Le Pacte Industrie veut guider les industriels des Hauts-de-France vers la neutralité carbone
À Béthune-Bruay, Plastium et l’Ademe ont lancé un cycle d’ateliers pour aider les entreprises à engager concrètement leur transition énergétique.

Le 10 juin dernier, à l’Arena de Béthune-Bruay, une dizaine de chefs d’entreprise industriels ont répondu présent à l’appel de Plastium. Le pôle économique régional y lançait officiellement le programme Pacte Industrie en région Hauts-de-France, en partenariat avec l’Ademe et Akea Energies. Objectif : accompagner les industriels vers la transition bas-carbone, grâce à un parcours structuré d’ateliers, de webinaires et d’accompagnements personnalisés.
Le dispositif, financé dans le cadre de l’AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) «Pacte Industrie» porté par l’Ademe, s’étendra jusqu’en juin 2026. Il vise à sensibiliser, former et outiller les entreprises industrielles – quelle que soit leur taille ou leur niveau de maturité – face aux exigences croissantes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La décarbonation, mode d’emploi
«L’objectif de l’État est clair : à horizon 2030, les industriels doivent diminuer de 35% leur impact carbone. Et d’ici 2050, ce sera 81%», rappelle Axel Deyres, ingénieur décarbonation de l’industrie à l’Ademe, qui intervenait lors de ce premier atelier. Pour y parvenir, encore faut-il savoir par où commencer. Un dirigeant s’interroge : «Nous avions fait un bilan carbone, mais il n’était pas représentatif de nos différentes productions. Comment être sûr de sa fiabilité ? Doit-on en refaire plusieurs, auprès de qui ?» Une interrogation à laquelle d’autres participants ont pu répondre en partageant leurs propres expériences.
Car c’est aussi l’ambition de ces rencontres : créer une dynamique collective, lever les freins, et faire tomber l’idée que la décarbonation serait trop technique ou inaccessible. «C’est déjà difficile de décarboner un secteur tel que l’industrie», reconnaît Jean-Paul Blanc, directeur général de Plastium. «Mais c’est tout l’intérêt de ces moments de rencontre : qu’ils s’aident, se conseillent, et qu’ils s’aperçoivent que ce n’est pas si compliqué, à condition d’être bien accompagnés», ajoute Agnès Adam, directrice de projets chez Plastium.
Construire sa feuille de route
Le programme Pacte Industrie prévoit justement un accompagnement à plusieurs niveaux. Les entreprises peuvent bénéficier de diagnostics, de formations, de plans d’action personnalisés et d’un suivi par des bureaux d’études spécialisés comme Akea Energies. L’Ademe met aussi à disposition ses outils «ACT pas à pas» et «ACT évaluation», pensés pour aider à construire une feuille de route robuste et réaliste.
Autre argument fort du programme : l’accompagnement est pris en charge à hauteur de 60 à 80 %, selon la taille de l’entreprise et la nature des prestations. Cela concerne aussi bien les TPE de moins de 50 salariés que les PME, ETI ou groupes industriels. «Vous pourrez définir un plan de transition qui vous amènera pierre par pierre vers la neutralité carbone», promet Axel Deyres, qui a présenté plusieurs leviers concrets d’action : sobriété énergétique, décarbonation des procédés, recours aux énergies renouvelables, captage et valorisation du CO₂…
Avec ce premier atelier, Plastium et ses partenaires ont posé les fondations d’un accompagnement de long terme. Prochaine étape : multiplier les rencontres, les partages de bonnes pratiques, et faire émerger des feuilles de route concrètes, adaptées à chaque situation.
Pour Aletheia Press, Eléonore Chombart
Un accompagnement vivifiant
Pour illustrer concrètement le programme Pacte Industrie, Plastium et Akea Energies ont partagé le retour d’expérience de l’entreprise Deschaumes, spécialiste du parquet située dans le Centre-Val de Loire. «Nous avons débuté en entrant dans l’accélérateur décarbonation lancé par Bpifrance et l’Ademe», explique Marlène Mivielle, directrice technique et environnement. L’entreprise a été accompagnée via le dispositif ACT pas à pas. Ce travail a permis d’identifier quatre axes stratégiques, notamment autour de l’écoconception, en intégrant pleinement les salariés et fournisseurs dans la démarche. «C’était essentiel pour notre image de marque auprès de nos clients. Cela devient un prérequis, et nous avons gagné en visibilité», témoigne-t-elle. Une preuve que l’engagement environnemental peut aussi générer des retombées positives sur la compétitivité.