Louis Sarkozy veut faire sa révolution à Menton, le RN aussi
À Menton, Louis Sarkozy, le plus jeune fils de l'ancien président, est parti à 28 ans à la conquête d'une ville à la mentalité insulaire, marquée par les scandales et où...
À Menton, Louis Sarkozy, le plus jeune fils de l'ancien président, est parti à 28 ans à la conquête d'une ville à la mentalité insulaire, marquée par les scandales et où le Rassemblement National fait figure de favori.
Bien sûr, son nom de famille ouvre bien des portes sur la Côte d'Azur. Lorsqu'il arpente les allées du marché de Noël, les regards se tournent, des passants prennent des photos de ce chroniqueur habitué des plateaux télés.
Entouré d'une jeune garde rapprochée, il ne va pas au-devant des gens comme un candidat aguerri mais accueille avec attention ceux qui l'approchent. Si certains passants grommellent contre le "parachuté", voire "l'Américain", pays où il a grandi après la séparation de ses parents, beaucoup se montrent curieux.
"J'aimais bien Nicolas Sarkozy alors je suis contente que son fils vienne à Menton", explique une jeune femme de 25 ans qui ne souhaite pas donner son nom. Responsable de magasin à Monaco, elle représente une nouvelle génération d'habitants attirés par les milliers d'emplois créés chaque année dans la principauté voisine.
"On a beaucoup de jeunes avec nous. On est l'incarnation de cette idée que Menton n'est plus une ville de vieux", martèle Louis Sarkozy. "Et les gens veulent du neuf".
Après trois décennies sous la houlette de Jean-Claude Guibal (LR), le décès brutal du baron local en 2021 a plongé dans une zone de turbulences la ville de 31.000 habitants, coincée entre l'Italie et Monaco, française depuis 1861 et qui cultive son particularisme avec fierté.
Ses anciens adjoints se sont déchirés, les projets en cours ont stagné et les affaires judiciaires se sont accumulées. Le maire sortant Yves Juhel doit d'ailleurs comparaître devant la justice en mars pour détournement de fonds publics.
Dans le même temps, les deux principaux musées sont fermés depuis des années, des concessions de plages ont été suspendues, l'hôtel cinq étoiles attendu depuis des années est toujours en travaux...
Et l'inquiétude persiste face à la pression migratoire, même si les migrants ne font que passer discrètement, Menton étant dans la bande frontalière où ils sont raccompagnés d'office en Italie.
Divisions
Ce contexte semble porter la députée Alexandra Masson, avocate de 54 ans, ancienne militante LR passée au RN, élue en 2022 et réélue dès le premier tour l'an dernier mais avec seulement 35% dans la ville de Menton.
En 2020, le candidat soutenu par le RN avait obtenu 44% au second tour. En 2023, de l'autre côté de la frontière, Vintimille s'est choisi un maire issu de la Ligue, parti d'extrême droite de Matteo Salvini.
Sur le marché de Noël, Mme Masson s'arrête à tous les stands, serre toutes les mains, semble connaître tout le monde et multiplie les promesses de faire enfin de ce "petit bijou" de ville la vitrine d'une bonne gestion.
"Elle va représenter le renouveau", juge Élisabeth Kestemont, une retraitée de 70 ans. "Louis Sarkozy, il choque beaucoup de Mentonnais. Il cherche juste un tremplin".
Elle aurait bien voté pour Sandra Paire, l'ancienne première adjointe de M. Guibal, dont plusieurs soutiens se signalent avec un badge bleu dans les allées du marché. Mais cette dernière a été condamnée en appel à deux ans d'inéligibilité pour prise illégale d'intérêt. Elle s'est pourvue en Cassation et a maintenu sa candidature, tout comme Florent Dauphin, un ancien adjoint de M. Juhel.
Si Louis Sarkozy a pour l'instant échoué à rassembler cette droite sous son nom, au moins a-t-il obtenu le soutien de LR. Même s'il n'a pas encore la carte et que son profil clive sur les réseaux sociaux, où il exhibe ses tatouages.
Il a ainsi plaidé pour légaliser toutes les drogues afin de ruiner les trafiquants, instaurer un service militaire obligatoire pour 10% des nouveaux immigrants et aux petits délinquants ou encore limiter drastiquement le code de la route afin de responsabiliser les conducteurs.
Et ce fervent admirateur de Napoléon ou du président argentin Javier Milei aura du mal à mobiliser les maigres troupes centristes ou de gauche de la ville dans un éventuel barrage au RN. Surtout depuis que son père, attendu à Menton vendredi pour une dédicace de son dernier livre "Le Journal d'un prisonnier", se dit opposé à un nouveau front républicain.
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