RAID: "Quand vous voyez arriver trente mecs de 120 kilos, surarmés, il vaut mieux se rendre"
Branle-bas de combat dans les Hauts-de-Seine. Le RAID est appelé pour une intervention périlleuse en ce mercredi d'octobre: une prise d'otage, dans un bâtiment fermé et difficile...

Branle-bas de combat dans les Hauts-de-Seine. Le RAID est appelé pour une intervention périlleuse en ce mercredi d'octobre: une prise d'otage, dans un bâtiment fermé et difficile d'atteinte, risque de mal tourner.
L'objectif ? "Récupérer un survivaliste qui a pris sa femme en otage", détaille le chef d'équipe Jonathan (*). "Mais attention! C'est un militaire, spécialiste des explosifs et armé jusqu'aux dents", prévient-il.
La crise, inspirée d'une histoire réelle, est un exercice destiné à mettre à mal cette unité d'élite de la police.
A pousser ses membres dans leurs derniers retranchements pour "servir sans faillir" - la devise du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), qui fête cette semaine sa création il y a 40 ans, le 23 octobre 1985.
"Allez, changez vous! On se prépare", lance Jonathan tandis que ses hommes s'équipent. En intervention, un opérateur du RAID, polyvalent et hautement entraîné, peut porter plus de 30 kilos d'équipement entre armes, gilets pare-balles, casques et masques, adaptés selon le niveau de menace attendu. "On n'y va pas la fleur au fusil, on prend son temps", intime-t-il.
Pendant ce temps, les tireurs haute précision sont déjà partis prendre position en hauteur. Ils jouent un rôle crucial, de protection mais aussi de prise d'informations.
Même chose pour l'opérateur du GOST (pour Groupe opérationnel de soutien technique): avec ses drones, cet "ingénieur" du RAID surveille le périmètre autour de l'objectif, le preneur d'otage.
Sous le soleil automnal, une équipe est en train de couper les arbres sur le chemin pour ouvrir la voie, une autre installe des échelles.
Mais la négociation ayant tourné court, la colonne va intervenir. Encagoulés, casqués et armés comme pour partir à la guerre, les hommes du RAID avancent. Doucement mais sûrement derrière leur lourd bouclier fixe. "On reste comme des fraises, là: il faut bouger", peste un opérateur, visiblement lassé des atermoiements.
Obligation de résultat
Une dernière tentative de négociation avortée - "Cassez-vous!" - et les "effracs", chargés de permettre une entrée rapide et efficace du groupe d'intervention, entrent en scène.
"Avant chaque opération, il y a un gros travail préparatoire", explique Guillaume Cardy, le patron du RAID. "Quand vous rentrez dans un appartement, les couloirs peuvent être droits, en L, en T... avec une mezzanine, un sous-sol... Il faut regarder la topographie, il faut regarder le plan de l'appartement - si on a les plans. Il faut analyser la porte, comment elle est configurée pour que l'opérateur chargé de l'effraction puisse préparer sa charge explosive. C'est au grammage près", ajoute-t-il. "Le RAID a une obligation de résultat".
Des résultats glanés par cette unité d'élite de la police à force de sueur, d'adrénaline, de sang-froid et de professionnalisme.
"Quand quelqu'un regarde par la fenêtre, il voit arriver le RAID, avec une colonne de trente mecs, qui font 120 kilos, qui sont surarmés, il se dit 'ouh là peut-être qu'il vaut mieux se rendre'", sourit Guillaume Cardy.
Dans la simulation des Hauts-de-Seine, le forcené, joué cette fois par un opérateur du RAID spécialiste de l'explosif, ne s'est pas rendu. Vêtu d'une combinaison de démineur, il portait des grenades et avait piégé les portes d'entrée.
Il a fini par être maîtrisé après un assaut supersonique et le jet de quelques grenades de diversion. "Tu nous as vraiment fait chier, dis donc", le houspillent ses camarades. Mais la prochaine fois, ils seront prêts à toutes les éventualités.
(*): pour des raisons de sécurité, les noms de famille ne sont pas mentionnés
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