Des lycéens amiénois font vivre l’amitié franco-américaine

C'est un moment rare dans une scolarité. Sept élèves de la classe de terminale Bac pro Accompagnement soins et services à la personne du lycée professionnel Édouard Gand ont participé à un voyage à Washington. Un séjour qui a laissé des traces et qui a abouti au vernissage ce 30 avril, d'une exposition à la bibliothèque Louis Aragon d'Amiens. L'histoire commence en 2024, quand Catherine Baquet et Louis Teyssedou, respectivement professeurs de sciences médico-sociales et d’histoire au lycée professionnel Édouard Gand, décident d’emmener la classe de Bac pro à l’Ehpad Les Jardins d’Henriville, situé juste en face de leur établissement.

La victoire de Cantigny, un marqueur historique

«Nous avons interrogés les résidents sur leur expérience pendant la Seconde Guerre mondiale et la période de la Reconstruction», explique Cédric, l'un des élèves. «C’est une période qui m’a toujours intéressé et j’étais très content de pouvoir travailler sur ce sujet et perpétuer un devoir de mémoire», ajoute le jeune homme, qui n’imaginait cependant pas que ces échanges le conduirait un an plus tard outre-Atlantique.

«Nous avons commencé par nous interroger sur la présence américaine entre 1918 et 1958 à Amiens. Grâce aux habitants de Cantigny, nous avons redécouvert la première victoire américaine de la Première Guerre mondiale», complète Louis Teyssedou. Le groupe a notamment mis en évidence les rôles du lieutenant-colonel Aldebert de Chambrun, petit-fils du marquis de Lafayette, du général Pershing, du major Marshall et de Jean Hugo, arrière-petit-fils de Victor Hugo, à Cantigny. «En France, cette victoire n’a que peu de résonance, mais aux États-Unis, elle est extrêmement importante», souligne l’enseignant, qui imagine alors un travail de mémoire collectif et un voyage à Washington.

Une passerelle entre histoire et mémoire

Réalisé en avril dernier grâce aux soutiens d'Amiens Métropole, de la Région et de l’Office des combattants et des victimes de guerre, ce voyage a conduit les jeunes Amiénois à visiter les réserves du Smithsonian Institution. Ils ont aussi assisté à une cérémonie au cimetière d’Arlington, ou encore rencontré la petite-fille d’Eleanor Roosevelt et des vétérans. «Tous nous ont parlé de l'importance de la France dans la Révolution américaine. Ils nous ont dit : ‘’Vous êtes français, vous êtes venus nous aider au départ, c’est normal que nous soyons venus ensuite’’», témoigne Clara.

«Ce projet incarne parfaitement cette passerelle entre histoire et mémoire», relève Marie-Christine Verdier-Jouclas, directrice générale de l’ONAC. «Aujourd’hui, les témoins des conflits passés vont s’éteindre. Si des jeunes ne se saisissent pas de la mémoire pour à leur tour la transmettre, on n’aura plus rien, que des archives et du papier», analyse celle pour qui assister à ce vernissage est aussi «important que d’être le 8 mai sous l’Arc de Triomphe».

L’excellence pédagogique

De son côté, Philippe Destable, directeur académique des services de l’Éducation nationale de la Somme, salue «la rigueur scientifique» qui a irrigué ce travail. «Celui-ci incarne parfaitement l'excellence de la voie professionnelle dans notre système éducatif», se réjouit-il, avant d’enjoindre les sept élèves à devenir ambassadeurs de cette mémoire vivante et de cette amitié franco-américaine dont ils ont été les témoins. L’aventure de cette classe de Bac pro ne s’achève pas avec cette exposition, puisque le 8 mai, ils se sont rendus à Paris, au Cercle de l'Union Interalliée, pour évoquer une nouvelle fois leur voyage. Enfin, fin mai, ils enregistreront une émission de web radio avec le soutien de l’Historial de Péronne, à partir des différents témoignages recueillis.