Le «Stade vers l’emploi» booste l’employabilité des seniors à Péronne

«Fin 2024, dans les agences France Travail d’Albert, Péronne et Ham, nous comptions, toutes catégories confondues, 8 326 personnes accompagnées, dont 28% sont considérées comme seniors. Beaucoup d’entre elles sont des demandeurs d’emploi de longue durée», explique Cédric Delhorbe, directeur de l'agence France Travail de Péronne-Albert. Le responsable a ensuite lancé la nouvelle édition du «Stade vers l’emploi», ce 15 mai à Péronne. Cette initiative vise à rassembler des candidats et des recruteurs anonymes autour d’une activité sportive, afin de mettre en avant les compétences sociales de chacun. À l’issue des ateliers, tous se sont retrouvés autour d’un job dating.

Organisée par les agences de Péronne, Albert et Ham, cette opération s’inscrit dans le cadre de la première édition du festival Unique. «Celui-ci vise à promouvoir et à prôner l’inclusion et surtout à lutter contre l’exclusion de certains publics. La particularité de cet événement est de cibler prioritairement des personnes dites seniors, qui ont au minimum 45 ans», précise Cédric Delhorbe. Cinquante-six candidats et huit représentants d’agences d’intérim se sont donc retrouvés autour d’ateliers d’initiation au tennis de table, animés par l’association sportive «Péronne TT».

Rattraper la moyenne européenne

«L’objectif, c’est bien de lutter contre les idées préconçues qui veulent qu’à partir de 45/50 ans, on ne soit plus capable de s’intégrer, qu’on ne soit plus capable d’apprendre… ce qui est faux. Quand on est senior, on a de vraies compétences à offrir», affirme Cédric Delhorbe. Lequel voit dans ces rencontres sportives l’occasion, pour les participants, de sortir du parcours classique CV/lettre de motivation.

«Au-delà de cette action, nous nous préparons au déploiement d’un accompagnement renforcé de six mois qui découle de la loi pour le plein-emploi», précise-t-il. À partir du 2 juin, les plus de 50 ans bénéficieront d’au minimum deux entretiens physiques par mois avec leur conseiller de France Travail et suivront entre 15 et 20 heures d’activité par semaine.

À l’automne, France Travail mettra également en place des sessions collectives pour aider les seniors à travailler sur leur projet, les «remobiliser» et les inclure dans une dynamique de groupe. Ces initiatives doivent permettre d’augmenter le taux d’emploi de cette catégorie de la population, qui est en France de 38,9%. Un chiffre bien inférieur à la moyenne européenne, qui se situe à 50,9%.

Sortir des codes traditionnels

Licencié pour motif économique en décembre 2021, Frédéric, 53 ans, s’était engagé dans un projet de création d’entreprise qu’il a finalement abandonné. Cet après-midi, il est venu «faire de nouvelles rencontres» et voir ce que proposent les agences d’intérim. «Je suis ouvert à toutes les propositions», sourit celui qui a été contrôleur de gestion et attaché au service paie d’une grande entreprise.

«L’idée, pour nous, est de voir comment on peut accompagner, aussi bien sur le plan social que professionnel, les gens qui ont du mal à retrouver un poste», explique Nicolas Prudhomme, de Somme Emploi Service, qui participe pour la première fois à ce type d’évènement. «J’aime beaucoup cette formule, les barrières sont totalement gommées entre employeurs et candidats, nous sommes vraiment à égalité, ce qui permet de nouer une relation totalement différente», pointe-t-il.

Un avis partagé par Delphine Baccaro, de Manpower : «Cela permet de les voir dans un environnement différent, c’est très intéressant, observe-t-elle. Même si le contexte économique est morose, nous avons des opportunités. Les entreprises avec lesquelles nous travaillons ne s’arrêtent pas à l’âge».