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Les signaux de désindustrialisation se multiplient

La dynamique d'industrialisation s'est enrayée au premier semestre 2025, selon une étude publiée par le ministère de l’Economie. Territoires d'industries traditionnelles confrontés à des crises, comme l'automobile, la région Grand Est et les Hauts-de-France sont particulièrement touchés.


© Adobe Stock
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La France terre d'industrie, un objectif qui s'éloigne ? Le bilan du premier semestre de 2025 est inquiétant selon le « baromètre industriel de l’État », publié le 30 octobre par Bercy. L'étude recense les ouvertures et les fermetures d'usines sur le territoire national, ainsi que leurs extensions. Après des tendances très positives observées en 2022 et 2023, le baromètre de l’année 2024 enregistrait un ralentissement de la dynamique de réindustrialisation. Ce premier semestre, la tendance se confirme. Le baromètre enregistre 82 fermetures d'usines, contre presque deux fois moins d'ouvertures (44). Sur la même période de 2024, l'étude avait comptabilisé 61 ouvertures, contre 60 fermetures. Ce n'est qu'en prenant en compte les extensions et les réductions importantes de sites (ayant potentiellement un impact comparable à celui d'une ouverture ou fermeture de site) que le bilan redevient positif. Bercy enregistre 86 extensions de site et 39 réductions ces six premiers mois de 2025. Au total, le solde global reste donc positif (+ 9), mais beaucoup moins que le semestre précédent ( +48). Et plusieurs tendances montrent que cette affaiblissement devrait se prolonger au deuxième semestre, voire en 2026, selon Bercy.

La France a beau rester le pays le plus attractif d'Europe pour les investissements étrangers, d'après le baromètre EY, ces investissements ont diminué de 7%, depuis le début de l'année. De plus, les tensions commerciales menacent de peser sur les exportations, tandis que l'incertitude politique nationale décourage les entreprises d'investir.

Ainsi, au premier semestre 2025, le nombre d'autorisations, d'enregistrements et de déclarations d'ICPE, installations classées pour la protection de l'environnement, délivrés à des projets industriels a continué à diminuer, ce qui augure mécaniquement d'une baisse d'ouvertures de sites. Seul bémol, Bercy observe un maintien de la dynamique de demandes auprès des dispositifs de politique industrielle et notamment du C3IV, crédit d’impôt pour l’industrie verte.

Défense en hausse, automobile en baisse

Au delà de la tendance générale au ralentissement, les dynamiques différent selon les secteurs, certains d'entre eux continuant d'afficher un solde positif d'ouverture d'usines. En tête figure l'industrie verte ( + 11 ouvertures au premier semestre). La dynamique est notamment portée par l’économie circulaire, avec l’ouverture de sites dédiés au recyclage de diverses matières et au reconditionnement d’appareils. Autre secteur porteur, celui de la défense qui figure pour la première fois parmi les secteurs les plus dynamiques (+8), avec une forte prépondérance de projets liés à l’aéronautique militaire. Suit l'électronique, avec un solde de + 3. A l'inverse, parmi les secteurs qui souffrent, la mécanique et l'agroalimentaire figurent en tête ( -6). Suit la chimie ( -4) , qui demeure pénalisée par les prix de l'énergie et la forte concurrence internationale. Les secteurs des transports et de l'automobile – principalement les équipementiers- se trouvent également en difficulté (avec un score équivalent de -4 ) .


Au niveau régional aussi, les bilans de ce premier semestre sont variés, miroir des spécialités économiques des territoires. Les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine affichent les dynamiques les plus positives (+ 8), portées par l'essor de l’aéronautique et de la défense. A l'inverse, les régions du Nord-Est de la France, territoires d'industries traditionnelles confrontés à des crises, comme l'automobile – continuent leur trajectoire à la baisse (– 5 pour la région Grand Est et pour les Hauts-de-France). Et les Pays de la Loire affichent pour la première fois, un solde négatif (–6), notamment en raison des difficultés du secteur automobile.