Apprentissage
L’extension du CFA BTP de Sarreguemines : l’exemple d’une réussite
Cinq ans après son ouverture, le CFA BTP de Sarreguemines a su devenir un site attractif. C’est d’ailleurs pour répondre à la demande croissante du nombre d’apprentis que des travaux d’extension sont lancés depuis cet été. Explications avec Pierre Schaeffer, le président de la Fédération du BTP de Moselle qui assure la gestion du site sarregueminois.
Alexandra Marquet : Pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte a été créé le CFA BTP de Sarreguemines ?
Pierre Schaeffer : Je voulais décentraliser la formation de Montigny-lès-Metz en créant un centre de formation à Sarreguemines. Au départ, c’est toujours un pari, ne sachant pas si le succès sera au rendez-vous. Nous avons commencé, dans des locaux mis à disposition en 2020, par ouvrir une première section carrelage-peinture-plâtrerie, qui ne demandait que peu d’investissement. Il nous fallait dix apprentis pour équilibrer l'opération. Et très vite, nous avons atteint un effectif de quarante jeunes. Dès juin 2022, nous avons donc acheté des locaux existants de 1 100 m2 qui ont été complètement rénovés et qui étaient prêts pour la première rentrée en septembre 2023. Deux millions d’euros avaient été investis avec la création d’une section de génie climatique.
Comment expliquez-vous le succès de fréquentation pour ce jeune CFA ?
Nous voulions décentraliser l’offre de Montigny pour jouer la carte de la proximité pour les jeunes qui habitent à Sarreguemines et ses alentours, sachant que nous avions conscience des besoins des entreprises de cet arrondissement. L’autre enjeu était de séduire des jeunes vers nos métiers qui ne se seraient pas intéressés aux métiers du bâtiment sans la présence de ce nouvel équipement. Pour la rentrée 2024, nous avons lancé un CAP maçonnerie. Cela étant, nos effectifs continuaient à progresser et très vite, nous avons compris que la superficie ne suffirait pas. Nous avons décidé d’une extension. C’est tout l’intérêt de notre structure d’agir rapidement. Après avoir choisi l’architecte et lancé les appels d’offres, nous allons doubler la superficie avec la construction d’un nouveau bâtiment sur l’arrière. Les travaux ont démarré en juillet pour un investissement de trois millions d’euros avec un soutien important de la région. L’objectif est ambitieux. Nous devons être prêt pour la rentrée 2026 ce qui sera possible car nous avons choisi des entreprises performantes implantées localement. Nous avons actuellement 90 apprentis avec nos trois sections et l’objectif final est d’atteindre une moyenne de 120 élèves. Pour y parvenir, nous allons ouvrir une section de maintenance en bâtiment à la rentrée 2026.
Qu’est-ce que ce succès en termes de recrutement d’apprentis dit du besoin de former des jeunes à l’heure où les Gouvernements successifs cherchent justement à faire des économies en réduisant l’aide à l’embauche des entreprises ?
Nous sommes à 92% de réussite aux derniers examens et 97% de ces jeunes ont trouvé un emploi. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Ne vaut-il pas mieux mettre un peu d’argent dans la formation que de payer des allocations chômage ? Nous avons besoin de jeunes formés pour pallier les départs en retraite de nos anciens et il ne faut pas oublier que les apprentis permettent aussi à nos entreprises de se développer. Certains apprentis d’aujourd’hui deviendront les futurs chefs d’entreprise de demain.

© CFA BTP Sarreguemines- Lancés cet été, les travaux devraient se terminer avant la rentrée 2026.
Avez-vous des données chiffrées sur le nombre de contrats
d’apprentissage signés en Moselle. Quelle est la tendance ?
Sur nos deux CFA BTP en Moselle, nous observons mi-septembre une hausse de 10% de nos effectifs, sachant que les jeunes peuvent continuer à s’inscrire jusqu’à la fin de l’année. Nos filières sont aussi attractives car notre convention nationale permet aux apprentis du BTP d’être en moyenne payés entre 20 à 25% de plus que dans les autres filières. Au-delà de notre investissement à Sarreguemines, nous poursuivons nos réflexions autour de nouveaux projets pour créer ou renforcer notre offre en Moselle. Il faut toujours se projeter pour que la filière reste attractive. Nous en parlerons dès que des décisions seront prises.