Les menaces sur l'emploi et sur la paix au coeur des cortèges du 1er-Mai

Menaces sur l'emploi incarnées par les suppressions de postes chez le géant de l'acier ArcelorMittal, "crise du travail" mais aussi inquiétudes pour la paix et la stabilité dans le monde: les traditionnels cortèges du 1er-mai ont fait entendre jeudi...

Manifestation à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai 2025 à Bordeaux © PHILIPPE LOPEZ
Manifestation à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai 2025 à Bordeaux © PHILIPPE LOPEZ

Menaces sur l'emploi incarnées par les suppressions de postes chez le géant de l'acier ArcelorMittal, "crise du travail" mais aussi inquiétudes pour la paix et la stabilité dans le monde: les traditionnels cortèges du 1er-mai ont fait entendre jeudi, des craintes et revendications diverses des salariés. 

Malgré un soleil radieux sur la quasi-totalité de la métropole, les manifestants des quelque 270 cortèges organisés partout en France voient les nuages noirs s'accumuler au-dessus du monde du travail à commencer par la situation d'ArcelorMittal qui prévoit un plan de suppression d'environ 600 postes dont une majorité à Dunkerque. 

Dans la ville portuaire du Nord, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à l'appel de la CGT, en présence de plusieurs responsables politiques, dont Olivier Faure (PS), François Ruffin (ex-LFI), Marine Tondelier (Ecologistes) ou Aurélie Trouvé (LFI).

A Metz, des salariés d'ArcelorMittal Florange, où 113 emplois doivent être supprimés, étaient aussi présents. 

A Rennes où les organisateurs ont recensé 4.000 participants et la préfecture 3.000, Guillaume Naud, 53 ans, éducateur social et adhérent FO, s’inquiétait aussi du retour de la guerre et de ses conséquences: "Les budgets militaires vont augmenter et le social et le scolaire vont trinquer."

"On est dans un contexte d'inquiétude au niveau international et économique", constatait encore Carole Nejjari, professeure d'histoire-géographique dans le cortège marseillais, où la préfecture a comptabilisé 3.600 personnes et la CGT 15.000. 

A Toulouse, ils étaient entre 6.500 (préfecture) et 10.000 (organisateurs), quelque 3.000 à Narbonne où devait se tenir un meeting du RN, 1.800 à Brest, selon la préfecture, 2.200 à Nancy et encore 2.900 à Strasbourg.

Peu avant le départ du cortège parisien, vers 14H00, la N.1 de la CGT, Sophie Binet a salué une "réussite" de la mobilisation avec "des centaines de milliers de manifestants", annonçant une nouvelle "journée de manifestation et de grèves" le 5 juin pour réclamer l'abrogation de la réforme des retraites.

A ses côtés, Frédéric Souillot (FO) a souligné que son syndicat portait notamment "l'exigence d'une augmentation des salaires" et "l'abrogation de la réforme des retraites". 

Crise du travail

La journée internationale des travailleurs se tient cette année, comme l'an dernier, sans large unité syndicale. La CGT a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale". 

Cent jours après l'arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump, Murielle Guilbert, codéléguée de Solidaires, a relevé qu'elle ne connaissait "pas un seul salarié aujourd'hui qui ne s'inquiète pas de ce que fait Trump et de la montée du racisme".

Lors d'une prise de parole devant ses militants en marge de la manifestation parisienne, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a promu un 1er-mai "politique" et "antiraciste", se prononçant en outre pour une "nationalisation d'ArcelorMittal".

Le cortège parisien a été temporairement immobilisé peu après son départ par quelques dizaines de gilets jaunes chantant puis des black blocs. Des tensions ont été observées autour du stand du PS.

La numéro un de la CFDT et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se sont pour leur part retrouvés dans le centre de Paris pour une table ronde sur le travail, Marylise Léon expliquant qu'il s'agissait d'avoir un espace pour évoquer "la crise du travail", "le grand impensé du moment".  

Le rendez-vous traditionnel se tient aussi au moment où le gouvernement affiche son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er Mai, seul jour férié et chômé en France. Les syndicats y opposent une fin de non-recevoir.  

"Il y a des gens qui ont envie de travailler dans le pays et quand ils sont sur une base volontaire, avec un doublement de salaire, ils doivent pouvoir le faire", a jugé jeudi la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet sur RTL.

Dans le cortège bordelais, où 2.350 personnes manifestaient selon la préfecture, Jeanne Lafon, fonctionnaire 53 ans, soulignait qu"il faut que ce jour reste chômé pour tout le monde".

En amont de la journée, la présence de militants de l'ultragauche était jugée très probable à Paris, Lyon ou Nantes. Dans ces deux dernières villes, des heurts ont émaillé les cortèges, forts, de source préfectorale, de 5.000 manifestants à Nantes (15 interpellations) et 6.500 à Lyon (trois interpellations).

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