LR refuse d'entrer au gouvernement Lecornu 2 malgré les divergences internes
Les Républicains ont refusé samedi de participer au prochain gouvernement de Sébastien Lecornu, suivant la ligne défendue par son président Bruno Retailleau, et ce malgré de fortes divergences internes.

Les Républicains ont refusé samedi de participer au prochain gouvernement de Sébastien Lecornu, suivant la ligne défendue par son président Bruno Retailleau, malgré les fortes divergences internes apparues entre sénateurs et députés. "A ce stade, la confiance et les conditions ne sont pas réunies pour que Les Républicains participent au gouvernement", a reconnu le parti à l'issue d'un bureau politique "houleux", selon plusieurs participants, qui rapportent des échanges musclés et même des insultes.
Cette instance, qui a un pouvoir décisionnel et regroupe les principales personnalités de la droite comme Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand, est plutôt acquise au président du parti. Les LR, revenus aux affaires il y a un an lors de la nomination de Michel Barnier à Matignon, se sont limités à promettre "un soutien texte par texte" au prochain exécutif, assurant ne pas vouloir être "les artisans du chaos". Avec cette prise de position officielle du parti, Bruno Retailleau tape du poing sur la table et tente de mettre un terme aux profondes divisions survenues ces derniers jours et qui se sont intensifiées depuis que Sébastien Lecornu a été reconduit vendredi soir par Emmanuel Macron.
Barnier s'abstient
Ces divergences sont apparues lors d'une réunion samedi matin des parlementaires LR, où les sénateurs se sont rangés pour la plupart derrière la position du patron du parti, tandis que les députés, menacés par une dissolution, se sont montrés largement favorables à une participation."Participer, c'est le dernier acte d'une dissolution dans le macronisme", a prévenu le patron des Républicains, sans convaincre pour autant les députés et même ses propres soutiens comme l'ex-Premier ministre Michel Banier, récemment élu à l'Assemblée nationale, qui s'est abstenu lors du vote du bureau politique. Dans la nuit de vendredi à samedi, le groupe des députés LR avait apporté un très large soutien à Sébastien Lecornu.
Après la dissolution de 2024, de nombreux députés LR avaient sauvé leur siège face au RN dans des circonscriptions rurales, en grande partie grâce à leur ancrage local. Beaucoup ne se sentent pas redevables au parti, dont le nom ne figurait souvent pas sur les affiches électorales, et craignent de ne pouvoir contenir une nouvelle poussée de l'extrême droite en cas de législatives anticipées.
Wauquiez renforcé
Avec une cinquantaine d'élus, les députés du parti issu du gaullisme occupent une position de pivot à l'Assemblée nationale et constituent aux côtés du bloc macroniste la deuxième composante du socle commun.Le rejet par LR de la main tendue de Sébastien Lecornu intervient moins d'une semaine après la décision inverse des parlementaires. Ils avaient donné le feu vert dimanche dernier à leur participation au premier gouvernement de Sébastien Lecornu.
Bruno Retailleau lui-même avait été reconduit au ministère de l'Intérieur, avant de déclencher la chute du gouvernement quelques heures plus tard, en estimant que sa composition ne reflétait pas la "rupture" annoncée et en pointant tout particulièrement la nomination du macroniste Bruno Le Maire au ministère des Armées.
Membre le plus populaire de l'exécutif, Bruno Retailleau s'est imposé dans le paysage politique depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur il y a un an, passant du statut de sénateur celui de présidentiable. En renonçant à rempiler au ministère de l'Intérieur, il ne disposera plus désormais de la tribune que lui offrait son poste pour s'affirmer comme candidat de la droite en 2027. En interne, son rival Laurent Wauquiez, qu'il avait largement battu lors d'une élection interne au printemps à la tête du parti, pourrait sortir renforcé de cette séquence.
La position adoptée ce samedi par le parti ressemble comme deux gouttes d'eau à celle défendue il y a une semaine par le patron des députés LR, qui estimait que "les conditions n'étaient (déjà) pas réunies" pour participer au gouvernement Lecornu 1.