Lecornu tente d'unir sa coalition avant de dévoiler son gouvernement
Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui peaufine dimanche les contours de son gouvernement, a appelé le socle commun au rassemblement dans une feuille de route adressée aux partis du centre et aux Républicains, qui trancheront...

Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui peaufine dimanche les contours de son gouvernement, a appelé le socle commun au rassemblement dans une feuille de route adressée aux partis du centre et aux Républicains, qui trancheront dans l'après-midi la question de leur participation.
"Tout en restant fidèle à nos valeurs, et en prenant acte de nos différences, nous avons décidé d'une feuille de route qui nous rassemble". Dans une lettre transmise aux dirigeants du camp présidentiel et des Républicains dans la nuit de samedi à dimanche, le chef du gouvernement a plaidé pour l'union, espérant balayer les divergences et tiraillements qui traversent son propre camp.
Car avant de négocier sa survie politique avec l'opposition parlementaire, Parti socialiste en tête, le locataire de Matignon doit s'assurer que ses alliés le soutiennent.
Or Les Républicains et leur patron Bruno Retailleau font monter la pression depuis plusieurs jours, déplorant que certaines de leurs revendications - notamment sur l'immigration - ne soient pas entendues.
Les parlementaires LR, qui exigeaient du Premier ministre une lettre d'engagement écrite, doivent se réunir en visioconférence à 14H30 pour déterminer leur position.
Le "devoir" de LR
Interrogé sur CNews et Europe 1 dimanche matin, le vice-président délégué du parti, François-Xavier Bellamy, a fait un pas dans le sens d'une participation: "Si nous ne faisons pas partie du gouvernement, (la gauche sera) le premier bloc parlementaire. Donc notre devoir, c'est d'empêcher cela", a-t-il glissé, sans confirmer explicitement que des ministres LR seront nommés.
Le MoDem, qui avait également adressé ses demandes par courrier samedi à M. Lecornu, doit lui aussi débattre de la réponse dimanche après-midi.
Dans sa missive adressée à Renaissance, le MoDem, Horizons, l'UDI et LR, M. Lecornu égrène les grands axes de la politique qu'il entend mener, avec comme priorité de "doter la France d'un budget pour l'année 2026", tâche pour laquelle "le soutien du socle commun est le préalable indispensable".
M. Lecornu plaide pour porter l'effort budgétaire "essentiellement sur la réduction de la dépense publique", et appelle à répondre "à la demande de justice fiscale exprimée par nos concitoyens". Certains impôts "devront impérativement baisser pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages et la compétitivité des entreprises", ajoute-t-il.
Il promet un projet de loi de lutte contre la fraude fiscale et sociale, pour dégager 2,3 milliards d'euros de recettes supplémentaires.
A l'adresse notamment des LR, il affirme que "la sécurité du quotidien et la lutte contre les incivilités continueront d'être une priorité majeure", ainsi que la lutte "contre l'immigration irrégulière par la mise en œuvre de solutions techniques et efficaces".
A-t-il convaincu son socle ? "On ne peut pas dire qu'il éclaire notre chemin", s'agace un cadre du camp présidentiel. "On reste avec nos questions", a-t-il ajouté.
Equipe resserrée ?
Alors que Sébastien Lecornu doit prononcer mardi sa déclaration de politique générale à l'Assemblée, le temps presse. En place depuis le 9 septembre, le Premier ministre a multiplié les consultations mais il peine à mettre un dernier coup de pinceau à son équipe gouvernementale.
Et Emmanuel Macron, qui va devoir valider la liste, pourrait bien trouver le temps long: selon un interlocuteur régulier du président, celui-ci a demandé à son Premier ministre de former son gouvernement avant la fin du week-end, avec une équipe resserrée autour de 25 ministres. La présentation du futur exécutif pourrait toutefois n'intervenir que lundi matin.
"Sébastien Lecornu s'est retrouvé piégé en donnant une date pour sa déclaration de politique générale mardi, alors qu'il n'avait pas fini de négocier", commente la même source.
Avec quel casting ? Plusieurs sources au sein de l'exécutif s'attendent à de nombreuses reconductions. Les LR, eux, veulent qu'un tiers des futurs ministres soient issus de leur famille politique.
En toile de fond, la pression du Parti socialiste ne faiblit pas. Malgré l'annonce du renoncement au 49.3, "nous nous dirigeons tout droit vers la censure" si "la donne ne change pas", a martelé samedi le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
En parallèle, la France insoumise promet déjà une motion de censure spontanée dans la semaine. "Il y a une ambiance de fin de règne", a raillé dimanche sur LCI le coordinateur de LFI Manuel Bompard, en visant "la base politique de ce gouvernement qui est en train de se déchirer".
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