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Production d’hydrogène bas carbone : H2V revoit son projet dunkerquois à la baisse

Depuis 2016, le groupe français H2V porte un projet d’usine de production d’hydrogène bas carbone au port de Dunkerque. Toutefois, l’abandon du projet du sidérurgiste ArcelorMittal de produire de l’acier par unités de réduction directe fonctionnant à l’hydrogène contraint l’industriel à revoir ses ambitions de production fortement à la baisse. En attendant l’émergence de nouveaux débouchés.

L’hydrogène vert remplacera, à terme, l’hydrogène gris produit à partir d’énergie fossile. © Artinun
L’hydrogène vert remplacera, à terme, l’hydrogène gris produit à partir d’énergie fossile. © Artinun

La décarbonation de l’industrie du territoire dunkerquois devait conduire à une forte demande en hydrogène bas carbone. L’ambition de neutralité carbone annoncée par ArcelorMittal à l’horizon 2050 offrait, notamment, de très belles perspectives. Pour réduire ses émissions de CO2, le sidérurgiste avait, en effet, annoncé la mise en place d’un nouveau process, révolutionnaire, qui devait lui permettre de ne plus utiliser de coke comme agent réducteur du minerai de fer dans des hauts-fourneaux. A la place, l’installation d’unité de «réduction directe» et de fours électriques fonctionnant au gaz naturel, dans un premier temps, puis à l’hydrogène bas carbone, en s’appuyant sur une production locale encore à déployer. A la clé, zéro émission de CO2 puisque l’on n’utilise plus de coke.

Seulement, la crise de l’acier européen qui sévit depuis 2024, a changé la donne. Récemment, si ArcelorMittal a confirmé ses ambitions de décarbonation, il a annoncé qu’il renonçait à la réduction directe par gaz puis hydrogène vert. «L’hydrogène vert évolue très lentement vers un statut de source d’énergie viable et la production d’acier par un DRI (réduction directe) au gaz naturel en Europe n’est pas encore compétitive comme solution de transition», précisait l'entreprise fin 2024.

Un débouché dans les carburants de synthèse

H2V, groupe français, qui porte depuis 2016 un projet très attendu d’unité de fabrication d’hydrogène vert au port de Dunkerque, a donc dû mécaniquement revoir ses ambitions à la baisse. «Nous avions dimensionné notre projet pour une production de 200 MW. C’était très ambitieux mais en rapport avec les besoins identifiés. Avec le rétropédalage d’ArcelorMittal, nous avons perdu notre principal débouché. En conséquence, même si nous n’abandonnons pas le projet, nous avons réduit nos ambitions avec le projet d’une installation d’une seule unité de production de moins de 50 MW», commente Alexis Martinez, son directeur général, qui dit aussi «attendre des moyens de financement ou des subventions pour rendre l’hydrogène bas carbone plus compétitif et un vrai allié de la décarbonation industrielle, dont on a mal évalué le coût réel». 

L’industriel reste toutefois optimiste, insistant sur le fait que le projet initial est «réduit et non pas abandonné» et qu’il garde le soutien du port de Dunkerque qui souhaite plus que jamais disposer de capacité de production d’hydrogène bas carbone sur le territoire. «Pour le port, c’est une plus-value. Si la décarbonation industrielle comme premier débouché n’est pas au rendez-vous, nous pensons que la molécule garde tout son intérêt, notamment pour la fabrication de carburant de synthèse, par exemple. Et l’hydrogène vert va bien devoir, à un moment également, remplacer l’hydrogène gris, produit à partir d’énergie fossile», conclut Alexis Martinez. En attendant, H2V déploie actuellement un gros projet d’implantation de trois unité d’hydrogène bas carbone pour la production de carburant de synthèse sur le port de Marseille/Fos.