L'éco-pâturage, la biodiversité au cœur des espaces
Faire entretenir ses espaces verts d’une façon plus naturelle, c’est une tendance qui se développe depuis plusieurs années. Entreprises et collectivités n’y sont pas insensibles et font de plus en plus appel à ce mode de gestion plus écologique. Un exemple avec Myriam Clouet, une bergère passionnée qui a passé une bonne partie de l’été, avec son troupeau de moutons et de chèvres, à entretenir les promenades, remparts et pentes de la ville de Laon.
L’éco-pâturage a le vent en poupe et s’impose comme une vraie solution pour gérer les espaces verts. Les entreprises, les collectivités et administrations l’ont bien compris et ne sont plus rares désormais à faire appel à cette technique de tonte qui ne manque pas d’atouts notamment sur le plan écologique. Myriam Clouet, basée en Thiérache, est missionnée chaque année par la ville de Laon depuis 2020 pour entretenir, à l’aide de son troupeau de 80 moutons et 10 chèvres, les promenades, remparts, sentes et pentes de la «Montagne couronnée». «La ville est passée au fauchage tardif pour préserver la biodiversité et cela s’avère très complémentaire avec le passage des brebis parce qu’elles n’abîment rien, elles mangent tout, les orties, les ronces, et selon les espèces, cela se marie très bien parce que, ce que l’une ne va pas manger, l’autre va s’en charger, explique-t-elle. C’est aussi un traitement doux et naturel pour le sol, ça n’est pas brutal comme une tonte classique et surtout les bêtes ne détruisent pas l’écosystème qu’il y a sous leurs pattes. Ça n’est pas non plus un fauchage ras qui ferait qu’en cas de sécheresse, l’herbe va griller, les brebis laissent une couverture qui fait respirer le sol et protège les insectes».
Protection de la biodiversité
Une méthode aux multiples bienfaits dont l’enjeu principal est la protection de la biodiversité. Pour les villes, institutions et entreprises qui font appel à l’écopâturage, l’intérêt réside aussi dans le côté démonstrateur auprès des publics. «J’ai moi-même voulu développer l’écopâturage pour montrer une autre vision aux gens, un autre mode d’entretien des sols, et cette vision rejaillit quand les clients font appel à nos services», souligne la bergère, la dernière de l’Aisne à ainsi avoir un troupeau en itinérance. En effet, les brebis et chèvres de Myriam ne passent pas inaperçues et sont à la fois une découverte et un ravissement pour les habitants et les familles qui font leur rencontre lors de balades. «Il y a quelques années, il y avait des gens qui râlaient un peu notamment pour les crottes que va laisser le troupeau mais maintenant nous n’en sommes plus là, les gens sont contents de nous retrouver chaque année», souligne la bergère. Signe que la démarche séduit. D’autant que la diversité des espaces et des sites de la ville de Laon constitue un sacré terrain de jeu pour le troupeau. Ce dernier parcourt ainsi les remparts près de l’ancienne piscine, la promenade de la Madeleine, l’abbaye Saint-Vincent, la batterie Morlot et est même descendu en ville basse, lors d’une transhumance, afin de rejoindre le camping.
La vie de bergère implique certains sacrifices pour Myriam Clouet qui assume un «choix de vie», elle qui vit 7j/7 et 24h/24 auprès de ses animaux et à leur rythme. «Je vis au rythme du troupeau, je suis seule mais je dirais que c’est plutôt une chance, j’aime la solitude et le fait d’être un peu à l’écart d’une société un peu trop «speed», d’être humains parfois agressifs, il faut aussi accepter de vivre en caravane, sans douche, sans électricité et puis il faut tous les jours être attentif aux animaux, leur faire des soins, vérifier leur laine pour voir s’il n’y a pas de miasmes, détaille-t-elle. J’ai la chance d’être bien encadrée et suivie par la ville de Laon, dès que j’ai un problème, ils sont réactifs et sont présents pour moi».
Ses moutons, de race racka de Valachie et Solognote, réputés pour leur rusticité, s’adaptent parfaitement à toutes les conditions et à toutes les saisons. Et pourraient demain entretenir les terrains et espaces verts d’autres municipalités et entreprises. Avec ses chiens indispensables pour contenir et guider le troupeau, et son sifflet, Myriam Clouet donne de la voix chaque jour et arpente les remparts de Laon tout au long de la journée, par tous les temps. «Il y a une dimension physique bien sûr, après j’apprécie d’être à l’air libre plutôt que d’être dans un bureau, c’est un mode de vie à part entière», précise-t-elle. Au plus près de la nature et des animaux.
Une bergère à la recherche de nouvelles opportunités
Si Myriam Clouet travaille en Thiérache ainsi que pour la ville de Laon, elle n’est pas contre, bien au contraire, avoir de nouveaux clients et de nouvelles missions d’éco-pâturage. «Je me déplace dans les villes du département qui veulent bien nous accueillir ou pour le compte d’entreprises même s’il est vrai qu’elles doivent avoir de grands espaces pour satisfaire le troupeau», précise-t-elle.