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Meurtre de Matisse à Châteauroux: un adolescent condamné à huit ans de prison

Un adolescent de 16 ans a été condamné mercredi par le tribunal pour enfants de Châteauroux à huit ans de prison ferme pour le meurtre de Matisse, 15 ans, tué de plusieurs coups de...

Marche en mémoire de Matisse, le 4 mai 2024 à Châteauroux © GUILLAUME SOUVANT
Marche en mémoire de Matisse, le 4 mai 2024 à Châteauroux © GUILLAUME SOUVANT

Un adolescent de 16 ans a été condamné mercredi par le tribunal pour enfants de Châteauroux à huit ans de prison ferme pour le meurtre de Matisse, 15 ans, tué de plusieurs coups de couteau en avril 2024 dans cette ville.

Le prévenu, un mineur de nationalité afghane en situation régulière arrivé dans l’enfance à Châteauroux avec sa mère, était jugé depuis lundi à huis clos pour avoir tué Matisse à la suite d’une bagarre causée par "une battle de rap" le 27 avril 2024, selon le père de la victime. 

Le jeune mis en cause s’était alors rendu chez lui s’emparer d’un couteau puis était revenu, accompagné de sa mère, asséner plusieurs coups à l’adolescent dont l’un avait atteint le cœur.

Le tribunal a retenu une "altération du discernement" de l'auteur au moment des faits, qui réduit la peine.

En raison de l'excuse de minorité, la peine maximale était de 15 ans de prison, a expliqué le procureur de la République de Châteauroux, David Marcat. L'altération du discernement a réduit la peine maximale encourue à dix ans, "peine que j'ai requise", a-t-il précisé à la sortie du tribunal.

A cela s'ajoute une "peine de suivi socio-judiciaire avec une injonction de soins" de 15 ans "pour éviter qu'il y ait de nouveaux passages à l'acte", a indiqué David Marcat.

La mère de l’accusé, âgée de 37 ans au moment des faits, a également été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Cette dernière aurait "asséné des gifles à la victime", selon le parquet de Bourges, qui s’est saisi du dossier, et doit être "prochainement jugée devant le tribunal correctionnel pour les faits qualifiés de violence sur personne vulnérable sans incapacité".

"Je n'attendais pas grand-chose de ce procès", a commenté le père de Matisse à son issue, saluant toutefois les 15 ans de suivi. "S'il fait des bêtises il retournera en prison, ça l'obligera peut-être à faire des efforts et à se soigner", a-t-il dit en parlant de l'adolescent condamné.

Le père et la mère de Matisse ont dit vouloir "lutter contre cette violence" qui peuvent toucher des adolescents, en intervenant dans des établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes.

Le procès s’est déroulé à huis clos, entouré d'un dispositif de sécurité renforcé pour éviter tout débordement: un "périmètre de tranquillité" grillagé mis en place sur ordre de la préfecture condamnait l’accès au tribunal, devant lesquels des agents de police filtraient les entrées.

Des mesures justifiées pour "garantir la sérénité des débats", conséquences des tensions qui ont émaillé les mois précédant le procès.

A l'issue du procès, la mère du prévenu a quitté le tribunal sous un concert d'insultes, encadrée par les policiers. Elle a dû rebrousser chemin et être exfiltrée en voiture, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Le procureur, s'il a dit comprendre l'"incompréhension" de certaines personnes face à la peine prononcée, a rappelé qu'elle a pour but la "protection de la société", "réparer par rapport aux victimes", mais qu'elle contient également "un principe de la primauté de l'éducatif qui reste ancré sur le répressif en matière de justice des mineurs".

La nationalité afghane de l’accusé et de sa mère avait donné lieu à de violentes polémiques, des responsables politiques de droite et d’extrême droite appelant notamment le gouvernement à durcir sa politique migratoire.

-Emotion considérable-

La tension était montée d’un cran en mai 2024, lorsqu’une ancienne magistrate du parquet de Bourges avait été accusée, à tort, d’avoir remis en liberté l’accusé, au casier judiciaire vierge mais mis en cause dans deux autres affaires.

Il avait été placé sous contrôle judiciaire pour des faits de vol avec violence commis la même année.

Le meurtre de Matisse avait causé une émotion considérable dans sa ville natale et au-delà. Quelques 8.000 personnes avaient défilé dans les rues de Châteauroux dans les jours suivant sa mort, et 2.000 environ assistaient à la cérémonie à sa mémoire, quelques jours plus tard.

Sur les façades des commerces et aux fenêtres des immeubles de Châteauroux, des photos et dessins de loutre (en référence au surnom du jeune Matisse) sont encore visibles.

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