certifier une gamme de produits (3 000 au total ) ou des services. Ce soir d'anniversaire à l'ambiance chaleureuse, plusieurs entrepreneurs se sont vu remettre des prix de l'association - innovation, relocalisation...-.

Toute la diversité des entreprises engagées dans la démarche exigeante – et militante - du MIF a défilé : sociétés de services ou industrielles, jeunes ou patrimoniales, méconnues ou célèbres... A l'image de Duralex, dont les verres appartiennent aux souvenirs d'enfance de tous. Tête à tête et Comearth, deux centres d'appel, prennent moins souvent la lumière.

Parmi les jeunes entreprises figurait E-Recycle, spécialiste du reconditionnement de smartphone. Ou encore Innov8, fabriquant, notamment, de coques de smartphone (deux millions d'exemplaires vendus). « L'enjeu de cette relocalisation, c'était de démontrer qu'on allait être capable de les fabriquer (…) et de les vendre pour le même prix qu'un produit chinois. C'est ce qu'on a fait », a expliqué Stéphane Bohbot, fondateur et président de la société, venu témoigner de sa démarche comme chacun des membres de ce petit écosystème qui s'est progressivement construit au fil des années.

Le salon du MIF qui se tient chaque hiver à Paris – et où exposent des marques engagées dans la démarche OFG- est l'un des piliers de cet écosystème. En 2024, il a accueilli plus de 110 000 visiteurs et 1 000 exposants. « Nous avons commencé en 2012 avec 78 exposants et 15 000 visiteurs », a rappelé Fabienne Delahaye, créatrice du salon, évoquant avec enthousiasme l'édition à venir : « Vous êtes tous les bienvenus ! »

Les « derniers des Mohicans » ?

Le risque ? Être les « derniers des Mohicans », a asséné Yves Jégo, ancien ministre et fondateur du label, promoteur d'une «économie de la production ». Convoquant Chateaubriand, « Ce n'est pas parce que je n'aime pas le monde qui vient que je ne le vois venir » - l'ancien ministre a refroidi l'ambiance en rappelant à l'assistance les tendances lourdes du contexte général dans lequel se meut ce petit écosystème. « Je ne dis pas qu'on ne fait rien, mais nous avançons à petits pas dans un monde qui avance à haute vitesse », a-t-il précisé.

Le constat ? Depuis la fondation d'OFG, la situation générale a empiré. L'industrie représente à présent 10% du PIB environ, contre près du double il y a 15 ans. De plus, aujourd'hui, la guerre économique lancée par le président des États-Unis, Donald Trump, menace les industries européennes et françaises, directement et via la Chine. « Nous allons avoir un tsunami de produits qui vont arriver à des prix extrêmement bas », prévient Yves Jégo. Pour lui, d'ici quatre à cinq ans, l'industrie automobile française pourrait avoir pratiquement disparu. L'ancien ministre rappelle la responsabilité historique des entrepreneurs qui ont fait le choix de la délocalisation « au nom de leur intérêt et de la rentabilité » et, globalement, des efforts, mais une « réaction assez faible » de l’État. Pour Yves Jégo, les marchés publics, en particulier, devraient être mobilisés pour favoriser le MIF.


Le fondateur du label a évoqué l'élection présidentielle à venir comme une opportunité, un tournant potentiel vers une politique centrée sur le développement d'une économie de la production. « Vous êtes les meilleurs symboles du fait que c'est possible. (…) Il faut parler beaucoup plus fort, il va falloir taper du poing sur la table », a-t-il exhorté, invitant à amplifier le combat, sous peine qu'il soit vain.