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À Amiens-Nord, l’accompagnement rénové du RSA, ça marche

Fin juin, un premier bilan positif a été fait sur l’accompagnement rénové des allocataires du RSA, une des compétences à la charge du conseil départemental. Entre juin 2024 et mai 2025, le nombre de bénéficiaires a baissé de 13,1% à Amiens-Nord, contre 3,1% dans la Somme.

Rollon Mouchel-Blaisot, était présent aux côtés de Christelle Hiver et de Benoît Petit pour cette présentation du bilan intermédiaire du RSA rénové. © Aletheia Press / DLP
Rollon Mouchel-Blaisot, était présent aux côtés de Christelle Hiver et de Benoît Petit pour cette présentation du bilan intermédiaire du RSA rénové. © Aletheia Press / DLP

«Il y a deux ans, lorsqu’il a été annoncé que nous faisions partie des 18 départements à expérimenter ce RSA rénové, certains y ont cru, d’autres moins. Au vu des résultats, nous pouvons dire aujourd’hui que cela méritait d’être fait», a lancé Christelle Hiver, présidente du Département de la Somme. Ce 24 juin à Amiens, la collectivité a réalisé un bilan intermédiaire concernant l’expérimentation de l’accompagnement rénové des allocataires du RSA. Au départ, cette initiative ne devait être menée qu'avec 1 500 bénéficiaires du Pays du Coquelicot et de la Haute-Somme. Mais les pouvoirs publics ont finalement décidé, il y a un an, d’étendre cette expérimentation à près de 1 800 personnes au RSA vivant dans le quartier prioritaire (QPV) d’Amiens-Nord.

«C’était un pari», reconnaît le préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot. Mais ce premier bilan révèle une surprise. «Les résultats sont bien supérieurs à ce qu’on pouvait imaginer. C’est la preuve qu’investir dans l’insertion et dans l’accompagnement dans ces QPV est une bonne chose», ajoute-t-il. À Amiens-Nord, entre juin 2024 et mai 2025, le nombre d’allocataire a baissé de 13,1%, contre 3,1% dans la Somme. «Le plus important, ce sont surtout les 88% de satisfaction des allocataires eux-mêmes. Cela montre que cet accompagnement renforcé a été très important et qu’il a permis à ces personnes de retrouver le chemin de l’emploi», souligne de son côté Jean-Michel Bouchy, vice-président du Département en charge de l’insertion.

Des difficultés en Français, calcul, numérique…

Afin de rendre le dispositif plus efficient, les problématiques rencontrées par les habitants du quartier ont été identifiées. Si la mobilité est moins un sujet qu’en zone rurale, ces derniers ont davantage de difficultés sur les volets lecture, écriture/calcul (25,2%) et numérique (41,1%). Par ailleurs, 33,9% de la population n’a aucun diplôme et a de réelles difficultés à se maintenir dans l’emploi. «Nous avons complètement revu toutes les modalités d’accompagnement, pour le rendre plus intensif et le faire correspondre davantage aux besoins du terrain», souligne Benoît Petit, directeur territorial de la Somme de France Travail.

Pour assurer 15 heures d’activités hebdomadaires, plusieurs structures ont été mobilisées. C'est le cas du Relais Social, qui propose un parcours dynamique sur le volet numérique. «Dès leur entrée dans le dispositif, nous leur avons proposé un accompagnement aux démarches administratives dématérialisées, car, quand vous êtes bénéficiaire des minimas sociaux, cela devient un vrai sujet», expliquent Karine Quignon, conseillère sociale et numérique, et Cassandra Lefebvre, référente RSA santé au Relais Social. Avec cette expérimentation, une vingtaine de personnes ont aussi suivi 12 heures de cours de Français pendant six mois à l’AFPA.

Des craintes liées aux contraintes budgétaires

Avec un taux d’accès à l’emploi à six mois de 34,8% et un taux de présence en emploi à six mois de 23,9% (tout contrat confondu dans les deux cas)*, cette expérience est, aux yeux de tous, considérée comme réussie. «L’objectif, demain, est d'assurer 6 000 suivis intensifs par an», précise Jean-Michel Bouchy, qui ne cache cependant pas son inquiétude : «Dans une situation financière complexe, nous avons plus que jamais besoin du soutien de l’État, au risque de couper cet élan extraordinaire», alerte-t-il. Un effort financier a déjà débouché sur la création de 13 postes supplémentaires pour renforcer les équipes accompagnant les allocataires.

Mais beaucoup reste encore à faire pour prétendre à une généralisation effective du dispositif. «Quelle que soit la situation économique de la période, nous allons essayer de faire le maximum», assure le préfet de la Somme, qui rappelle qu’un million d’euros sera débloqué pour le secteur de l’insertion.

* Taux d’accès à l’emploi à six mois : la part des personnes sorties du dispositif qui ont accédé à un emploi à un moment donné dans les six mois qui suivent la sortie ; taux de présence en emploi à six mois : la part des personnes qui sont en emploi exactement six mois après la sortie du dispositif.