Services aux navires : les ports normands soignent leur compétitivité
Le Havre accueillait, ces 30 septembre et 1er octobre, les assises Port du futur. Parmi les sujets évoqués la compétitivité des services portuaires.

Parmi les sujets évoqués durant les assises Port du futur, qui se déroulaient le 30 septembre et le 1er octobre au Havre, se trouvait les services aux navires, un maillon de la performance des ports et des corridors. À l'invitation du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), organisateur de cet événement, plusieurs invités ont fait le point.
Premier constat, «nous devons offrir des services de pilotage, de remorquage et lamanage (opérations d'assistance à l'amarrage, au largage, ndlr) de qualité et disponibles pour attirer les navires. Mais nous devons également assurer la rentabilité économique de l'opération et nous assurer ainsi que ces services sont viables sur la durée», résume Philippe Deiss, directeur général de Ports de Normandie.
Un point-clé alors que la concurrence est rude entre les ports au niveau national et européen. «Certains trafics ne sont pas captifs d'un port. Dans ce cas, l'armateur choisira en fonction de l'efficacité des services et leurs coûts, confirme Johann Feltgen, président de d’AMCF, l’association des agents et consignataires. Notre rôle est d'évaluer le coût de l'escale et de montrer la compétitivité du port» poursuit-il.
Innover pour rester compétitif
Dans ce contexte, selon la fréquentation des ports, des mutualisations ont été mises en place en Normandie pour maintenir les services. Ce sont ainsi les pilotes basés à Rouen qui interviennent aussi à Dieppe et Caen. Mais les entreprises misent également sur l'innovation pour rester dans la course. «Avec l'augmentation de la taille des porte-containers, nous avons constaté l'apparition de difficultés de tenue à quai au Havre. Ce qui met en danger les travailleurs, les navires et les infrastructures», développe Ludovic Perrouelle, président de SCOP Lamanage des ports du Havre et Antifer.
Pour y remédier, le port du Havre s'est doté du système dynamique ShoreTension, constitué d'un vérin hydraulique et d'une amarre très résistante. «Ce système souple est déplaçable avec un chariot élévateur et limite 90% des mouvements des navires, et ce sans consommer d'énergie», détaille Ludovic Perrouelle. Mais il a fallu trouver un financement, une unité coûtant un million d'euros. Le port du Havre compte actuellement dix unités qui permettent d'accueillir des navires jusqu'à 320 mètres de long. Une première en France. «Ce système est particulièrement adapté pour le déplacement des pièces pour les champs d'éoliennes en mer», précise Ludovic Perrouelle.
Décarboner, mais comment ?
Autre piste d'innovation, la décarbonation. «85% de nos émissions de gaz à effet de serre, sans surprise, sont dus à nos moyens de mise à bord des pilotes, soit nos 120 vedettes réparties en France et en outremer» note André Gaillard, président de la Fédération française des pilotes maritimes. Premier levier : modifier les pratiques, par exemple en groupant les déplacements, mais aussi améliorer l'aérodynamisme des bateaux. Second levier : le carburant. Hydrogène et ammoniac présentent des dangers alors que les navires sont exposés aux chocs. «Nous nous tournons donc vers les biocarburants et les e-fuels. Mais il n'y en aura probablement pas pour tout le monde à l'avenir. L'électrique pourrait être une solution pour un navire sur foils».
La problématique pour Romain Bertrand, responsable du site de Boluda Towage France Le Havre est la même. «Nos remorqueurs consomment 700 à 800 litres par heure de combustible», souligne-t-il. Avec une durée de vie de 40 ans en moyenne, «nous devons trouver une énergie de transition et designer nos navires de demain» résume-t-il. De leurs côtés, les ports, avec notamment, l'électrification des navires de croisières, se doivent aussi de s'adapter, malgré les coûts et les défis techniques.
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont