Le 100ème méthaniseur des Hauts-de-France inauguré à Laon

Coup double pour l’agglomération du Pays de Laon qui a inauguré la première station d’épuration productrice de biogaz des Hauts-de-France et qui a célébré en même temps, avec ses partenaires, la 100ème unité de production et d’injection de méthanisation de la région. La station d’épuration de Laon, rénovée et étendue, se dote en effet d’un digesteur de boue et d’un méthaniseur. L’investissement avoisine les 15 millions d’euros et projette le territoire vers l’avenir.

La station d’épuration de Laon a bénéficié d’une extension, d’une rénovation et de l’ajout d’une unité de méthanisation. (c) GRDF
La station d’épuration de Laon a bénéficié d’une extension, d’une rénovation et de l’ajout d’une unité de méthanisation. (c) GRDF

Une étape majeure de la transition énergétique régionale a été franchie à Laon le 2 juillet. La communauté d’agglomération du Pays de Laon, en collaboration avec GRDF Hauts-de-France, a inauguré officiellement la première station d’épuration des Hauts-de-France intégrant une unité de méthanisation. Cette installation permet par ailleurs à la collectivité laonnoise de devenir 100% autonome en gaz vert et local pour les usages résidentiels de ses 44 000 habitants. «Cette inauguration est le fruit d’un travail acharné et d’une collaboration exemplaire, l’illustration concrète de notre engagement pour un avenir plus durable, souligne Éric Delhaye, président du Pays de Laon. Elle est le résultat d’un très long processus de réflexion, il y a plus de 15 ans quand nous étions allés voir avec notre exploitant Suez les premiers méthaniseurs installés dans une station d’épuration à Strasbourg et en Haute-Savoie, afin de s’inspirer de leur expérience». 

Extension de la station 

Face à des capacités de traitement devenues insuffisantes et à la nécessité d’améliorer la qualité des rejets d’eau de la station dans le milieu naturel, le Pays de Laon travaille depuis longtemps sur l’extension et la rénovation de l’équipement. «Notre ancienne station d’épuration était conçue pour l’équivalent de 40 000 habitants et traitait en moyenne trois millions de m³ par an, elle présentait des limites comme une faible valorisation des boues et un fort impact des eaux pluviales sur la qualité de la petite rivière située à côté, l’Ardon, resitue le président. Il nous fallait étendre la capacité de traitement, améliorer la qualité des rejets dans cette rivière et repenser la filière de traitement des boues. Une capacité limitée de traitement, c’était aussi un frein au développement économique du territoire qui comporte plusieurs industries agroalimentaires». 

Valorisation des boues et de déchets végétaux 

C’est ainsi que les décideurs ont intégré au projet d’extension et de rénovation de la station, l’installation d’une unité de méthanisation, un projet qui a fait l’objet d’une enquête publique et qui a été bien accepté par la population. Une chose loin d’être évidente puisque la méthanisation, par craintes des nuisances olfactives, à fortiori en ville, peut faire peur. «Le projet a ici été bien accepté par les habitants et les riverains car il était situé sur un site industriel déjà existant», note Éric Delhaye. La nouvelle station est désormais dimensionnée pour 45 000 habitants, est capable de répondre aux normes les plus contraignantes, et améliore le traitement des eaux de rejet. Un méandre et une zone de phytoépuration ont été créés pour les eaux de rejet, qui passaient auparavant par un canal en béton. La lagune naturelle créée, a été rapidement colonisée par des amphibiens, des oies et poules d’eau et par des poissons. L’unité de méthanisation pourra accueillir non seulement les boues de la station mais aussi jusqu’à 10% de déchets végétaux, par exemple issus d’industries agroalimentaires comme Fruits Rouges & Co. 

Arnaud Bazire, directeur général de Suez Eau France, salue «une installation extrêmement importante pour le territoire de Laon, symbolique et révélatrice de ce qui se fera en matière d’eau dans l’avenir. Nous franchissons une étape supplémentaire, une station d’épuration qui consomme beaucoup d’énergie ne devient plus consommatrice mais productrice d’énergie». Le projet d’un montant de 14,9 millions d’euros a bénéficié du soutien de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, de l’État, du département de l’Aisne, du pôle du Griffon et de la ville de Laon, pour un total de subventions atteignant 10 millions d’euros. Frédéric Motte, conseiller régional délégué à la transformation économie régionale, président de la mission Rev3, salue «la volonté de marcher vers cette autonomie énergétique qui fait incontestablement de l’agglomération un territoire exemplaire» et adresse un clin d’œil au monde agricole dans son ensemble qui permet d’arriver à ce chiffre de 100 unités de méthanisation et même 160 en comptant celles qui ne font pas d’injection dans le réseau. 

Pour célébrer ce cap des 100 unités, le Corbi (Collectif opérationnel régional du biométhane injecté) chargé d’accompagner les acteurs de la filière, a couplé cette inauguration à l’événement Métamorphose, 5ème édition qui s’est tenu l’après-midi sur le site de Laon avec une table ronde auquel Philippe Vasseur, ancien ministre et fondateur de la dynamique Rev3, a notamment pris part. Il y a été rappelé que la capacité installée dans l’ensemble de la région est de 2,3 Térawattheures (équivalent de 385 000 logements récents chauffés au gaz) et cela permet d’éviter chaque année à minima l’émission de près de 450 000 tonnes de CO2. Une véritable contribution à la décarbonation.