Poutine propose des négociations directes avec l'Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a proposé dimanche des négociations "directes" et "sans condition préalable" entre la Russie et l'Ukraine le 15 mai à Istanbul, repoussant à de telles discussions toute possibilité d'instaurer le...

(g-d) Le Premier ministre polonais Donald Tusk, le Premier ministre britannique Keir Starmer, Olena Zelenska, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz rendent hommage aux victimes de la guerre au Mémorial des morts de la place de l'Indépendance (Maidan) à Kiev, le 10 mai 2025 © Roman PILIPEY
(g-d) Le Premier ministre polonais Donald Tusk, le Premier ministre britannique Keir Starmer, Olena Zelenska, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz rendent hommage aux victimes de la guerre au Mémorial des morts de la place de l'Indépendance (Maidan) à Kiev, le 10 mai 2025 © Roman PILIPEY

Le président russe Vladimir Poutine a proposé dimanche des négociations "directes" et "sans condition préalable" entre la Russie et l'Ukraine le 15 mai à Istanbul, repoussant à de telles discussions toute possibilité d'instaurer le cessez-le-feu exigé par les alliés de Kiev.

Dans une rare démonstration d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour accepter un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi Moscou s'exposerait à de nouvelles "sanctions massives.

Sans évoquer directement cette proposition, le président russe a reproché aux Européens de traiter la Russie "de manière grossière et à l'aide d'ultimatums" et a estimé que l'instauration d'une trêve devrait s'inscrire dans des discussions "directes" plus larges sur le conflit en cours depuis plus de trois ans.

"La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (....). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul", a déclaré M. Poutine dans une déclaration à la presse, en présence de journalistes de l'AFP, tard dans la nuit au Kremlin, précisant qu'il s'entretiendrait dans les heures qui viennent avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Il a ajouté que ces discussions devraient porter sur "les causes profondes du conflit".

"Nous n'excluons pas qu'au cours de ces négociations, il soit possible de se mettre d'accord sur de nouveaux cessez-le-feu, un nouveau cessez-le-feu, véritable, qui serait respecté non seulement par la Russie mais aussi par la partie ukrainienne, ce qui serait le premier pas vers une paix durable à long terme", a-t-il ajouté.

Sanctions "massives et coordonnées

L'offensive massive lancée par la Russie en février 2022 a fait des dizaines de milliers de morts et la Russie occupe actuellement 20% du territoire ukrainien.

Alors que les cartes ont été rebattues par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a entamé un rapprochement avec Vladimir Poutine et assure vouloir mettre fin au conflit, Moscou a rejeté jusqu'à présent les appels au cessez-le-feu.

Le Kremlin s'est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations des 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie, qui s'est achevée dans la nuit de samedi à dimanche. 

L'Ukraine n'a pas fait état de frappes de missiles russes de longue portée sur ses villes pendant cette trêve mais elle a accusé la Russie de centaines de violations sur la ligne de front. 

Après un appel téléphonique avec Donald Trump jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré que l'Ukraine était "prête" à mener "tous formats de négociations" avec Moscou.

"Mais pour que cela arrive, il faut que la Russie montre qu'elle veut sérieusement terminer la guerre, en commençant par un cessez-le-feu complet et sans conditions", avait-t-il poursuivi.

M. Zelensky a reçu samedi le soutien de ses alliés à l'occasion d'une visite à Kiev des dirigeants français Emmanuel Macron, allemand Friedrich Merz, britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk.

Selon le président français, une vingtaine de pays membres d'une "coalition des volontaires" de soutiens à l'Ukraine, qui ont échangé par visioconférence avec les dirigeants réunis à Kiev autour de l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, ont "décidé de soutenir un cessez-le-feu" de 30 jours, "avec une surveillance assurée principalement par les Etats-Unis d'Amérique" et à laquelle "tous les Européens contribueront".

Si la Russie refuse ce cessez-le-feu ou l'accepte mais le viole, il a été convenu que "des sanctions massives seraient préparées et coordonnées entre Européens et Américains", a-t-il précisé.

Aide militaire

Friedrich Merz a évoqué la poursuite d'une "aide massive" à Kiev faute de réaction du Kremlin et estimé que la guerre russe en Ukraine "vise à détruire l'ordre politique européen tout entier".

Sur la chaîne américaine ABC vendredi soir, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait estimé qu'un cessez-le-feu devrait être précédé d'un arrêt des livraisons d'armes occidentales, faute de quoi cela donnerait "un avantage à l'Ukraine" à un moment où "les troupes russes avancent de manière assurée" sur le front. 

"Manoeuvre dilatoire", a répliqué Emmanuel Macron.

Volodymyr Zelensky et les quatre dirigeants européens ont téléphoné à Donald Trump pour l'informer des résultats de leurs entretiens. 

Depuis le retour du milliardaire américain à la Maison Blanche en janvier, et son début de rapprochement avec le maître du Kremlin, les Ukrainiens et les Européens redoutent un accord qui se nouerait sans leur consentement.

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