Stikoïa colle une longueur d’avance à la concurrence

La société sallauminoise, spécialisée dans la colle industrielle, est l’une des dernières fabricantes de colle en France. En 2026, la PME familiale aux six millions d'euros de chiffre d’affaires fêtera ses 30 ans. L’occasion de revenir sur son histoire et d’évoquer l’avenir avec son dirigeant, Jean-Marc Barki.

Jean-Marc Barki, dirigeant de Stikoïa. © Lena Heleta
Jean-Marc Barki, dirigeant de Stikoïa. © Lena Heleta

On dit souvent qu’une simple rencontre peut changer une vie. L’entreprise Stikoïa (ex-Sealock) en est le parfait exemple. Tout commence par une rencontre sur un salon en 1993. «Nous avons démarré avec mon frère comme agents d’usine pour une entreprise familiale (Barki Agency) qui produisait du papier et du carton. Un jour sur un salon, mon frère Pierre - aujourd’hui directeur commercial et actionnaire, ndlr - rencontre un producteur de colle britannique, mais pensait en venant le voir que c’était un producteur de papier adhésif. Il s’avère que ce dernier avait besoin d’un partenaire pour distribuer ses produits en France. On s’est donc retrouvés à vendre de la colle par accident !», relate tout sourire le dirigeant. 

La famille Barki s’associe ainsi au Britannique Sealock en 1993, basé au sud du Royaume-Uni, et qui à l’époque réalise 1,5 million d'euros de chiffre d’affaires. Après une chute du cours de la livre sterling, changement de plan pour les Barki. «Pour continuer à vendre de la colle sur le marché français, nous avons dû rapidement construire un site de production dans l’Hexagone». En 1996, l’usine s’implante à Sallaumines, près de Lens. À cette époque, «les Anglais étaient la tête, nous étions les jambes», se souvient Jean-Marc Barki.

Tournants majeurs

En 2001, l’entreprise crée son propre laboratoire de R&D pour devenir de plus en plus autonome. Quatre ans plus tard, elle double sa superficie, la portant à 3 500 m² (3 000 m² d’usine et 500 m² de bureaux). «L’extension a nécessité 1,5 million d’euros d’investissement», glisse-t-il. L’entreprise multiplie alors par quatre sa capacité de production et développe une nouvelle ligne de colles thermofusibles Hot-Melt. «Cela nous a permis de toucher un spectre plus large de clients». Entre-temps, Stikoïa a obtenu plusieurs certifications (ISO 9001 ; 140001, 26000, 18001) et remporté de nombreux trophées (performance environnementale de l’ADEME, trophée Alliances, label «fournisseur responsable de l’État»...).

© Lena Heleta
«On ne peut pas être obsédés par la rentabilité. C’est l’instinct, le coeur et le cerveau. Dans cet ordre»

En 2014, la PME franchit le cap à l’international et deux ans plus tard, réalise sa première opération de croissance externe en faisant l’acquisition de Delta colle. En 2018, «du jour au lendemain», les Britanniques vendent aux Allemands. L’entreprise décide alors de prendre son indépendance : «Nous sommes devenus une entreprise française 100% indépendante et autonome». L’indépendance financière s’accompagne d’un changement d’identité : Stikoïa. Depuis près de 30 ans, la direction applique un management humaniste. «On ne peut pas travailler dans une entreprise et être obsédés par la rentabilité pure et dure. C’est l’instinct, le coeur et le cerveau. Dans cet ordre».

20% à l’export

Stikoïa fabrique deux sortes de produits. Les colles thermofusibles (Hot-Melt), colles chaudes qui s’appliquent notamment pour le packaging, le conditionnement, l’assemblage industriel, l’imprimerie mais également les colles froides (en base aqueuse), colles liquide avec le même aspect que la peinture, notamment pour la cartonnerie. Face à la demande du marché, l’entreprise a su, au fil des années, diversifier sa production. «On a toujours suivi l’évolution des marchés et on s’est adaptés», explique le dirigeant, dont l’entreprise dispose d’un savoir-faire quasiment unique en France. 

La PME produit actuellement 3 000 tonnes de colle par an. 20% de la production est destinée à l’export, principalement en Italie, en Espagne, au Benelux, aux États-Unis et en Roumanie. Stikoïa, qui emploie 21 collaborateurs, compte 20% de son effectif en R&D. «Nous testons et mettons au point de nouveaux produits chaque année afin de conserver une longueur d’avance sur la concurrence», témoigne Jean-Marc Barki. Son ambition à terme est claire : «Être la première entreprise au monde à produire des colles Hot-Melt qui soient biosourcées à hauteur de plus de 90%»... 

© Lena Heleta

Chiffres clés 

  • 2 300 tonnes de colle produites par an
  • 6 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2024
  • 20% du chiffre d’affaires réalisé à l’export
  • 21 collaborateurs
  • Plus de 20% du personnel en R&D
  • Stikoïa investit 10% de son CA chaque année dans la R&D