Logement et aléas climatiques : les Français conscients mais peu préparés
Le neuvième baromètre Qualitel révèle une population à la fois lucide sur la dégradation du climat mais encore peu préparée, entre inconfort thermique, dégâts matériels et inquiétudes croissantes sur la capacité des habitations à résister aux risques à venir.
La tendance se confirme d’année en année. Selon le dernier baromètre de l’association Qualitel, réalisé avec Ipsos auprès de 3 680 Français et paru le 8 octobre, 86% des ménages ont déjà subi l’impact d’un phénomène climatique qui a affecté leur logement, au cours des dix dernières années. Le dérèglement climatique s’impose ainsi comme une réalité collective : 94% reconnaissent que le pays est désormais exposé à au moins un type de risque climatique. Les aléas liés à l’eau et au vent (inondations, érosion côtière, tempêtes…) arrivent tête (87%), devant les fortes chaleurs (81%) et les vagues de froid (27%). La canicule demeure le fléau le plus fréquemment cité : 74% des interrogés y ont déjà été confrontés, suivie par la sécheresse ou la grêle (56%) et les tempêtes (55%). Le retrait-gonflement des argiles, phénomène pourtant de plus en plus prégnant, qui fissure les façades, n’est évoqué que par 12 % des sondés.
Des logements peu armés face aux risques
Si la prise de conscience est généralisée, la protection actuelle des logements reste inégale. Près d’un Français sur deux estime que son habitation n’est pas suffisamment protégée contre la canicule, un sentiment encore plus marqué, forcément, chez ceux qui vivent en appartements (60% contre 42% pour les maisons). Dans ces dernières, c’est la grêle qui suscite le plus de craintes avec 49% des propriétaires considérant leur habitat insuffisamment couvert.
En parallèle, 74% des répondants anticipent de nouveaux épisodes extrêmes pouvant affecter leur logement actuel, une perspective qui inquiète 42% d’entre eux. Et davantage les jeunes : « 28% des moins de 25 ans pensent qu’ils pourraient être contraints de devoir déménager d’ici 20 ans, à cause des aléas climatiques », souligne l’étude.
La chaleur, premier facteur d’inconfort
La hausse des températures se traduit concrètement dans la vie domestique. Deux tiers des ménages affirment avoir déjà souffert de la chaleur chez eux, un inconfort accentué dans les studios (74%) et les logements des grandes agglomérations (72%). Les matériaux de construction utilisés et l’inertie thermique qui en découle jouent un rôle déterminant. Les conséquences matérielles, elles, ne sont pas négligeables : 28% des ménages ont subi des dommages dans leur habitation au cours de la dernière décennie, qu’il s’agisse du bâti, du mobilier ou des équipements.
Les maisons sont particulièrement touchées : les toitures et charpentes concentrent 44% des sinistres, devant les façades (26%) et les sous-sols ou garages (20%). Dans 7% des cas, les dégâts ont conduit à un déménagement définitif, et pour 20% d’entre eux, la facture de réparation dépasse 10 000 euros. Si 67% ont été indemnisés, seule une minorité (28%) l’a été totalement. Une situation qui nourrit les inquiétudes : un sinistré sur deux redoute une hausse de sa prime d’assurance ou l’impossibilité d’assurer son logement à l’avenir.
Des adaptations encore timides
Dans ce contexte, les gestes de prévention demeurent marginaux : seuls 20% des propriétaires ont envisagé des travaux pour renforcer leur logement et 13% les ont effectivement réalisés. Parmi ceux ayant connu un sinistre, cette proportion grimpe à 21%. Le principal frein est financier : 64% jugent ces aménagements trop coûteux et 82% de ceux qui les ont entrepris confirment cette perception au regard des budgets engagés. Isolation, protections solaires ou renforcement de la toiture figurent parmi les interventions les plus citées.
Un manque d’information persistant
Autre constat : le risque climatique reste souvent absent des critères de choix d’un logement. Seuls 30% des propriétaires affirment y avoir réfléchi avant leur achat et 65% déclarent ne pas avoir reçu d’informations sur la vulnérabilité de leur bien. Plus largement, 38% estiment les dispositifs publics de prévention insuffisants, tandis que 71% ignorent l’existence même des cartographies locales ou régionales recensant les zones à risque. Le réchauffement climatique s’impose ainsi comme un enjeu majeur de la qualité du logement, mais encore absent des réflexes immobiliers.
AÏcha BAGHDAD et B.L La présence d’enfants dans un foyer jour un rôle significatif dans l’accélération des inégalités salariales. L’écart de rémunération s’établit à 6,1% pour les salariés sans enfants, mais il double à 12% dès l’arrivée du premier enfant, puis atteint 20% pour les parents de deux enfants et grimpe à 29,5% pour les familles nombreuses avec trois enfants ou plus. « Ces différences proviennent à la fois de la baisse de salaire observée après la naissance mais aussi des carrières durablement ralenties des mères », souligne l’Insee.
Par Aicha Baghdad et B.L