Retraites: la gauche veut censurer Bayrou, le RN renvoie aux budgets
Un trimestre de gagné pour François Bayrou ? Le Premier ministre devrait survivre mardi à sa huitième motion de censure, déposée par les socialistes sur les retraites mais qui, faute des voix du RN, ne serait qu'un coup...

Un trimestre de gagné pour François Bayrou ? Le Premier ministre devrait survivre mardi à sa huitième motion de censure, déposée par les socialistes sur les retraites mais qui, faute des voix du RN, ne serait qu'un coup de semonce avant les discussions budgétaires à l'automne.
Une "trahison" pour les députés socialistes. Une "blague" pour François Bayrou. L'examen de la motion de censure, en fin d'après-midi, pourrait tourner au règlement de comptes entre ces deux camps, presque cinq mois après leur accord de non-censure pour laisser passer les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale.
Depuis, le conclave sur les retraites entre partenaires sociaux, qui faisait partie de ce pacte de non-censure, s'est soldé par un échec. Et les socialistes reprochent à François Bayrou de ne pas mettre en discussion au Parlement un texte permettant de débattre du passage de l'âge légal de départ à 64 ans.
Or, le PS considère qu'il s'y était engagé dans un courrier mi-janvier, lorsqu'il plaidait pour une discussion entre partenaires sociaux "sans totem ni tabou", et promettait un texte au Parlement. Il posait toutefois comme condition "un accord politique et (un) équilibre financier global maintenu".
"Plus aucune indulgence à l'égard de François Bayrou (...) On nous a trahis", a estimé dimanche le patron du PS Olivier Faure.
Le reste de la gauche, qui voulait une motion commune, votera largement la censure, même si les Insoumis devraient souligner le "bilan de la non-censure" du PS (et du RN) en février, selon les mots du coordinateur LFI Manuel Bompard.
François Bayrou, lui, "est assez remonté après le Parti socialiste", résume une ministre.
"C'est une blague (...) Ils font une censure pour montrer qu'ils sont dans l'opposition (...) en expliquant pour les plus éminents d'entre eux que ce ne sera pas voté", a vertement piqué dimanche l'intéressé.
Danger budgétaire
Dans son esprit: l'ancien président François Hollande. Le député de Corrèze défavorable à une censure, votera le "coup de semonce" proposé par son groupe, mais "dès lors que le RN ne s'y associera pas".
Et il entend soutenir des mesures issues des discussions entre partenaires sociaux, pour les retraites des femmes ou un départ sans décote à 66 ans et demi, alors que François Bayrou s'est dit prêt à intégrer des avancées au prochain budget de la Sécurité sociale.
"François Hollande pourra voter en toute tranquillité, mais quand nous déposons une motion de censure ça n'est pas pour faire semblant", a répondu M. Faure, accusant aussi le RN de passer d'une "ligne rouge" sur les retraites à "une ligne en pointillés".
Car le groupe de Marine Le Pen ne devrait pas soutenir la motion, lui ôtant toute chance d'atteindre les 289 voix nécessaires.
"La censure, c'est pas une fin en soi, la question c'est (pour) quel gain et qu'est-ce qu'on empêche. Là on n'obtient rien", a défendu le vice-président du RN Sébastien Chenu. "On donne rendez-vous au Premier ministre à la rentrée pour voir sa feuille de route. Si elle ne nous va pas, on prendra nos responsabilités", a-t-il ajouté.
"Ce gouvernement ne vivra pas très longtemps", a prédit le patron du parti Jordan Bardella samedi.
Et la rentrée s'annonce houleuse pour le Premier ministre, qui devra naviguer entre les menaces de censure de la gauche et du RN pour trouver 40 milliards d'euros d'économies.
"François Bayrou est menacé de censure depuis le lendemain de sa nomination", philosophe Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement et proche du Premier ministre. "Nous présenterons un budget courageux".
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