Proportionnelle: la droite alimente le procès en immobilisme de Bayrou
En manifestant fermement son opposition à la proportionnelle, facteur à ses yeux d'"impuissance publique", la droite alimente un procès récurrent en immobilisme de François Bayrou, Premier ministre de plus...

En manifestant fermement son opposition à la proportionnelle, facteur à ses yeux d'"impuissance publique", la droite alimente un procès récurrent en immobilisme de François Bayrou, Premier ministre de plus en plus fragilisé à son poste.
Le nouveau patron des Républicains (LR) Bruno Retailleau, a laissé planer lundi la menace d'une démission du gouvernement, refusant de porter au Parlement - en tant que ministre de l'Intérieur chargé de l'organisation des élections - le scrutin proportionnel cher au patron du MoDem depuis des décennies.
La situation est "inédite" de refuser une décision du gouvernement auquel on appartient, a relevé le patron du Parti socialiste Olivier Faure sur TF1.
Ce mode de scrutin conduirait à une "ingouvernabilité (qui) amènerait finalement à une forme d'impuissance publique", a fait valoir Bruno Retailleau, même si le patron de la place Beauvau, homme fort du gouvernement, n'envisage pas de quitter son poste sur ce motif selon son entourage, mais veut peser au sein de l'assemblage gouvernemental entre le centre et droite.
Une allusion aussi à l'actuel Premier ministre, privé de majorité et régulièrement accusé de rester flou sur sa politique et notamment ses choix budgétaires à venir parce qu'il a "envie de durer" rue de Varenne, commente un ancien ministre.
Inaction
"A un moment il faudra le construire le budget. On ne peut pas rester sur un état de lévitation permanent", cingle un député Renaissance. François Bayrou "pense que l’inaction le protège, je pense qu’elle le vulnérabilise".
Le chef de file des députés LR Laurent Wauquiez s'est interrogé sur la "priorité" donnée par le chef du gouvernement à ce sujet institutionnel alors qu'"on a l'explosion de la dépense publique, des difficultés sur la sécurité et l'immigration".
L'ancien locataire de Matignon Michel Barnier, censuré en décembre, s'est même permis de conseiller à son successeur de "se concentrer sur les sujets importants" comme la réduction de la dette ou le rétablissement de "l'ordre aux frontières et dans la rue".
Les Français sont d'abord préoccupés par leur "pouvoir d'achat", avait relevé, de son côté, le patron du Parti communiste Fabien Roussel après son entretien avec François Bayrou, qui consulte les forces politiques sur ce scrutin depuis plus d'un mois.
Laurent Wauquiez a redit son opposition à cette réforme lors du petit-déjeuner à Matignon mardi des partenaires du gouvernement, soulignant que le sujet "divisait le socle commun" qui "n'avait pas besoin de ça", selon un participant.
Devant les députés LR, il a souhaité que les groupes politiques soient "associés en amont" aux préparatifs de ce budget cornélien, selon un élu.
Le porte-parole du groupe Liot Harold Huwart a demandé que ce soit le Premier ministre qui reçoive les parlementaires, mais ils seront finalement entendus par Bercy.
Tripatouillages
Au sein du bloc central, seul le MoDem, parti de François Bayrou, est favorable à la proportionnelle, de même que le Rassemblement national, La France insoumise et les sociaux-démocrates de Place publique, la petite formation de Raphaël Glucksmann.
Des élus de gauche et du centre, dont les députés PS Jérôme Guedj, Renaissance Roland Lescure et MoDem Erwan Balanant, ont publié mardi une tribune dans Le Monde pour soutenir ce mode de scrutin, gage selon eux de renforcement du rôle du Parlement.
Mais "une réforme qui se ferait contre les principales forces de soutien au gouvernement pose question", a mis en garde Aurore Bergé, ministre Renaissance à l'Egalité entre les femmes et les hommes.
La porte-parole des députés écologistes Léa Balage El-Mariky, dont le parti sera reçu mardi soir, a regretté que la proportionnelle devienne "un objet de tripatouillages et de chantages politiques".
L'avertissement de la droite s'ajoute à des menaces de censure qui se multiplient, sur le prochain budget ou sur l'issue du conclave en cours entre partenaires sociaux à propos de la réforme des retraites.
Olivier Faure a prévenu qu'il appellerait à la censure si le Parlement n'était pas "décisionnaire" et saisi d'un éventuel accord sur les retraites, comme envisagé par M. Bayrou.
Une motion de censure déposée par LFI sera déjà examinée à l'Assemblée mercredi après-midi, en réponse au rejet tactique d'une proposition de loi agricole par le bloc central. Mais elle a peu de chances d'aboutir sans les voix du PS et du RN.
François Bayrou a promis qu'il ne se "déroberait pas" sur les finances publiques, sans s'avancer sur ses propositions qui restent attendues d'ici le 14 juillet. Or, à cette date l'Assemblée pourrait être fermée, reportant le risque de censure à... l'automne.
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