Saint-Quentin : le projet d’une Maison judiciaire de transition se concrétise
La municipalité de Saint-Quentin s’est portée volontaire pour accueillir en ville une Maison judiciaire de transition dans le cadre d’un dispositif qui vise à élargir le panel de peines alternatives à la prison. Des détenus seront hébergés dans ce bâtiment sécurisé où ils bénéficieront d’un accompagnement pour favoriser leur réinsertion.

Sous l‘impulsion du directeur du Service pénitentiaire d’insertion et de probation de l’Aisne (SPIP), Marc Plumecoq, et des procureurs de la République successifs dont Stéphanie Lescaut actuellement en fonction au tribunal judiciaire de Saint-Quentin, partenaires institutionnels, judiciaires et associatifs travaillent sur le projet de création d’une Maison judiciaire de transition depuis près de quatre ans. Le projet a été officiellement présenté lors de la première table ronde organisée à Saint-Quentin, le 17 septembre dernier, ville qui s’est portée volontaire par la voix de son maire, Frédérique Macarez, pour accueillir l’expérimentation.
Cet évènement a trouvé une «visibilité et une crédibilité»
renforcées en venant s’inscrire dans la démarche des États
généraux de l’insertion et de la probation,
lancée par le ministre de la justice, Gérald Darmanin, en janvier
dernier. À la volonté politique «d’accueillir
une nouveauté»
s’est ajoutée la qualité des partenariats noués sur le
territoire, ont exposé les intervenants, en ouverture de la
présentation du projet et en présence des acteurs mobilisés à
l’échelle de la région. Le sous-préfet de l’arrondissement de
Saint-Quentin, Anthmane Aboubacar, a insisté sur l’accompagnement
de l’État
à un double niveau,
financièrement pour la construction du bâtiment qui devrait sortir
de terre en 2026, mais également un soutien aux objectifs :
«les
enjeux sociétaux sont extrêmement forts».

Favoriser la réinsertion
L’un
des objectifs de ces États
généraux est de «trouver
des pistes»
pour améliorer l’accompagnement des condamnés et éviter la
récidive, a détaillé Stéphanie
Lescaut, procureur
de la République du tribunal de Saint-Quentin. Présenté comme
«innovant,
novateur,
ambitieux»,
le
projet d’une Maison judiciaire de transition a
vocation à élargir la palette de peines alternatives à la prison
jugée très restreinte sur
l’ensemble
de la région, et sur le département de l’Aisne plus
particulièrement. Avec la mise en service de cette Maison judiciaire
de transition, les magistrats auront la possibilité de décider
«d’un
placement extérieur» pour
des condamnés dont le profil reste encore à définir précisément. Dans ce lieu
d’hébergement qui devrait compter une vingtaine de studios, les
détenus sélectionnés, femmes et hommes, bénéficieront d’un
accompagnement socio-professionnel par des référents du SPIP ainsi
que des acteurs du monde associatif spécialisés dans le suivi de
personnes placées sous main de justice.
Dedans/dehors
La Maison judiciaire de transition, la «première» en son genre, est appelée à être scrutée à tous les échelons de l’Hexagone. L’objectif fixé de ce «nouvel outil» est d’apporter une réponse judiciaire «humaine, rapide, efficace» a affirmé, Valérie Baudrillard, première présidente de la Cour d’appel d’Amiens, dans un contexte de surpopulation carcérale qui impose de se réinterroger sur «le sens de la peine» : «nous affirmons ainsi tous ensemble que la peine constitue une étape vers la réinsertion». Maryvonne Caillibotte, procureure générale près la Cour d’appel d’Amiens, a relevé le «côté transitionnel» de la nouvelle approche : «le passage» par la Maison judiciaire de transition est pensé comme «un tremplin vers l’extérieur» pour ces détenus ayant bénéficié d’un aménagement de peine.