TER Marseille-Nice: premier opérateur privé sur un ancien fief SNCF, Transdev attendu au tournant
Une révolution ferroviaire va avoir lieu dimanche à Marseille, à 05h57, gare Saint-Charles, avec le départ d'un premier TER privé, du groupe franco-allemand Transdev, sur une ligne autrefois exploitée par la SNCF, aboutissement d'un processus de mise en...

Une révolution ferroviaire va avoir lieu dimanche à Marseille, à 05h57, gare Saint-Charles, avec le départ d'un premier TER privé, du groupe franco-allemand Transdev, sur une ligne autrefois exploitée par la SNCF, aboutissement d'un processus de mise en concurrence engagé dès 2018 par la région Paca.
Fort de rames neuves fabriquées par Alstom et d'une "organisation extrêmement décentralisée", Transdev promet 14 allers-retours quotidiens entre Marseille, Toulon et Nice: "Il y aura un train toutes les heures", avec même deux allers-retours supplémentaires le week-end, expliquait début juin Claude Steinmetz, président de Transdev Rail.
Soit un doublement de l'offre actuelle de la SNCF, sur une ligne qui dessert neuf gares au total et représente 10% du trafic régional en nombre de trains. Le tout "à coût constant", assure de son côté Thierry Mallet, PDG de Transdev.
"Nous avions, ici, le plus mauvais service ferroviaire français: grosso modo, on avait 20% de trains en retard, 10% de trains supprimés et 20% de fraude", rappelle Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la première en France à avoir opté pour la mise en concurrence des trafics ferroviaires régionaux rendue possible par le droit européen, et ce dès février 2018, avec un appel à manifestation d'intérêt.
Appel qui allait aboutir, près de quatre ans plus tard, en octobre 2021, à la concession de deux de ses lignes jusque là opérées par la SNCF: la liaison Marseille-Nice, à Transdev donc, et le réseau Azur, autour de Nice, attribué lui à Sud Azur, filiale de la SNCF.
Transdev, dont le contrat de délégation de service public, estimé à quelque 800 millions d'euros, court sur dix ans, s'est engagé sur une régularité de 97,5%, "alors qu'on était (...) à 80% avant", poursuit Renaud Muselier, précisant que l'opérateur s'expose à des pénalités en cas de manquement.
Privatisation de la ligne
Pour ce faire, l'entreprise franco-allemande mise sur une organisation similaire à celle qu'elle a déjà mise en place outre-Rhin, aux Pays-Bas, en Suède ou encore en Nouvelle-Zélande. "Des organisations extrêmement décentralisées", "pour nous, c'est ça le secret", explique Thierry Mallet, selon qui une équipe de 214 personnes sera "entièrement dédiée à cette ligne", tout comme le centre de maintenance flambant neuf créé à Nice.
La flexibilité du personnel, avec des agents de maintenance pouvant être affectés à la conduite des trains notamment, et le matériel neuf, sont également invoqués par Transdev pour justifier l'amélioration de service promise.
Une communication dénoncée par les syndicats de la SNCF, qui, dans un communiqué commun, ont annoncé une grève et des rassemblements lundi matin à Marseille, pour dénoncer "le modèle concurrentiel dans le ferroviaire". Le tout quelques heures à peine avant l'inauguration officielle de la nouvelle ligne par Renaud Muselier et Thierry Mallet, à 14h15.
"Il ne faut quand même pas oublier que Transdev a répondu à un appel d'offres avec un cahier des charges. (...) Si la SNCF avait remporté le marché, les rames neuves, on les aurait eues, et les 14 allers-retours par jour, on aurait dû les assurer aussi", s'emporte auprès de l'AFP Fabrice Lacombe, secrétaire régional chez SUD-Rail Paca.
"Pour moi, ce n'est pas une ouverture à la concurrence, c'est tout simplement une privatisation de la ligne", complète le représentant syndical, pour qui "Transdev arrive avec 1 milliard d'euros d'argent public sur 10 ans" mais "ne reverse rien à l'Etat".
François Tejedor, secrétaire général de la CGT cheminots Paca, relève lui à quel point le ferroviaire est un domaine soumis à des contraintes, auxquelles n'échappera pas Transdev. Il en veut pour preuve le fait que l'opérateur n'a reçu que la moitié des 16 trains neufs commandés à Alstom, l'obligeant à louer les rames manquantes auprès de SNCF Voyageurs, dans d'autres régions françaises.
Vendredi, la direction d'Alstom a précisé à l'AFP avoir livré une neuvième rame à Transdev cette semaine, soulignant que "11 rames auront été livrées fin juillet et la totalité des 16 rames à l'automne, conformément à l'engagement pris en octobre 2024".
François Tejedor, qui rappelle que "le réseau est dans la même situation depuis des années, et (que) pour l'instant cette ligne-là n'a pas été rénovée", s'est déclaré "très interrogatif sur sa capacité à absorber tout ce qui est annoncé", alors que le trafic a déjà augmenté sur les lignes Azur autour de Nice et que des TGV circulent également entre Marseille et Nice.
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