Les phoques des baies de Somme et d’Authie protégés des embarcations à moteur
Plusieurs opérateurs ont signé une charte pour réglementer les embarcations rapides à moteur, entrant dans le cadre de Natura 2000. Elle vise à protéger la plus grande colonie de phoques de France, avec environ 800 individus. Ils devront notamment respecter une distance supérieure à 100 m autour d'un groupe de phoques.

Depuis 2020, on constate un développement croissant des activités de loisirs dans la baie de Somme avec notamment des prestations de sortie, de découverte et d'observation de l'environnement marin, en particulier les phoques. C'est une espèce protégée au niveau européen. Des constats de potentiels dérangements occasionnés par l'activité commerciale à bord d'embarcations rapides à moteur ont été faits.
Des conséquences graves sur la colonie de phoques
Or, le dérangement répété des mammifères marins a différentes conséquences : dépenses énergétiques lors de la fuite, arrêt de l'activité normale (repos, alimentation, reproduction, allaitement des jeunes), augmentation du stress, séparation temporaire ou irrémédiable du couple mère-petit pouvant mener à la mort du nouveau-né. De plus, dans l'eau, les phoques peuvent subir des blessures physiques, suite à une collision avec une embarcation motorisée. Ainsi, les opérateurs se sont engagés à respecter certaines préconisations afin d'éviter le dérangement de ces animaux, notamment la vitesse et le bruit.
De plus, les sites de la baie de Somme et de la baie d’Authie sont des sites classés Natura 2000. La préfecture maritime de la Manche - mer du Nord a souhaité le mettre en application l'article R414-29 du code de l'environnement et donc de conditionner le maintien de l'activité concernée par la réalisation d'une évaluation d’incidence Natura 2000. Le coût financier étant à la charge des opérateurs, le mandat a été confié au parc naturel marin avec l'appui de la délégation mer et littoral 62/80 pour élaborer une charte Natura 2000 dite «Warsmann», à laquelle l'adhésion et donc la signature dispense de la réalisation d'une telle évaluation. L’ambition est de conjuguer à la fois préservation de la nature et développement économique : «Les opérateurs s’engagent notamment à respecter une distance supérieure à 100 m autour d'un groupe de phoques localisé sur un reposoir, à éviter tout changement brutal, de vitesse, de direction de l'embarcation, à positionner l’embarcation parallèlement au reposoir, à ne pas mettre l'embarcation à la dérive, ne pas faire de demi-tour devant le reposoir, réaliser le demi-tour une fois seulement éloigné, a précisé Emmanuel Maquet, président du parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. Nous avons gardé 80 % de vos revendications, a-t-il adressé aux professionnels. On reprend ce que vous pratiquez déjà en grande partie. Vous avez déjà le respect de la nature».

En concertation avec les opérateurs concernés
Cette charte a été élaborée en concertation avec les opérateurs concernés et a été validée par le conseil de gestion du parc naturel marin le 27 février dernier. Les opérateurs qui souhaitent être dispensés de cette évaluation Natura 2000 doivent donc la parapher avant le 1er juillet 2025. Les premiers ont signé le 6 mai 2025 au Cap Hornu à Saint-Valery-sur-Somme. Il s’agit d’Arnaud Forest, gérant de la société Les p’tits Charcots, de Mathieu Bourgau, gérant de la société L’Etoile de la Baie, d’Olivier Petilleon et de Sébastien Bolis, gérants de la société Cap baie de Somme, de Christophe Marie, gérant de la Canoterie, de Michel Carpentier, président du club nautique berckois, de Louis Sylla, gérant de la société Pinasses de la baie et de l’association PACTE des Valéricains.
Arnaud Forest, gérant de la société Les p’tits Charcots (qui emploie quatre capitaines et deux personnes à l’accueil billetterie), compte quatre semi-rigides de 12 places et embarque environ 16 000 personnes par an), confie : «C’est le fruit de quatre ans de discussions, de débats. Aujourd’hui, je pense beaucoup à mon père Philippe, décédé l’an dernier, qui avait participé à son élaboration. Maintenant, nous sommes tous au même niveau. Il faut prendre conscience que ce site est délicat fragile. C’est une plus-value de se poser comme défenseur des côtes picardes et de l’environnement».
Une fois par an, un bilan sera dressé pour voir s'il convient d'ajuster cette charte. L'enjeu est de faire passer les grands messages : «C'est un commencement», a souligné pour sa part Frédéric Fasquel, le directeur du parc naturel marin des estuaires Picard et de la mer d’Opale.