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Conjoncture

Les PME à l'épreuve de la géopolitique

En 2024, les PME ont subi une baisse de leur activité qui a fragilisé leur situation financière. Cette dynamique négative pourrait être accentuée par la multiplication des troubles géopolitiques.


(c) Adobe Stock.
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Tous les indicateurs sont au rouge. Le 24 juin, un webinaire sur « Les défis des TPE-PME : marqueurs des grandes tendances économiques », organisé par la Coface, assureur -crédit, dévoilait les résultats d'une récente étude consacrée aux PME, réalisée par Les Échos Études. Constat principal, « les dirigeants sont confrontés à une triple pression de revenus en baisse, d'encaissements de plus en plus incertains et de hausses des charges », explique Sabrina Tiphaneaux, directrice adjointe de Les Échos Études. D'après l'étude, 43% des dirigeants désignent la baisse de la demande comme leur source d’inquiétude majeure. La même proportion pointe les retards de paiement et 36% les hausses des coûts d'exploitation.

Autre constat, « une baisse de l'activité en 2024. (…) la dynamique est globalement négative », poursuit Sabrina Tiphaneaux. 40% des sondés déclarent avoir subi une baisse, 30% un maintien, et 29% une augmentation. « Les chiffres d'affaires sont en recul. (… ). Pendant plusieurs années, les prix ont été tirés vers le haut, et une partie de la croissance du chiffre d'affaires était due à cet effet prix. C'est moins le cas aujourd'hui. Et surtout, depuis plusieurs trimestres, on constate une baisse des volumes », confirme Abou Dembele, responsable souscription risque à la Coface. Cette tendance pèse sur la rentabilité des entreprises dont 47% des sondés estiment qu'elle a diminué l'an dernier.

Dans le même sens, la situation financière de ces sociétés est inquiétante : 8% des interrogés seulement jugent leur situation financière excellente. Mais 13% estiment qu'elle a atteint un niveau critique et 23%, qu'elle est fragile . Une configuration qui ne laisse pas de marge de manœuvre en cas d'imprévu ou pour investir. De fait, selon l'étude, si la moitié des entreprises a sollicité un financement dans les douze derniers mois, c'est prioritairement pour un besoin de trésorerie, et en second lieu seulement pour investir. Or, les entreprises ont plus souvent obtenu un prêt pour investir que pour leur trésorerie.

« Attentisme » et conflits au Moyen-Orient

La situation des entreprises diffère selon les secteurs d’activité, certains d'entre eux ayant été particulièrement impactés comme l'acier, la chimie ou encore l'automobile, note Abou Dembele. L'automobile, en particulier, cumule les difficultés. « La transition vers l’électrique nécessite des investissements, mais en face, la demande patine. Elle n'est pas au niveau attendu pour obtenir un retour sur investissements », explique Abou Dembele. De plus, la concurrence asiatique est féroce. Face aux mesures protectrices européennes, « leur stratégie est de prendre les surcoûts sur les marges pour prendre des parts de marché », analyse l'expert. Mais au sein même du secteur, toutes les entreprises ne subissent pas les même risques. Les fournisseurs de rang 2 ou 3 à l'assise locale, très dépendants de certaines marques de constructeurs sont dans une posture particulièrement « inquiétante », pointe Abou Dembele.

Au delà des différences sectorielles, toutefois, l'ensemble des PME a pâti d'un climat économique national morose. En France, en 2024 « la demande domestique stagne », explique Bruno de Moura Fernandès, responsable de la recherche macroéconomique à la Coface. Il pointe « l'attentisme », qui naît des troubles politiques nationaux et géopolitiques. Les ménages ont préféré épargner, les entreprises ont hésité à investir. Pour l'instant, 2025 n'a fait que renforcer ce contexte général peu dynamisant. En avril, les annonces d'augmentation des droits de douane par Donald Trump, président des Etats-Unis ont injecté une dose massive d'incertitude dans l'économie mondiale. Quant aux conséquences des éventuels droits de douane qui seront effectivement appliqués, « la France n'est pas le pays le plus exposé directement, mais des secteurs comme les vins et spiritueux, le luxe, la pharmacie et aéronautique pourraient l'être », explique Bruno de Moura Fernandès.

Mais aujourd'hui, c'est le conflit israélo-américano-iranien qui constitue le « principal risque économique mondial » note l'expert. En cause, la poussée d'inflation qui pourrait naître d'une explosion du prix du pétrole. Pour l'instant elle a été contenue. Tout dépendra de l'évolution des tensions …