Transition écologique : « Il est essentiel d'échanger sur les bonnes pratiques et les difficultés »
En tant que premier adjoint en charge de la transition écologique au sein du conseil municipal de Bois-Guillaume, Emmanuel Caillé participe au réseau national « Élus pour agir ». Lancé en novembre 2023 et animé par l’ADEME, ce réseau entend mobiliser les élus locaux sur les enjeux de la transition écologique et énergétique. Entretien.

Quel est votre parcours politique ?
Emmanuel Caillé, adjoint au maire de Bois-Guillaume : Je n'ai aucun parcours politique antérieur à mon élection en 2020, c'est ma sensibilité écologique qui m'a amené à m'engager. Avant d'être à la retraite, j'étais cadre informaticien dans un grand groupe français. Mon travail m'a conduit à l'international. J'ai habité en Afrique du Sud pendant une dizaine d'années et c'est là où j'ai vraiment développé une conscience écologique autour la sauvegarde des animaux et tout ce qui y est lié. Puis j'ai commencé à militer au sein de Greenpeace, c'est dans ce cadre que j'ai entendu parler du Collectif Citoyen porté par Théo Perez (maire actuel de Bois-Guillaume, ndlr) et j'ai eu envie de le rejoindre.
Cette élection est une véritable rupture avec les précédentes équipes…
E.C. : Oui, traditionnellement les maires étaient de centre droite depuis plusieurs décennies. Nous nous sommes présentés Sans étiquette ; notre liste regroupe des profils très variés. Notre programme repose sur trois piliers : la transition écologique, l'urbanisme et la constatation citoyenne. Nous avions aussi la volonté de nous adresser à tous, y compris à une population qui nous semblait oubliée comme les jeunes.
Comment travailler vous les dossiers environnementaux ?
E.C. : Nous travaillons de façon transversale. C'est pour cette raison que l'on a fait le choix que je sois premier adjoint et en charge de ce dossier. Cela me donne un poids supplémentaire car j'ai toutes les délégations.
Des exemples d'actions mises en place ?
E.C. : La première action-phare a été la création d'une ferme urbaine dans laquelle nous avons installé un couple de jeunes maraîchers. Mais une autre action qui est emblématique pour nous, bien que moins parlante pour les habitants, c'est notre engagement volontaire dans une démarche européenne Cit'Ergy (label European Energy Award (EEA), ndlr). Elle vise à structurer et renforcer sa démarche en matière de climat, qualité de l'air et énergie. Nous avons obtenu le label deux étoiles relativement vite. Nous candidations pour obtenir trois étoiles mais nous avons déjà quasiment atteint les quatre étoiles aujourd’hui. Nous travaillons également sur la façon d'accélérer la rénovation des bâtiments en passant d'un bâtiment par an à cinq ou six.
Nous avons aussi tout un travail pédagogique autour de l'eau, ses usages, les acteurs intervenants, les actions à mettre en place au niveau des habitants, des entreprises et des collectivités pour être plus vertueux. Autre exemple récent : nous avons fait venir une chambre d'immersion pour vivre concrètement pendant une vingtaine de minutes dans les conditions d'un climat à 50°C, pour éprouver le réchauffement climatique avec des canicules qui vont être de plus en plus fréquentes et fortes.
Comment avez-vous intégré le réseau national «<i>Élus pour agir</i>» ?
E.C. : Nous avons toujours eu la volonté de partager, de ne pas être seuls. Je participe donc à plusieurs réseaux avec la métropole Rouen Normandie, l'Ademe… De fil en aiguille, j'ai rejoint «Élus pour agir».
Que vous apporte-t'il ?
E.C. : Les solutions par rapport à la transition écologique sont connues. Mais le problème réside dans la façon d'aborder les dossiers. Plus on veut avancer, plus on va se heurter à une certaine résistance. Il est essentiel d'échanger les bonnes idées, les bonnes pratiques, mais aussi les difficultés que l'on rencontre. Ce réseau offre de nombreuses occasions de le faire, y compris de façon informelle, c'est très riche.
Avez-vous des exemples de résistance face à des changements ?
E.C. : Il y a deux ans, nous avons décidé, pour des raisons écologiques et économiques évidentes, l'extinction de l'éclairage public une partie de la nuit. Mais c'est très contesté. La crainte de la criminalité est notamment mise en avant. Pourtant, les chiffres montrent qu'il n'y a aucune hausse des agressions, des cambriolages… Il est donc intéressant de mettre à profit le réseau pour voir comment les autres communes ont fait. Est-ce qu'elles ont mis en place des concertations, est ce qu'elles éteignent par quartier… ? Etc.
Quelles sont vos conclusions ?
E.C. : L'extinction est maintenue mais nous sommes toujours en réflexion. La solution la plus évidente qui ressort c'est l'éclairage intelligent.
Avec l'utilisation d'une application pour allumer temporairement la zone où l'on passe ?
E.C. : C'est une des solutions effectivement. Mais le retour d'expérience au sein du réseau «Elus pour agir» montre que cela ne fonctionne pas si bien que cela. Les gens téléchargent peu l'application. Ce qui fonctionne le mieux se sont tout simplement les détecteurs de présence.
Cela reste un dossier très spécifique…
E.C. : Oui, les enjeux restent très restreints même si cela peut être une préoccupation locale pour des riverains. Ce que je comprends tout à fait. Mais cela prend en réalité une proportion qui est assez incroyable. C'est devenu un sujet de campagne électorale et du coup cela échappe au rationnel…
Pour Aletheia Press, Lætitia Brémont
218 élus Normands engagés
«Élus pour agir» est un réseau national d’élus référents en transition écologique et énergétique, porté par l’Ademe depuis fin 2023. Il apporte formation, outils et accompagnement gratuits, vise à fédérer des élus de tous niveaux et encourage le passage à l’action concrète au service des territoires. Sont proposés des visites terrains, des webinaires… Aujourd'hui, 4 000 élus y adhérent donc 218 Normands.