Soprema mise sur Beaune pour transformer la glassine en isolant durable

Plus que quelques semaines avant la mise en service de l'usine Soprema à Beaune, le long de l’A6. Dès novembre 2025, ce site industriel représentant un investissement de 30 millions d’euros commencera à transformer la glassine, déchet jusqu’ici sans valeur, en ouate de cellulose pour l’isolation thermique des bâtiments. Le projet conjugue innovation, ancrage territorial et transition écologique.

L’heure est au recrutement. "Nous avons embauché le directeur du site, le responsable qualité et le responsable de production. Nous recrutons une vingtaine de personnes pour l’ouverture, une trentaine à terme", indique Christophe Bourgouin, directeur du site de Cestas en Gironde et pilote du projet. La charpente en béton de l’usine, érigée sur 4,5 hectares, couvre 14 700 m². Elle intégrera des panneaux photovoltaïques (1,3 MW), un système de récupération des eaux pluviales et une toiture bas carbone.

Des milliers de tonnes partaient en décharge

La glassine, fine feuille support des étiquettes autocollantes, était jusqu’à présent incinérée ou enfouie. Christophe Bourgouin, ancien professionnel du vin, se souvient d’en avoir" vu partir des milliers de tonnes en décharge. C’est presque par hasard, à la faveur d’essais en laboratoire, que nous avons découvert la possibilité de transformer cette matière très lisse et difficile à broyer en ouate, avec un procédé purement mécanique de broyage et de défibrage. Nous avons déposé un brevet mondial qui nous place en position unique."

Le choix de Beaune n’est pas anodin : au croisement de l’axe rhodanien et des grands flux européens, la ville offre une localisation idéale pour massifier la collecte d’un gisement diffus. "La glassine est produite de manière éparse, ce qui impose un maillage territorial", précise Christophe Bourgouin. Soprema a déjà signé près de 800 contrats avec des industriels français pour collecter plus de 1 000 tonnes par mois. Une dizaine de points de massification permet de remplir les camions et d’optimiser les trajets, tandis que 4 000 cartons de collecte sont distribués chaque mois, vecteurs à la fois de logistique et de communication.

25 000 tonnes de ouate produites par an

À terme, l’usine de Beaune produira 25 000 tonnes de ouate par an. L’isolant Crystal issu de ce recyclage, commercialisé en balles de 12 kg pour l’isolation intérieure, continue d’évoluer."Nous allons proposer une nouvelle génération de ouate avec de meilleures performances thermiques, tout en conservant un procédé extrêmement sobre en énergie – quelques centaines de watts par kilogramme produit, sans apport d’eau ni gaz", insiste Christophe Bourgouin.

L’Ademe soutient le projet à hauteur de 6,4 millions d’euros dans le cadre de France 2030 et de financements européens. "Cette innovation permet de valoriser un déchet ultime et de l’incorporer dans une chaîne industrielle au service de l’isolation des bâtiments. Elle illustre parfaitement la logique de levier que nous recherchons", explique Adrienne Simon-Krzakala, directrice régionale Bourgogne-Franche-Comté.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel