Werenoi, meilleur vendeur d'albums en France, meurt brutalement à 31 ans

Champion des ventes d'albums en France depuis deux ans après une ascension fulgurante, le rappeur Werenoi est mort brutalement à...

Le rappeur Werenoi en concert aux Francofolies de La Rochelle, le 13 juillet 2024 © Thibaud MORITZ
Le rappeur Werenoi en concert aux Francofolies de La Rochelle, le 13 juillet 2024 © Thibaud MORITZ

Champion des ventes d'albums en France depuis deux ans après une ascension fulgurante, le rappeur Werenoi est mort brutalement à l'âge de 31 ans.

"Repose en paix mon frère", a écrit samedi sur le réseau social X son producteur, connu sous le pseudonyme de Babs, confirmant des informations de presse signalant le décès du rappeur à l'hôpital à Paris, après une détérioration soudaine de sa santé.

Les causes de la mort n'ont pas été précisées.

Pour sa dernière apparition médiatique mardi, dans une vidéo filmée pour la cérémonie des Flammes, des trophées dédiés au rap et ses courants, Werenoi se montrait avec le bras en écharpe.

"Je suis dégoûté, j'ai pas pu être là ce soir. Suite à une grosse blessure. Mais c'est que partie remise", y affirmait-il. Il recevait alors la Flamme Spotify du meilleur album de l'année pour "Pyramide 2", son troisième disque, sorti en octobre.

Werenoi, Jérémy Bana Owona à l'état civil, s'est imposé comme l'artiste ayant vendu le plus d'albums en France en 2023 comme en 2024, selon les chiffres du Syndicat national de l'édition phonographique (Snep).

Discrétion

Si, malgré ce succès immense, il est assez méconnu en dehors des amateurs de rap, c'est qu'il a cultivé une très grande discrétion médiatique.

Werenoi a revendiqué un goût pour la modestie, la réserve et le travail, qui lui aurait été inculqué par sa famille camerounaise de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Être l'artiste qui vend le mieux, expliquait-il au Parisien en janvier 2024, "c'est quand même une surprise, mais cela veut dire qu'on a fait du bon travail". "On ne l'a pas fêté. Il faut garder la tête sur les épaules, dans la vie en général. C'est l'éducation que j'ai reçue", ajoutait-il.

"Le succès est arrivé vite, c'est vrai. C'est dû, je pense, à beaucoup de travail. Je passe quasiment ma vie en studio", confiait-il, alors que son premier titre, "Guadalajara", était sorti en 2021.

Werenoi s'exposait avec une expression neutre et des lunettes de soleil. L'expression de ses émotions était réservée au public de ses concerts.

"La scène rap perd l'un de ses talents", a affirmé dans un communiqué la ministre de la Culture, Rachida Dati, saluant sa "discrétion (...) à l'heure de la surexposition".

La rue, la fierté

"À travers ses textes, Werenoi racontait la rue, la fierté, les douleurs, les espoirs aussi — ceux d’une jeunesse souvent stigmatisée mais qui ne renonce pas. Il portait haut les couleurs de sa ville", a écrit sur Instagram le maire de Montreuil, Patrice Bessac.

Ne s'étant jamais éloigné de cette ville, il avait évoqué dans le journal municipal ses influences à l'occasion du Festival des cultures urbaines 2024. "Je me suis inspiré du rap français en général. C'est une passion pour moi depuis que je suis tout jeune", disait-il, citant ses débuts sur une scène libre, Café la Pêche.

La critique saluait son talent, entre rap agressif et mélodies entraînantes, pour les airs accrocheurs et le soin accordé à chaque chanson.

"Un récital à la hauteur des espérances: à la fois bourré de spleen, de productions ultra-efficaces (par Barbe Noire ou Noxious) et de mélodies scotchées dans le cerveau", écrivait la Fnac à l'occasion de son quatrième album, "Diamant noir", paru en avril.

Pour RFI, son succès venait d'une capacité hors norme à satisfaire les goûts d'un vaste public dans le rap, pour devenir une "véritable machine à hit". "Rien de révolutionnaire. Il reprend à sa manière les codes actuels, entrecoupant ses refrains mélodieux et entêtants de couplets nonchalants, sur des beats très bien produits", estimait la radio.

Parmi les hommages des autres rappeurs, SCH a publié une photo de Werenoi sur Instagram, avec pour seul commentaire une colombe.

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