Pic de canicule, l'Île-de-France dans le rouge
Paris et sa banlieue étouffent comme une grande partie du pays pour cette journée de mardi qui devrait marquer le pic d'une canicule précoce...

Paris et sa banlieue étouffent comme une grande partie du pays pour cette journée de mardi qui devrait marquer le pic d'une canicule précoce et exceptionnelle par sa durée.
A la mi-journée, le soleil reste brûlant.
Rémi, croisé dans le quartier de Belleville dans l'est parisien, ne prévoit de sortir que pour aller chercher sa fille. "Je suis en télétravail, et avec la chaleur, c'est plus difficile que d'habitude, mais au moins, je n'ai pas à me déplacer ni à prendre les transports", explique le trentenaire qui préfère ne pas donner son nom, casquette sur la tête.
"Des mesures ont été activées dès ce matin pour la protection des travailleurs et notamment adapter les horaires, suspendre les tâches pénibles, aménager les postes de travail", a assuré le Premier ministre lors d'une visite dans la matinée au Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises.
Des restrictions de circulation ont par ailleurs été mises en place et un "forfait antipollution" instauré dans les transports publics franciliens. Même la tour Eiffel est à la peine: le sommet des 330 mètres de fer puddlé restera fermé au public jusqu'à mercredi inclus.
Seize départements sont en vigilance rouge depuis midi. Parmi eux, tous les départements d'Île-de-France, mais aussi ceux de la région Centre (sauf l'Eure-et-Loir) ainsi que l'Aube, l'Yonne et la Vienne. Au niveau national, 68 départements sont en vigilance orange.
Météo-France a étendu la vigilance rouge à mercredi dans ces 16 départements mais prévoit une baisse progressive du mercure dans la journée.
A la mi-journée, la ville de Paris indique avoir activé le niveau 4 - le plus élevé - du plan canicule, renforçant ainsi la mise en œuvre des mesures d'accompagnement des personnes vulnérables.
Chaleur "éprouvante
Météo-France prévoit un pic caniculaire "très fort" dans le bassin parisien avec une chaleur "particulièrement éprouvante".
Des maximales atteignant 36°C, voire 41°C dans les départements en vigilance rouge sont attendues.
Devant cet épisode "exceptionnel en termes d'intensité, de durée et de zone géographique", selon les termes de la ministre du Travail Catherine Vautrin, les collectivités s'adaptent.
La ville de Melun (Seine-et-Marne) a fermé tous les établissements publics accueillant des enfants. Au niveau national, quelque 1.350 écoles publiques sur 45.000 font l'objet d'une fermeture partielle ou totale mardi.
La ministre déléguée chargée de la Ville, Juliette Méadel, encourage les maires des quartiers populaires à ouvrir gratuitement leurs piscines.
Cette série de jours et nuits de chaleur promettent d'éprouver les organismes.
A Bordeaux, "Jo", un SDF de 55 ans rue Sainte-Catherine, dit "souffrir énormément". Le bitume dans cette ville très minérale est plus chaud encore. Il dit "attendre que ça passe et espérer ne pas faire de malaise".
Lutte quotidienne
Les services d'urgence sont sur le pont.
"C'est une lutte quotidienne, un jeu de dominos et d'anticipation des problèmes", résume Pierre-Marie Tardieux, chef des urgences au CHU de Nice. Il dit recevoir "environ 30% de personnes âgées, mais aussi des travailleurs du bâtiment, des sportifs, des gens jeunes qui ont eu des coups de chaud" ainsi que "beaucoup de personnes qui vivent dans la rue".
Sur les passages aux urgences, "pour l'instant, nous n'avons pas de remontées significatives, mais nous savons qu'il existe un décalage de quelques jours", a rappelé la ministre de la Santé.
Cette 50e vague de chaleur nationale recensée depuis 1947, la 33e du XXIe siècle, s'inscrit dans un contexte de changement climatique qui en augmente l'intensité et la fréquence.
Dimanche, la Méditerranée a enregistré sa température de surface la plus chaude pour un mois de juin, selon le programme européen Copernicus.
Sous les quais de la Seine, un dédale de tuyaux œuvre à marche forcée pour que l'eau froide du fleuve rafraichisse Paris. "Hier, on a battu notre record absolu" en termes de puissance déployée, a indiqué à l'AFP Raphaëlle Nayral, secrétaire générale de Fraîcheur de Paris.
Ailleurs, les ventilateurs tournent à plein régime pour soulager hôpitaux ou écoles.
Il existe aussi "des apports de froid simple, des sachets qui peuvent être mis dans le congélateur", a suggéré François Bayrou, qui loue la géothermie.
"Le sujet que nous avons avec la climatisation, c'est un sujet de réchauffement", a commenté Agnès Pannier-Runacher à ses côtés. "Donc c'est une maladaptation. Il faut climatiser pour les personnes vulnérables et leur permettre d'avoir un répit. Mais en revanche, il ne faut pas en faire partout".
La cause de cette vague de chaleur, qui concerne tout le sud de l'Europe, est un dôme de chaleur: un large et puissant anticyclone forme une sorte de couvercle qui bloque l'air en basses couches, empêchant l'entrée de perturbations tout en le réchauffant progressivement.
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