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Les artisans du bâtiment s'inquiètent

Au deuxième trimestre 2025, l'activité des artisans du bâtiment a continué de baisser (-4,5%). La Capeb s'inquiète des conséquences de l'instabilité politique et dénonce la gestion chaotique du dispositif d'aide public MaPrimeRenov'.

©Adobe Stock.
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Forte inquiétude chez les artisans du bâtiment. Le 4 septembre, la Capeb, Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, tenait sa conférence de rentrée et dévoilait l'ampleur de la baisse de l'activité du secteur. Son président, Jean-Christophe Repon, a fait part de ses préoccupations, soulignant l'impact négatif de la gestion de la politique publique du logement et de l'instabilité politique marquée par l'échéance du 8 septembre. « Je ne vois pas une activité qui va s’accélérer avec le vote de confiance », a commenté Jean-Christophe Repon.

En matière de politique publique, le président de la Capeb a très vivement critiqué la gestion de MaPrimeRenov', dispositif d'aide à la rénovation énergétique. Ce dernier a été suspendu en juin dernier face à l'afflux de dossiers ( et de fraude) et devrait reprendre le 1er octobre, avec des modifications. Une fois soumis au Conseil National de l'Habitat, les décrets devaient être publiés avant le 8 septembre. « Nous y travaillons avec la ministre », a confirmé Jean-Christophe Repon. Parmi les mesures particulièrement attendues par la Capeb figure la modification des conditions auxquelles les artisans du bâtiment peuvent participer au dispositif. Originellement, il est réservé aux entreprises dotées du label RGE, Reconnu garant de l'environnement. Les textes prévoient également la sortie du dispositif des travaux d'isolation des murs et l'installation des chaudières biomasse, ce à quoi s'oppose la Capeb. Plus globalement, Jean-Christophe Repon critique la méthode de travail du gouvernement et le manque de contrôle du dispositif. « Quand on a annoncé la suppression du budget (pour 2025), on a vu arriver 30 000 dossiers en 15 jours. Expliquez-moi quand on peut déposer un dossier en 15 jours. C'est un miracle ! », a-t-il ironisé. Du point de vue de l'activité des artisans du bâtiment, le dispositif constitue un immense gâchis : 3,6 milliards d'euros d'aides ont été distribuées en 2025 via le dispositif MaPrimeRénov' (selon Les Echos du 22 juillet), tandis que l'activité des artisans du bâtiment spécialistes de la rénovation énergétique a diminué.

« 28 305 emplois ont été détruits »

C'est l'une des tendances observées par la note de conjoncture de la Capeb, présentée lors de la conférence de presse. Au premier semestre 2025, l'activité des artisans du bâtiment a continué de reculer. Et plusieurs paramètres sont inquiétants. Au global, le volume d'activité a diminué de 4,5% au deuxième trimestre 2025 (par rapport à la même période de 2024). Le chiffre masque des trajectoires très différentes selon les activités. Les artisans du bâtiment qui interviennent dans la construction neuve ont subi une chute rude ( -9%). Elle est liée à la baisse des mises en chantiers de logements individuels (-5,1% sur la même période) qui constituent leur marché. Les artisans spécialisés dans la rénovation et l'entretien ont connu une baisse plus limitée (-1,5%), identique à celle des spécialistes des travaux d'amélioration de la performance énergétique du logement. Seule bonne nouvelle, « le recul de l'activité ralentit légèrement », commente Sylvie Montout, directrice du pôle économie de la Capeb. L'ensemble des territoires sont concernés par cette baisse, mais de manière inégale. Les artisans de Nouvelle-Aquitaine et du Centre-Val de Loire sont les plus mal lotis. Leur activité a fortement diminué (respectivement, -6,5% et -9%).

Par ailleurs, si l'ensemble des corps de métiers sont affectés par une baisse d'activité, c'est là aussi de manière différenciée ( -5,5% pour la menuiserie-serrurerie, -3,3% pour la couverture-plomberie-chauffage). Parmi les signaux inquiétants relayés par la Capeb, une dégradation de la trésorerie signalée par de plus en plus d'entreprises. En cause, « la contraction de la demande et l'allongement de la durée de paiement », signale Sylvie Montout. Autre difficulté, l'évolution des carnets de commandes. Depuis plusieurs trimestres, ils sont de moins en moins garnis. Au deuxième trimestre 2025, les carnets prévoient 68 jours de travail, quatre de moins qu'il y a un an. En 2022, année exceptionnelle de rebond post Covid, un pic avait été atteint avec 101 jours. Un enjeu crucial, souligne Sylvie Montout : « lorsque le nombre de jours des carnets de commandes diminue, la possibilité de maintenir l'emploi diminue aussi ». De fait, là aussi, les chiffres sont à la baisse. Au premier trimestre 2025, l'emploi a reculé dans les entreprises du bâtiment de moins de 20 salariés (- 3,4%), une tendance qui se poursuit depuis huit trimestres. « 28 305 emplois ont été détruits, mais la baisse d'emplois aurait pu être encore plus marquée. Les entreprises ont pour stratégie de maintenir leurs emplois en dépit de la perte d'activité », analyse Sylvie Montout. « Les petites entreprises qui n'ont que quelques salariés, ont un salarié compétent, essaient de les garder, car elles ne savent pas ce qu' elles vont retrouver », complète le président de la CAPEB. Pour autant, il met en garde sur un autre phénomène inquiétant : la diminution du nombre d'apprentis dans le bâtiment en cette rentrée 2025, alors même que l'arrivée de nouvelles générations est indispensable au renouvellement des effectifs et à la croissance de l'artisanat du bâtiment.

Les TPE sous-représentées ?

Les nouveaux arrêtés sur la représentativité patronale dans le secteur du bâtiment défavorisent les TPE, dénonce la Capeb. Selon elle, le nouveau dispositif « affaiblit significativement la possibilité pour les TPE de négocier des règles qui soient adaptées à leurs spécificités et dilue leur place face aux grands groupes du secteur ».