Le barreau ferroviaire Creil/Roissy accuse un an de retard
Le 19 décembre, les élus amiénois, le président de la Région Hauts-de-France, les représentants de l’État, de SNCF Réseau et de TGV-Intercités ont annoncé que la mise en service commerciale du barreau Creil/Roissy n’interviendrait pas avant la fin de l’année 2028. En revanche, la création d’une desserte TGV à Amiens est confirmée.
Le 19 décembre, le couperet est tombé : les travaux du barreau Creil/Roissy (une liaison de 6,5 km qui reliera l'aéroport au réseau ferroviaire existant) accusent un an de retard. «Ce délai supplémentaire est dû à des enjeux de signalisation», explique Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France. «Il faut avoir conscience que, dans le ferroviaire, la signalisation garantit la sécurité. Les exigences de sécurité sont ici d’une défaillance pour un milliard d’occurrences. C’est la même chose que dans le nucléaire ou l’aérospatial», se justifie Matthieu Chabanel, président de SNCF Réseau.
Si «un certain nombre d’optimisations dans la construction» de cette signalisation ont été imaginées, aucune ne permet de respecter le calendrier initial. «Nous nous sommes engagés sur une mise en service de la signalisation début de l’année 2027, ce qui devra ensuite être suivi des essais», précise-t-il. L’ouverture commerciale est donc repoussée à la fin 2028. «Personne ne prendra le moindre risque avec la sécurité. Mais il est vrai que, si l’on avait su dès le départ qu’il y aurait autant de travaux, de signalisation et de tests, ça aurait été mieux» bouillonne Xavier Bertrand. «J’ai hâte que ce dossier soit derrière nous», peste de son côté Hubert de Jenlis, maire d’Amiens, qui assure que la collectivité ne consentira à aucun effort financier supplémentaire, malgré l’allongement du chantier. Au total, ce projet devrait coûter près de 600 millions d’euros.
Des TER et des TGV
Le président de Région se veut cependant positif, puisque cette rencontre aura au moins permis d’entériner la création d’une desserte TGV à Amiens. Mais là encore, un flou persiste sur le nombre de trains à grande vitesse qui s’arrêteront effectivement dans la cité picarde. «Les engagements qui avaient été pris en 2017 doivent être réactualisés, compte tenu notamment de l’évolution de la demande et des plans de transport», pointe Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités, qui évoque la création de groupes de travail réunissant l’État, la Région, les élus locaux et la SNCF.
«J’attache une importance particulière à ce que l’esprit du protocole sur le TGV soit respecté», prévient cependant le président de la Métropole, Alain Gest, qui rappelle que, dans ce document, le nombre de TGV par jour était fixé à deux. «Il y a clairement deux projets : un premier lié au TGV et un autre qui concerne le TER», pointe Xavier Bertrand. 28 liaisons devraient relier quotidiennement Amiens, la Gare du Nord et Roissy-Picardie. «La demande de M. le maire d’Amiens, c’est bien évidemment que ce ne soit pas sur des heures creuses et que cela permette aux gens d’aller travailler et de rentrer chez eux», ajoute-t-il.
Un projet essentiel pour l’attractivité
Très attendu par les élus locaux et les acteurs du monde économique, ce fameux barreau ferroviaire doit «renforcer de façon massive l’attractivité de la ville d’Amiens et de tous ses territoires», assure Hubert de Jenlis. L’enjeu pour l’édile est à la fois de permettre aux habitants d’Amiens et de la métropole d’aller travailler facilement sur le pôle du Grand Roissy et sur celui de Paris Nord, tous deux très pourvoyeurs d’emplois. «C’est aussi permettre d’accueillir chez nous des personnes qui travaillent à Roissy», conclut-il. Plus globalement, le barreau offrirait la possibilité de rejoindre Roissy depuis Amiens en une heure — contre près de deux heures aujourd’hui — et en seulement une vingtaine de minutes depuis Creil, dans l’Oise, contre une heure actuellement. Selon les dernières estimations, près de 10 000 personnes résidant dans le bassin creillois travaillent aujourd’hui sur la plateforme de Roissy.