Économie circulaire
Replace : la gestion durable des plastiques
La start-up messine Replace est engagée dans l’économie circulaire pour réduire le gaspillage des plastiques. Elle porte un modèle visant à créer une économie durable et responsable à partir d’une solution novatrice pour la valorisation des plastiques composites.

Au terme «militante», Laurent Villemin préfère employer celui de «à mission» à propos de l’entreprise Replace (REuse Plastic Circular Economy), dont il est à la tête depuis 2019. La start-up messine, qui a son unité de production dans la Marne, porte en elle un engagement fort autour d’un modèle d’économie circulaire crédible. Pour bien comprendre son ADN, il convient de partir d’un postulat de départ. Le constat et les données sont édifiantes : tous les ans, en Europe, quelque 10 millions de tonnes de plastique multi-composants sont incinérés ou enfouis. En France, ce sont encore près de 75 % des emballages ménagers plastiques qui ne bénéficient pas d’une filière de recyclage, car on ne sait régénérer/recycler par voie mécanique que les plastiques monomatières. En effet, la recyclabilité de certains plastiques est dégradée par la présence de multiples matières et d’additifs qui ont permis de donner à l’emballage ses qualités de résistance, de légèreté… Une fois utilisés, ces matériaux nommés «emballages plastiques multi-composants» constituent un problème réel en fin de vie et ne peuvent être recyclés. Pour construire une réponse viable et réaliste face au fléau plastique, la structuration d’un modèle circulaire et éco-conçu était une évidence. C’est ainsi que l’idée de Replace est née, animée par l’expérience de Laurent Villemin dans le domaine industriel et sa conviction : «Je suis chaque jour confronté à cette incohérence : d’un côté, la pression est forte pour les entreprises, entre injonctions climatiques, volonté de relocalisation et appels à consommer responsable… les réglementations environnementales sont exigeantes de l’autre, des marchés publics qui valorisent encore trop peu les solutions locales. Résultats : les produits importés, souvent plus polluants, sont favorisés au détriment d’initiatives françaises vertueuses.»
Un modèle écoresponsable
La start-up propose une solution novatrice pour recycler et valoriser les plastiques composites complexes, se distinguant des méthodes traditionnelles du recyclage. Cette technologie de pointe, brevetée, est codéveloppée avec l’équipementier de machines spéciales AISA. Il s’agit en bout de chaîne de fabriquer des produits finis ou semi-finis recyclables à 100 %, ce, à plusieurs reprises, créant ainsi des boucles de recyclage complètes à répétition. Laurent Villemin explique le process plus en avant : «Nous passons d’une économie linéaire à une économie circulaire. Cette transformation permet de limiter la consommation de ressources fossiles, notamment, et de réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le cycle de vie du plastique. Les matières produites peuvent contribuer à diminuer la dépendance de notre industrie aux ressources fossiles et être un levier majeur pour l’emploi.» La première unité de production de Replace est située à Vienne-le-Château, dans une ancienne usine de production de tubes plastiques pour les marchés de la cosmétique, de la pharmacie et de l’alimentaire. Pionnière dans son domaine, la start-up a obtenu plusieurs certifications, labels et prix pour son impact positif : Trophée RSE Économie Circulaire, Promotion Accélérateur Transformation et Valorisation des Déchets, Prix de la Start-up de l’année - Région Est, Label Solar Impulse, Prix France 2030 de l’Ademe, Prix Climat InvESTir l’Avenir, Prix national Initiative Remarquable. «Cela nous conforte dans ce que nous entreprenons, montre que Replace a du sens et de la cohérence. Bien sûr, c’est l’ouverture vers des financements permettant de poursuivre notre développement», poursuit Laurent Villemin. Alors, bien sûr, quand il observe des méthodes à des années-lumière des siennes, quand l’urgence écologique sert d’alibi à des fins beaucoup moins honorables, il s’agace. Face au gigantisme qu’il dénonce, il reste combatif et optimiste : «Replace est dans le vrai. La décarbonation s’inscrit à l’échelle locale et dans un temps long. Cette question doit nous préoccuper : quel monde voulons-nous laisser aux générations futures ?» Les ambitions à court et moyen termes : essaimer le modèle Replace, accroître sa notoriété. Développer également d’autres sites de production en France. «Toujours à taille humaine», insiste Laurent Villemin.
«L’enjeu de la décarbonation se fait d’abord à l’échelle locale.»