Fibois Hauts-de-France : un pôle d'excellence au service de la filière

Fibois Hauts-de-France est l'interprofession forêt et bois de la région. La structure associative réunit les organisations professionnelles de la filière qu'elle anime et structure tout en s'en faisant la porte-parole. Fabienne Delabouglise, déléguée générale de Fibois Hauts-de-France fait le point sur les missions et l'importance stratégique de cette filière, tant économique que climatique.

Fabienne Delabouglise, déléguée générale de Fibois Hauts-de-France. (c) Cyrille Struy
Fabienne Delabouglise, déléguée générale de Fibois Hauts-de-France. (c) Cyrille Struy

Ni organisation professionnelle ni un syndicat, Fibois Hauts-de-France est l’association interprofessionnelle et le Pôle d’Excellence régional de la filière forêt bois en Hauts-de-France. Ses adhérents sont les organisations professionnelles de la filière. «Nous avons pour mission d'animer et structurer la filière, de faire travailler ensemble toutes ses composantes, de la graine à la planche, du syndicat de pépiniéristes jusqu'au charpentier en passant par les syndicats de propriétaires fonciers, le CNPF (Centre national de la propriété forestière), l'ONF, les syndicats de bûcherons, ceux de scieurs, de la construction ou encore le conseil de l'ordre des architectes, pose Fabienne Delabouglise, déléguée générale de Fibois Hauts-de-France. Et nous tâchons également de promouvoir l'usage du bois et le bois dans tous ses usages, surtout vis-à-vis du public professionnel». 

Porte-parole de la filière 

Fibois depuis son siège social d'Amiens et son antenne de la région lilloise, avec onze salariés, incite et accompagne les projets de construction et de rénovation en bois. «Nous sommes organisés en différents collèges, l'un par exemple consacré à la première transformation du bois, l'autre à la seconde, et cela fait se rencontrer des acteurs qui sans cela ne se connaîtraient pas, comme un scieur avec un architecte», explique la déléguée générale. Avec 362 000 ha de forêts en Picardie, un chiffre qui croît de 0,4% chaque année, et 77% de forêts privées, les enjeux sont de taille. «Nous nous faisons porte-parole de cette filière qui est diverse et a parfois du mal à se faire entendre parce qu'elle peut relever de différentes politiques. Nous avons un Master plan, une sorte de contrat de filière, rédigé en concertation qui fixe des objectifs et permet de répondre aux différents enjeux qui se posent», note-elle. 

(c) Fibois Hauts-de-France

Un peu plus de scieurs 

Des enjeux tant sur le plan économique que climatique qui pèsent déjà sur la filière bois : le taux de boisement en Picardie (notamment dans l'Oise et le sud de l'Aisne) représente 19%, contre 15% sur l'ensemble des Hauts-de-France et 32% pour la moyenne nationale. La RE 2020, une réglementation environnementale qui s'applique à la construction, impose de passer chaque année à des seuils de matériaux bio-sourcés. «Certains acteurs voudraient ralentir dans ce domaine mais c'est le sens de l'Histoire, il y aura de plus en plus de bois bio-sourcés. Nous accompagnons d'ailleurs les bailleurs sociaux pour faire en sorte que ce bois biosourcé soit viable, explique la déléguée générale. Après un autre sujet se pose, c'est qu'on construit aujourd'hui à 98% en résineux parce qu'il n'y a pas besoin de sécher le bois, c'est plus simple et c'est ainsi que toutes les charpentes sont en épicéa ou en pin. Notre forêt régionale est composée à 95% de feuillus, on parle de plus en plus de construire en feuillus, de reconstruire des charpentes en peuplier, ce qui a un sens si on veut réduire les bilans carbone». 

La problématique sera de savoir utiliser ces essences dites secondaires comme l'érable, le bouleau, l'aulne, alors même que 93% de feuillus composent les forêts des Hauts-de- France. «Nous y travaillons avec Fibois Normandie et Île-de-France qui ont la même problématique. Et puis il nous faut muscler notre appareil de transformation du bois en région : nous avons 35 scieurs, il y a un léger frémissement avec la création récente d'une scierie dans l'Aisne. Il faut avoir ce type d'acteurs, de petite taille, capables de travailler plusieurs essences, c'est cela dont aura besoin le domaine de la construction», précise Fabienne Delabouglise. 

Inquiétude pour les entreprises de travaux forestiers 

Les forêts sont aussi sujettes au changement climatique, ce qui est particulièrement le cas dans l'Oise, dans celles de Compiègne et Chantiilly. Dans cette dernière, les arbres sont en train de mourir du fait du stress hydrique et des périodes de sécheresse, un sujet qui occupe beaucoup les forestiers. À l'inverse, les entreprises de travaux forestiers (ETF) sont en souffrance du fait de sols gorgés d'eau depuis deux ans. «Cela fait deux hivers consécutifs que ces ETF ne peuvent pas travailler, ce qui commence à faire beaucoup parce qu'elles ont souvent à rembourser leurs machines donc nous avons des inquiétudes sur le nombre d'ETF sur lesquelles nous pourrons encore compter en fin d'année. D'autant plus qu'à partir du 15 avril et jusqu'au 15 août, des interdictions d'abattage vont avoir lieu par rapport aux espèces protégées
d'oiseaux»,
alerte-t-elle.

En chiffres

- 9 000 salariés dans la filière bois

- 3 200 établissements employeurs

- 1,5 million de m³ de bois par an dans les Hauts-de-France

- 362 000 ha de forêts

19%, le taux de boisement en Picardie contre 32% pour la moyenne nationale

- 77%, le taux de forêts privées contre 75% au niveau national