Dans le Laonnois et le Chaunois, les acteurs de l'emploi s'unissent
Le nombre demandeurs d'emplois inscrits aux agences France Travail de Laon et de Chauny baisse de 2,1% en 2024 pour s'établir à 15 913 personnes. La priorité des agences est de se tourner vers les publics les plus fragiles et de faire front commun avec l'ensemble des acteurs de l'emploi.

L'année
2024 aura vu le nombre de demandeurs d'emplois reculer sur le bassin
d'emploi de Laon et de Chauny et 10 851 d'entre eux ont retrouvé un
emploi au cours de l'année. Le territoire reste marqué par la
fragilité de ses publics puisque par exemple 47% des demandeurs
d'emploi le sont de longue durée. «Nous avons une baisse du chômage
de – 2,4% en 2024 mais cela s'explique parce que nous mettons
l'accent sur ces publics dits prioritaires, les jeunes de moins de 26
ans, les seniors de plus de 55 ans, les travailleurs handicapés, les
allocataires du RSA, souligne Youssef El Grimat, directeur de
l'agence France Travail de Laon. Nous mettons des moyens vers ces
publics : 600 immersions professionnelles mises en place sur
l'arrondissement en 2024 et les parcours de remobilisation où on fait le
point avec eux et où on met en place un accompagnement renforcé».
Lever les freins périphériques
Dans le sillage de la loi pour le plein emploi, France Travail met en place une politique qui consiste à aller vers les demandeurs d'emploi. «Personne n'est inemployable même quand 27,4% de nos demandeurs d'emplois sont au RSA et que 11,7% sont reconnus travailleurs handicapés, explique Marie-Christine Hazard, directrice de France Travail Chauny. Nous avons un taux de chômage plus élevé que les moyennes régionale et nationale mais notre population est davantage éloignée de l'emploi. 80% d'entre eux ont des freins périphériques à l'emploi : peu ou pas de diplôme, mobilité, problèmes de santé ou de garde d'enfants».
Le territoire du Laonnois a pu bénéficier de l'expérimentation du RSA rénové en 2023 proposant un accompagnement renforcé de ces publics. Un dispositif désormais généralisé partout en France. «Par rapport aux autres territoires, nous avons gagné 18 mois et nous avons pu constituer un réseau pour l'emploi où chacun se coordonne, France Travail, le conseil départemental, le conseil régional ou encore les missions locales», détaille Youssef El Grimat. Un travail a été mené par exemple avec l'Utas de Laon pour lever au maximum les freins périphériques. «Parfois, des personnes arrêtent leur contrat parce qu'elles n'ont tout simplement pas d'argent à mettre dans leur voiture pour aller au travail, avec l'accompagnement renforcé, nous levons ces problématiques, explique Anne-Flore Hansen, responsable de l'équipe insertion de l'Utas de Laon. Quand on dit que ces publics sont fragiles, on trouve beaucoup de mamans solos qui ont peur de faire garder leurs enfants, souvent ce sont des gens qui ont été placés eux-mêmes et ont ces réticences».
Connaître les besoins des entreprises
Aller vers les publics fragiles mais également aller vers les entreprises, deux priorités pour France Travail. Une «task force» entreprises se développe afin d'aller rencontrer les entreprises et de prendre en compte leurs besoins en compétences et en recrutements. «L'idée est d'aller voir toutes les entreprises y compris les plus petites, les artisans qui ne se projettent pas forcément dans des recrutements parce qu'ils sont seuls dans leur entreprise et ont suffisamment à faire, ils se disent que recruter va leur prendre trop de temps et qu'ils ne savent pas faire. Quand on leur présente l'offre de service de France Travail, qu'on leur parle de la préparation opérationnelle à l'emploi, là, ils ont une autre approche, développe Marie-Christine Hazard. Une statistique au niveau national montre que 100 prospections d'entreprises permettent de déclencher sept recrutements en CDI, des recrutements qui n'étaient pas projetés du tout avant ces prospections».
La démarche de faire connaître les services France Travail s'avère nécessaire. Si une grande majorité d'entreprises qui les utilisent s'en montre satisfaite, seulement un quart des sociétés de l'arrondissement fait appel à France Travail. Le comité local pour l'emploi doit continuer à monter en régime. «Nous travaillons ensemble aussi avec les communautés de communes comme celle de Chauny qui a revu ses horaires et lignes de bus pour les adapter aux horaires des industriels du secteur comme Camille Fournet à Tergnier», illustre Marie-Christine Hazard. Un travail de collaboration entre tous essentiel pour gagner la bataille pour l'emploi.