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À Amiens, la CFTC de la Somme ravive le dialogue social

Début juillet à Amiens, l’Union départementale de la CFTC de la Somme réunissait : représentants du personnel, militants et salariés pour échanger autour du dialogue social et de ses enjeux en 2025.

Éric Coulon, président de l’UD de la CFTC de la Somme. © Aletheia Press / D. La Phung
Éric Coulon, président de l’UD de la CFTC de la Somme. © Aletheia Press / D. La Phung

L’objectif ? «Outiller et informer tous ceux qui sont amenés à dialoguer avec leur employeur», résume Éric Coulon, président de l’Union départementale. À ses côtés, des sociologues du travail, des membres de l’Observatoire départemental du dialogue social (ODDS) ou encore des inspecteurs du travail ont animé la journée.

Car si la CFTC se veut résolument attachée à un dialogue social ouvert et constructif, les réalités du terrain inquiètent. «Il devient très compliqué d’être représentant du personnel aujourd’hui. Certains sont réellement malmenés par leur employeur. Il est important qu’ils ne se sentent pas seuls», alerte Éric Coulon. En signe d’ouverture, il avait aussi convié Nicolas Blangy, président du MEDEF 80. «Pour qu’il y ait un dialogue, il faut être au moins deux», sourit-il.

Un rôle utile, mais éprouvant

En 2024, le cabinet Secafi a mené une étude auprès de 3 850 représentants du personnel afin d’évaluer les risques psychosociaux liés à cette fonction. «Si 94% des personnes interrogées se disent fières de leur rôle, et 90% assurent se sentir utiles, 50% d’entre elles pensent parfois, voire souvent, à arrêter leur activité syndicale», souligne Wilson Cordier, sociologue du travail. Si ce rôle permet d’aborder de véritables enjeux d’entreprise — comme la santé au travail, la rémunération, ou encore les conditions de travail — il est aussi source de tensions et peut freiner une carrière. «85% des sondés déclarent entretenir de bonnes relations avec les autres salariés, mais ils ne sont que 50% à estimer avoir des interactions positives avec leur direction», observe-t-il.

Le travail réalisé par Syndex sur l’état du dialogue social en France tend également à mettre en lumière un écart de perception : si les employeurs évaluent la qualité du dialogue social à 7,8/10, les salariés, eux, sont plus réservés (6/10). «Les représentants syndicaux, quant à eux, sont encore plus pessimistes, avec une note de 5,3/10. On observe une détérioration du climat, ainsi qu’une augmentation de l’inquiétude, de la déception et de la colère», analyse Pierre-Olivier Schmitz, expert au sein du cabinet lillois.

L’échange, une donnée essentielle

En fin de journée, Nicolas Blangy, président du MEDEF de la Somme, est lui aussi venu contribuer au débat. «Un bon dialogue social commence par des échanges réguliers en entreprise, mais aussi par la capacité à s’écouter. On sait qu’on ne sera pas d’accord sur tout, mais globalement, nous partageons avec les représentants syndicaux un même objectif : la réussite de l’entreprise», analyse celui qui aimerait voir davantage d’entrepreneurs et de salariés s’engager.

«Ce serait dommage que seule la loi fasse office de règle du jeu. Il est, à mon sens, essentiel de continuer à se parler et à trouver des terrains d’entente», poursuit Nicolas Blangy. Interrogé par un participant sur les différences entre grandes entreprises, TPE et PME, il reconnaît un certain manque de représentativité des réalités locales à l’échelle nationale. «Emmener des petits patrons à Paris régulièrement est compliqué. Pendant ce temps-là, ils ne sont pas dans leurs entreprises. C’est pourquoi il est important d’être fort dans nos territoires pour mieux nous faire entendre», conclut-il.