Le clocher de l’église d’Éterpigny honoré pour sa construction bois
Achevée en 2024, la réhabilitation du clocher d’Éterpigny dans l'est de la Somme, portée par la commune, l’architecte Fabien Sauvé, le bureau d’études LGI Structure Concept et l’entreprise 2C2B, a obtenu en mai dernier le Coup de cœur du jury du Prix régional de la Construction bois, organisé par Fibois Hauts-de-France.

«Nous nous sommes aperçus que la flèche de l’église avait bougé et que des poutres pourrissaient». Alors que la rénovation du clocher vient de recevoir le Coup de Cœur du prix de la construction bois des Hauts de France, Nicolas Prousel, maire d’Éterpigny, se souvient du dilemme qu'il a eu à gérer. Après avoir fermé l’édifice en urgence, l’édile et le conseil municipal s’interrogent : faut-il sauver le bâtiment ou l’abandonner ? «Nous avons unanimement décidé d’engager des travaux. Cette église est importante pour la commune, elle fait partie intégrante de notre histoire» souligne-t-il. Après l’ajout de cloches au 18ème siècle, l’édifice a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, puis déplacé et reconstruit au cœur du village. «Notre secrétaire de mairie, qui travaille aussi à Brie, nous a mis en relation avec Fabien Sauvé, architecte du patrimoine qui intervenait alors sur cette commune», poursuit l’élu. Avec le bureau d’études LGI Structure Concept et le charpentier 2C2B, ils se lancent fin 2021 dans le sauvetage du clocher.
Un projet d’ampleur
«L’une des premières difficultés a été de réunir les fonds nécessaires pour le chantier. Nous étions sur une enveloppe d’environ 120 000 euros, ce qui est une somme astronomique pour une commune de 180 habitants. Heureusement, nous avons pu obtenir 80% de subventions de la part de l’État, de la Région et du Département» observe Nicolas Prousel.

En décembre 2021, la première phase de stabilisation de l’édifice est engagée. «Nous avons construit une structure en bois à l’intérieur de l’église pour empêcher l’effondrement du clocher», raconte Fabien Sauvé qui a pu compter sur l’expertise de l’entreprise 2C2B, installée à Bohain-en-Vermandois. «C’est vraiment très intéressant de travailler avec eux, ce sont des habitués des dossiers un peu atypiques», ajoute-t-il. Si les poutres intérieures entourant les cloches sont en chêne, l’équipe a opté pour du mélèze afin d’habiller la nouvelle façade. «Je voulais un bois coupé en hiver, quand la sève redescend, et une réalisation des tuiles à la main pour avoir une continuité dans les fibres», indique l’architecte du patrimoine.
Un projet coup de cœur
S’il n’avait jusqu’ici candidaté à aucun prix, Fabien Sauvé a fait le choix de s’inscrire cette année au Prix régional de la construction bois. «Il y a des projets qui font sens, et celui-ci en est un», sourit celui qui ne s’attendait pas à remporter le Coup de cœur du jury en mai dernier. «C’est une belle aventure de bout en bout, cela vient récompenser un travail collectif et cohérent», souligne-t-il.
Nicolas Prousel évoque sa «surprise» en apprenant la nouvelle. «Ce prix est une fierté, cela montre que même une petite commune peut fédérer autour d’elle des gens de qualité et faire quelque chose de reconnu par la profession», s’enthousiasme-t-il. En plus de figurer dans la brochure régionale destinée aux maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et entreprises de la région, le projet concourra également pour le prix national, dont les résultats seront dévoilés en septembre prochain.
Promouvoir l’utilisation du bois
Chaque année, Fibois, association interprofessionnelle et pôle d’expertise régional de la filière forêt-bois en Hauts-de-France, organise le Prix régional de la Construction bois. «L’objectif est de mettre en avant la diversité des projets bois, de démontrer que l’on peut construire une très grande variété de bâtiments – écoles, équipements collectifs, bureaux, gymnases… – et de donner envie aux maîtres d’ouvrage publics ou privés de se tourner vers ce matériau», détaille Thomas Beaudot, chargé de mission structuration filière bois au sein de Fibois Hauts-de-France. S’il s’agit avant tout d’un prix d’architecture, ce concours revêt également une dimension environnementale. «Le bâtiment est très émissif en termes de gaz à effet de serre. Le matériau bois est peut-être la piste la plus importante pour essayer de décarboner le secteur», observe Thomas Beaudot, qui constate une belle dynamique dans l’utilisation du bois dans la construction.