Loi "Duplomb": des ONG crient au "scandale" sanitaire et environnemental

Des ONG de défense de l'environnement et de la santé mais aussi des associations paysannes se sont alarmées vendredi de mesures contenues dans la proposition de loi "Duplomb" sur l'agriculture, criant au "scandale" dans un...

La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), présidée par Allain Bougrain Dubourg, avait organisé l'enterrement symbolique de la biodiversité le 13 mars 2025 à Rochefort (Charente-Maritime) © Christophe ARCHAMBAULT
La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), présidée par Allain Bougrain Dubourg, avait organisé l'enterrement symbolique de la biodiversité le 13 mars 2025 à Rochefort (Charente-Maritime) © Christophe ARCHAMBAULT

Des ONG de défense de l'environnement et de la santé mais aussi des associations paysannes se sont alarmées vendredi de mesures contenues dans la proposition de loi "Duplomb" sur l'agriculture, criant au "scandale" dans un contexte politique jugé "hostile à la nature".

Pesticides, agrandissement des élevages, assouplissement de certaines obligations environnementales: ce texte venu du Sénat, qui dit vouloir "lever les contraintes" pesant sur les agriculteurs, doit être examiné à l'Assemblée nationale du 26 au 31 mai.

"La charge est très lourde (pour les agriculteurs), mais quand on voit ce qui se cache derrière les propos tenus, ça flirte avec le scandale. Et c'est pour ça qu'on va se battre", a déclaré lors d'une conférence de presse Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.

Avec une dizaine d'autres associations (Aspas, FNH, France Nature Environnement WWF...), celle-ci s'est inquiétée de "défaites" environnementales à l'occasion de la Fête de la Nature (21-25 mai).

Cette édition se déroule "dans un contexte politique particulièrement hostile à la nature", ont-elles jugé dans un communiqué commun, ciblant en particulier la proposition de loi consacrée à l'agriculture.

Celle-ci s'apprête "à assouplir les procédures d'autorisation environnementale, à affaiblir l'Office français de la biodiversité (OFB) (...), à réautoriser les néonicotinoïdes +tueurs d'abeilles+ interdits depuis 2018, à faciliter l'implantation de mégabassines qui accaparent les ressources en eau au profit de l'agriculture intensive et à modifier la définition des zones humides pour en diminuer la protection alors qu'elles sont essentielles face aux inondations et sécheresses", ont-elles listé.

Pour Franck Rinchet-Girollet, porte-parole d'Avenir santé environnement, association née à la suite d'un nombre élevé de cancers pédiatriques dans la région de La Rochelle, "cette loi est une fausse réponse à un vrai problème. Au lieu de protéger notre agriculture, elle la renvoie vers le passé. Au lieu de prendre en compte la santé, elle prolonge la dépendance à un modèle toxique". 

Un constat partagé par l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), ainsi que par un collectif d'associations paysannes et de défense du bien-être animal, qui ont décidé d'interpeller directement les députés, par des messages ou des courriers.  

"Les enjeux liés à la biodiversité, (...) à la santé publique et à l'avenir de l'agriculture ne peuvent être sacrifiés au nom de jeux politiques ou des intérêts des lobbys agrochimiques", a déclaré Christian Pons, président du syndicat d'apiculteurs, cité dans un communiqué. 

De leur côté, une demi-douzaine d'associations - dont Greenpeace, Réseau Action Climat et CIWF France, qui promeut des pratiques d'élevage respectueuses du bien-être animal - ont dénoncé dans une lettre ouverte aux députés les assouplissements de la réglementation sur les élevages industriels figurant dans la proposition de loi.  

Cette stratégie "fait le jeu des industries agroalimentaires et de l'alimentation animale" mais elle "ne pourra pas, à moyen ou long terme, soutenir l'élevage en France", alertent ces ONG dans leur lettre. 

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