Le Musée de Picardie, un établissement vivant

Grâce à une politique d'acquisition dynamique et une communication renforcée, le musée a établi en 2024 un nouveau record de fréquentation.

Le Musée de Picardie bénéficie régulièrement de dons d’œuvres. © Aletheia Press / D. La Phung
Le Musée de Picardie bénéficie régulièrement de dons d’œuvres. © Aletheia Press / D. La Phung

Avec 103 000 visiteurs en 2024, le Musée de Picardie à Amiens a établi un nouveau record de fréquentation. Cette dynamique s’explique notamment par la vitalité de la programmation et de la communication, mais aussi par des acquisitions régulières, qui contribuent pleinement à renouveler l’intérêt des visiteurs. «Nous acquérons des œuvres d'artistes vivants, mais il y a aussi des œuvres de la Renaissance, du XVIe, du XVIIe, du XVIIIe… qui apparaissent sur le marché. Cela nous permet de renforcer notre patrimoine, d’enrichir le propos, de compléter ce que l’on peut présenter au public, mais aussi de donner l'image d'un musée vivant», explique Pierre Stépanoff, directeur du Musée de Picardie.

Ce dernier a d’ailleurs repéré il y a quelques mois une œuvre de Claude François, dit Frère Luc, dans un catalogue de vente. Tombé dans l’oubli, ce natif d’Amiens a pourtant eu une carrière internationale. «En 1670, il a été envoyé par son ordre au Québec. Il est considéré comme le premier peintre occidental de l'histoire de la peinture au Canada. Il est plus connu à l'étranger qu'en France, mais pour nous, il y a un intérêt évident à valoriser un artiste comme celui-là», poursuit-il. Le tableau, offert par les Amis du Musée, est la deuxième œuvre de Frère Luc à rejoindre les collections amiénoises.

Une stratégie d’acquisition bien établie

Pour une institution culturelle, le choix d’une œuvre est hautement stratégique. En plus des questions de cohérence et de qualité, s’ajoute l’aspect pécunier : un achat impact de fait le budget annuel du musée. «Il y a une notion d’urgence dans ces opérations, il faut agir de manière réfléchie, mais toujours être prêt. On ne sait pas ce que le marché peut révéler d’un jour à l’autre», pointe Pierre Stépanoff qui a initié à son arrivée des collectes participatives pour l’acquisition ou la rénovation d’œuvres.

Une pratique nouvelle au Musée de Picardie qui a l’avantage de diversifier les sources de financement, tout en suscitant l’intérêt du public. «Avec la Broderie des Ursulines, nous avons vraiment souhaité toucher le plus grand nombre, des particuliers comme des entreprises ou des fondations, comme celle du Crédit Agricole», souligne Pierre Stépanoff. Il voit dans le succès de ces initiatives une adhésion au projet porté par le musée. «Ce qui se dessine ici, c'est une prise de conscience du fait que les collections sont publiques et qu’il est possible d’être acteur de leur enrichissement», analyse-t-il. Hors de question cependant de se lancer dans une «course à la nouveauté» : chaque entrée doit être validée par une commission de régulation et un conservateur référent.

Gagner en visibilité et en compétences

La communication est également devenue enjeu clé de la politique d’acquisition d’un musée. «Sur certains grands projets, nous essayons de deviner ce qui peut capter l’attention, mais aussi de développer la notoriété de l'établissement», confirme Pierre Stépanoff qui évoque sans détour l’image «poussiéreuse» qui colle parfois encore aux lieux de conservation. «Il est nécessaire de démontrer que, au contraire, ce sont des endroits où il y a des changements, où presque chaque jour, il y a de nouvelles choses à voir, mais aussi de nouvelles offres en termes de visite ou de médiation», affirme-t-il.

Dernier bénéfice : la montée en compétences des équipes. L’arrivée de la Broderie des Ursulines a permis par exemple de développer le savoir des conservateurs du musée, qui maîtrisaient jusqu’ici assez peu ce médium. «Maintenant, nous sommes capables de partager nos connaissances sur les techniques utilisées, sur l'art des couvents religieux au XVIIe siècle ou sur la place des femmes dans l'art au XVe», conclut Pierre Stépanoff.