Soupçons de soumission chimique: un procès ordonné à Paris contre le sénateur Joël Guerriau
Un procès devant le tribunal correctionnel de Paris a été ordonné mardi contre le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué fin 2023 la députée Sandrine Josso afin de commettre un viol, a appris...

Un procès devant le tribunal correctionnel de Paris a été ordonné mardi contre le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué fin 2023 la députée Sandrine Josso afin de commettre un viol, a appris l'AFP vendredi de source proche du dossier.
Deux juges d'instruction ont ordonné un procès devant le tribunal correctionnel pour ces faits qui remontent à la mi-novembre 2023, selon cette source proche du dossier, qui confirmait une information de l'émission de France 2 Complément d'enquête.
Le sénateur centriste est soupçonné d'avoir dilué de la MDMA à 91,1% pure dans un verre de champagne pour en faire consommer à sa collègue du Parlement afin, d'après l'ordonnance des juges dont l'AFP a eu connaissance, "de commettre un viol ou une agression sexuelle".
Il sera aussi jugé pour détention de stupéfiants.
"Joël Guerriau conteste les faits qui lui sont reprochés", ont réagi ses avocats, Henri Carpentier et Marie Roumiantseva. "L'enceinte judiciaire sera le lieu de la vérité, loin des caricatures et rumeurs propagées jusqu'à présent. M. Guerriau ne craint pas la vérité: il la souhaite", ont-ils insisté.
"Mme Josso est soulagée de cette décision qui reflète tout le sérieux de sa plainte", a de son côté commenté son avocat, Arnaud Godefroy. "Les deux juges d'instruction ont mené cette enquête de façon rigoureuse et ont mis en évidence toutes les contradictions de Monsieur Guerriau", a-t-il estimé.
La soumission chimique consiste en l'administration de substances psychoactives à une personne, à son insu, à des fins notamment d'agression et de viol.
Le 14 novembre 2023, Mme Josso, députée MoDem de Loire-Atlantique aujourd'hui âgée de 49 ans, s'était rendue au domicile parisien de son "ami politique" - comme elle l'a décrit au cours de l'enquête devant les magistrats - qui célébrait sa réélection.
Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d'ecstasy dans le sang, d'après les analyses toxicologiques dont l'AFP a eu connaissance. Une dose "approchant le double" de la quantité dite récréative, avait souligné le parquet.
Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Comment Mme Josso s'est-elle retrouvée, ce soir-là, avec autant d'ecstasy dans le sang ?
Dans ce dossier, l'absorption de drogue et ses effets délétères sur Mme Josso, qui souffre un an après d'un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l'enjeu reposait sur l'intention.
Or les magistrats ont tranché: si "aucun geste d'intimité ou à caractère sexuel n'a été relaté" au cours de cette soirée, les agissements de M. Guerriau, décrits par la plaignante, étaient "compatibles avec ceux d'une personne ayant une intention sexuelle".
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